Des cloches fabriquées à partir de fragments d'obus
Des cloches fabriquées à partir de fragments d'obus
«Durant la guerre, les cloches des églises étaient fondues pour fabriquer des armes et des munitions. Aujourd'hui, ce processus s'est inversé», résume parfaitement Maren Morawski, coordinatrice du projet All 4 Peace. Une initiative du centre mondial de la paix à Verdun (France), du KulturGiesserei de Sarrebourg (Allemagne) ainsi que de la maison citoyenne de Mamer qui doit permettre de tourner une nouvelle page de l'amitié entre les trois pays, quelques jours après le 104e anniversaire de l'armistice et dans un contexte géopolitique incertain.
L'idée était en effet de fabriquer trois cloches de paix, une pour chaque pays, à l'aide de bronze, mais aussi et surtout de fragments d'obus de la Première Guerre mondiale, tout un symbole !
Côté luxembourgeois, c'est donc la maison citoyenne de Mamer qui a pris part au projet en début d'année. «Nous partageons ces mêmes valeurs d'inclusion sociale, de liberté et d'égalité des chances que les partenaires français et allemands. Nous n'avons donc pas hésité à nous impliquer, d'autant plus que le Luxembourg représente le cœur de l'Europe et que la symbolique est très forte», explique Bled Bekteshi, de la maison citoyenne de Mamer.
Des pièces de char et des fragments d'obus
Celui-ci s'est donc directement attelé à la tâche en partant à la recherche de débris de guerre pour la confection de la cloche grand-ducale. «Le musée militaire de Diekirch a gentiment accepté de nous fournir des pièces de char ou encore des fragments d'obus.»
Le coulage des cloches, étape particulièrement périlleuse, a été fait au mois d'octobre dernier en Allemagne, dans une fonderie située en Rhénanie-Palatinat et dont une partie des locaux ont été réaménagés en centre culturel. «Chaque cloche possède un motif qui lui est propre. Par exemple, sur la cloche française, on retrouvera la célèbre poignée de main entre François Mitterand et Helmut Kohl. En ce qui concerne la cloche luxembourgeoise, le motif choisi est une colombe de la paix. Une manière d'attirer l'attention sur le fait que la paix signifie plus que la seule absence d'armes. Cela renvoie également à la guerre qui se déroule en ce moment en Ukraine», soutient Bled Bekteshi.
Présentation prévue en mai prochain
Si les cloches française et luxembourgeoise ont été coulées il y a quelques semaines, ce n'est que le week-end dernier que le fruit du travail entrepris il y a des mois a été révélé. «Une fois les cloches coulées, le moule doit refroidir quelques semaines. Il y a quelques jours donc, on a donc assisté à la naissance de ces cloches, c'est le terme qui signifie que l'on a retiré la couche d'argile qui recouvrait celles-ci», indique Maren Morawski. Leur cousine allemande sera quant à elle coulée plus tard, fin janvier a priori.
Toutefois, avant que le grand public ne puisse les découvrir, il faudra se montrer patient. Les trois cloches de la paix seront en effet remises aux différents pays le 7 mai 2023 à Schengen. Et le 9 mai à Mamer, journée de l'Europe, la cloche luxembourgeoise retentira pour la première fois lors d'un festival organisé pour l'occasion. «Mais ce n'est que le début d'une multitude d'actions que nous souhaitons organiser autour de ce projet. Je pense à une exposition de témoignages de personnes touchées par des guerres, anciennes ou récentes, et qui vivent aujourd'hui sur le territoire de la commune. Je pense aussi à des pièces de théâtre ou encore à des projections de films thématiques.»
La cloche luxembourgeoise sera quant à elle installée de manière définitive et permanente dans le parc Brill.
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