Déjà un air de campagne pour les législatives
Déjà un air de campagne pour les législatives
La campagne électorale des législatives ne doit pas affecter la «famille gouvernementale» (DP-LSAP-Déi Gréng). C'est ce que souhaitait en tout cas le Premier ministre Xavier Bettel (DP) dans son interview du Nouvel An diffusée sur RTL télévision: «Nous avons un mandat jusqu'aux élections. Je serai heureux si nous parvenons à ne pas laisser s'installer une ambiance de campagne électorale en interne au sein du gouvernement».
Cet appel n'a pas été suivi par le député socialiste Dan Kersch. Moins d'une semaine après l'interview de Xavier Bettel, l'ancien ministre du Travail et des Sports s'interroge sur les propos tenus par le chef du gouvernement dans une tribune publiée par le Luxemburger Wort le samedi 7 janvier: «Qui parle : le Premier ministre ou le candidat du DP?»
Querelle interne au sein de la coalition
Xavier Bettel avait dans son entretien affirmé que la réforme fiscale ne se ferait pas sans marge de manœuvre financière. «L'impossibilité de mettre en œuvre cette proposition du DP ne dispense toutefois nullement le gouvernement de veiller enfin à une plus grande justice fiscale. Le LSAP l'a clairement exprimé à l'occasion du débat parlementaire sur la politique fiscale, et il n'était pas le seul», a souligné Dan Kersch. Ce dernier a également considéré que la prestation du Premier ministre ne relevait «pas forcément du grand art».
Faut-il déjà y voir une bataille électorale à neuf mois des élections législatives dont le vote est fixé au 8 octobre prochain? Cette querelle interne au sein de la majorité n'a pas échappé au député Laurent Mosar (CSV). «Quand je vois et lis des déclarations d'un certain homme politique du LSAP, nous sommes déjà en campagne électorale.»
Son collègue à la Chambre, Léon Gloden (CSV), a également renchéri sur les réseaux sociaux: «LSAP, DP et Déi Gréng ne semblent plus être des amis. Notre pays ne peut pas se permettre d'avoir un gouvernement en crise». Le député Dan Kersch n'a pas manqué de réagir à ce commentaire. «Quand le désespoir sur le concept du CSV et le manque d'alternatives est immense, on prend ses désirs pour la réalité. Au sein du CSV, il y a plus de bataille d'opinions qu'au sein des trois partis du gouvernement en dix ans.»
Depuis 2013, le CSV siège dans l'opposition, mais compte cette année faire son retour au gouvernement. Cette ambition avait été clairement affichée par les députés du CSV en juillet dernier. Il reste à savoir encore qui sera tête de liste des chrétiens-sociaux. Claude Wiseler, le président du CSV, comme en 2018? «Nous règlerons ces questions plus tard», a-t-il répondu au journal Le Land en novembre dernier.
Dans les derniers sondages publiés en novembre 2022, le CSV n'obtiendrait que 15 sièges au Parlement en octobre, soit six députés en moins par rapport à l'actuelle législature. Interrogé par nos confrères de L'essentiel lundi 9 janvier, l'ancien président du CSV Jean-Claude Juncker a déclaré qu'il n'interviendrait pas dans les échéances électorales à venir. Il estime toutefois qu'«il faudra que le CSV se ressaisisse, car la dernière fois, il s'est vautré dans la certitude qu’il allait gagner les élections et on a vu ce qu’il s'est passé».
«L'excessif est insignifiant»
Qu'en est-il du parti Déi gréng, membre de la coalition concernant la bataille des législatives? Interviewée ce mardi 10 janvier sur l'antenne de la radio publique 100.7, la ministre de la Justice Sam Tanson a estimé que les récentes déclarations des derniers jours relevaient des propos de Talleyrand, «l'excessif est insignifiant». «Cela apporte à ces personnes peut-être cinq minutes de gloire à ceux qui souhaitent se mettre en avant, mais je ne pense pas que cela apporte énormément à la discussion selon le ton employé. Il est important de garder la tête froide et de continuer de travailler sur nos dossiers», a ajouté l'écologiste sans vouloir désigné précisément à qui s'adresser ses critiques.
Sam Tanson a également fait savoir qu'il était «trop tôt» pour se prononcer sur la future tête de liste des Verts, alors que le ministre de la Mobilité François Bausch avait déjà fait savoir qu'il ne souhaitait plus être ministre lors de la prochaine législature. Elle a expliqué que son parti mettrait l'accent notamment sur «le climat et la justice sociale» lors de la campagne électorale.
«Nous n'avons pas besoin de querelles entre partis»
Dans la dernière enquête d'opinion, le LSAP redevient la première force de la coalition devant le DP et déi Gréng. Une bonne nouvelle pour les socialistes, alors que Paulette Lenert, personnalité politique préférée des Luxembourgeois, est pressentie pour défendre les couleurs du LSAP lors des prochaines législatives. Une possibilité qu'elle n'écarte pas catégoriquement, alors que plusieurs élus du LSAP disent qu'ils soutiendraient sa candidature. Xavier Bettel a quant à lui réaffirmé dans son interview du Nouvel An vouloir rester Premier ministre.
Pour Fernand Etgen (DP), l'heure de la bataille électorale pour les législatives n'a pas encore sonné. «La campagne électorale n'a pas encore commencé, nous n'avons pas besoin de querelles entre les partis! Concentrons-nous plutôt sur le travail qu'il nous reste à la Chambre avant de penser aux élections de 2023», a déclaré le président du Parlement sur les ondes de RTL ce lundi. Il considère que la bataille électorale pour les législatives ne commencera qu'après les élections communales en juin et «c'est à ce moment-là qu'on connaîtra les têtes de liste». Celui qui se surnomme «Le Tigre» a confié lundi au Luxemburger Wort vouloir rester président de la Chambre.
Deux rendez-vous électoraux sont attendus en 2023. Une année qualifiée donc de «super année électorale». Notons toutefois que pour les législatives, seuls les Luxembourgeois pourront voter et non les résidents étrangers, contrairement aux élections communales.
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