Déjà un premier dilemme à résoudre
Déjà un premier dilemme à résoudre
«Ce virus ne prend pas de vacances», a coutume de rappeler la ministre de la Santé. Paulette Lenert (LSAP) comme l'ensemble du gouvernement ont d'ailleurs appris que le moindre relâchement pouvait être coupable face à ce covid-19. Au besoin, le décompte des 508 victimes de l'épidémie vient rappeler la menace. Seulement à l'aube de 2021, voilà que la deuxième vague de l'épidémie semble marquer le pas. Aussi, à l'occasion du premier conseil de gouvernement de l'année, ce mardi 5 janvier, la tentation pourrait être grande de baisser la garde.
Après tout, les hospitalisations en lien avec le coronavirus régressent (retour aux chiffres d'octobre), le nombre d'infection actives a été divisé par plus de trois (3.114 désormais contre près de 10.500 début novembre), le rythme des infections ralentit (162 nouveaux cas en moyenne quotidienne ces sept derniers jours), les traces virales ne progressent plus dans les eaux usées analysées par le LIST et voilà maintenant une semaine que la campagne de vaccination anti-covid a débuté. Et puis, par définition, les mesures «temporaires» ne sont pas faites pour durer.
Alors après le 10 ou le 15 janvier, selon les cas, que le ministre de l'Economie rouvre donc tous les commerces (et plus seulement ceux dits «essentiels»). Que son homologue de l'Education renvoie tous les scolaires en classe après cette rentrée à la maison (c'est encore à l'école ou au lycée que les jeunes apprennent le mieux); que le patron de la Sécurité intérieure bannisse le couvre-feu; que le responsable des Classes moyennes annonce la réouverture des cafés et restaurants; que sa collègue de la Culture rouvre le rideau sur cinémas et salles de spectacle; que l'on en finisse avec cette limitation à deux invités maximum chez soi; que l'on reprenne librement le chemin des équipements sportifs. Nous le souhaitons tous et, secrètement, nous en avons même fait le vœu.
Et puis toutes ces mesures ont un prix. Aides publiques aux entreprises, soutien au chômage partiel, remboursement du congé pour raisons familiales : il faudrait se montrer plus économe, entend-on ici et là. Alors, M. le Premier ministre, faites un beau geste, demandent certains.
Sauf que Xavier Bettel va sans doute résister à l'appel de ces sirènes. Qu'elles soient organisations professionnelles ou familles, entreprises ou décideurs politiques. Le chef du gouvernement a promis d'évoquer le devenir des restrictions, ce mardi à l'occasion d'un point-presse prévu pour 15h.
A J-5 de la fin des mesures imposées pour les fêtes, l'exécutif doit se remettre à l'ouvrage. Et choisir si l'heure est aux étrennes (récompensant la bonne attitude collective de ces derniers temps) ou à la sévérité (imposant encore un effort général). Mais lundi, au micro de RTL, la ministre de la Santé a déjà douché les espoirs. «Encore trop d'inconnues», a glissé Paulette Lenert.
Trop tôt pour savoir si les signaux positifs n'étaient qu'un leurre ou une tendance certaine. Tant que le pays ne reste pas durablement en dessous de 200 nouveaux cas dépistés par jour, le gouvernement se méfie, a-t-elle prévenu. En effet, une reprise des infections aussi subite que massive reste crainte. Et même si la vaccination a débuté, le premier rempart (les soignants) est encore loin d'être suffisamment immunisé. On parle tout juste de 1.200 premières piqûres administrées sur une population de plus de 620.000 personnes.
Par ailleurs, nul ne sait comment l'épidémie a pu se répandre durant la période des fêtes. L'impact ne devrait plus tarder à se faire connaître mais, à ce stade, tout pronostic serait hasardeux. Tout comme plane l'incertitude autour du possible développement de la souche britannique du virus. Cette variante a franchi la Manche et se trouve bien au Luxembourg, a confirmé dernièrement le LNS.
Enfin, le système hospitalier qui a multiplié les SOS en décembre mériterait bien un peu de répit. Depuis mi-novembre, les services de santé sont passés en phase 4, se focalisant principalement sur les malades du covid. Des infectés dont le nombre a grimpé jusqu'à 251 personnes hospitalisées. Un record établi le 23 décembre, il n'y a pas si longtemps donc. Aussi une accalmie permettrait de faire baisser la pression sur les services de soins intensifs et soins normaux.
Surtout, avec le retour en phase 3, un semblant de normalité dans la prise en charge des autres patients serait rétabli. Ce qui ne pourrait que faire du bien à l'état de santé général du pays en proie à d'autres pathologies dont il est temps de se préoccuper.
Voilà posé le dilemme à résoudre par le conseil de gouvernement de ce jour. Prudence ou confiance? Continuité ou changement de stratégie? Satisfaire les uns ou fâcher les autres? Pencher pour l'économique plutôt que le sanitaire? Le virus ne prend peut-être pas de vacances, mais les doutes dans le bien-fondé de chaque décision gouvernementale non plus.
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