Déi Lenk part en croisade contre le capitalisme vert
Déi Lenk part en croisade contre le capitalisme vert
(JFC, avec Morgan Kuntzmann) - Sans grande surprise, de nombreuses critiques ont fusé à l'encontre du gouvernement, dimanche à l'occasion du congrès de Déi Lénk. Emporté par sa diatribe antigouvernementale, l'orateur principal Marc Baum a même dû raccourcir son discours, sans quoi il aurait dépassé le temps imparti. Le parti de gauche s'est fendu d'une analyse de la crise économique et systémique, avec comme thèse centrale: «le capitalisme est le père de toutes les crises».
Selon le parti de gauche, les injustices sociales et le changement climatique ne peuvent être résolus indépendamment l'un de l'autre. Ainsi, Carole Thoma, la porte-parole du parti a déclaré que «pour parvenir à un système social durable sans détruire l'environnement et nous-mêmes, nous devons changer notre système économique actuel», tout en ajoutant qu'«un système qui vit de la surproduction et qui subordonne l'homme et la nature au profit ne peut être durable».
Ces assertions ne font en somme que confirmer l'analyse globale de la gauche sur les liens entre le modèle économique et les problèmes qui en résultent pour notre société actuelle. Bref, pour Déi Lénk, la tactique du gouvernement libéral de rentabiliser la lutte contre le changement climatique en augmentant les marges bénéficiaires des multinationales avec l'aide de fonds publics ne fonctionne pas. «C'est l'essence même du capitalisme vert: au final, ce sont les consommateurs qui paient la facture et non les grandes entreprises, alors qu'elles sont les principales causes de la crise climatique», résume Marc Baum.
Les membres du parti Déi Lénk s'en sont aussi pris à l'état de crise décrété au printemps par le gouvernement en raison de l'épidémie de covid-19, alors qu'«il y a tout juste quatre ans, nous nous battions bec et ongles contre l'expansion de l'état de crise». Fort de cette expérience, Marc Baum a averti le gouvernement que «la gauche ne votera pas de deuxième budget d'urgence lié à la crise sanitaire». Le député qui ajoute que la prolongation de la loi covid censée être adoptée mardi sera surveillée de près.
Soucieux de dégager des solutions par-delà les critiques, Déi Lénk estime que pour surmonter la crise, une transformation sociale et écologique de la société doit s'opérer. Pour le parti de gauche, elle passe par plus de logements, des énergies renouvelables, un meilleur service public et surtout un investissement dans un travail utile. Et si Marc Baum est conscient que ce changement souhaité dans la société nécessite de grosses sommes d'argent, il est d'avis que celles-ci pourraient être collectées par le biais d'un système fiscal plus équitable.
Le débat sur la justice fiscale initié par le président du parti CSV, Frank Engel, a plus que surpris le parti de gauche. «Nous n'avions pas besoin du CSV pour faire entrer l'idée d'un impôt sur les successions», estime-t-il. Pas plus d'ailleurs que «nous n'avons besoin du LSAP pour plancher sérieusement sur un impôt sur la fortune, alors que nous exigeons depuis longtemps une taxe sur les transactions financières.» Malgré tout, le parti de gauche se réjouit de constater que la pression mise depuis une décennie à la Chambre commence aujourd'hui à produire des résultats.
A l'occasion du congrès du parti, le terme de «redistribution» était au centre des discours. «Quand déi Lénk parle de redistribution, on ne parle pas de l'enseignant qui a économisé un peu ou du jeune coiffeur qui a osé faire le pas d'ouvrir un petit magasin», précise ainsi Carole Thoma.
Loin de là, la gauche cible plutôt les (très) grosses fortunes, comme l'investisseur immobilier Flavio Becca, enrichi selon Déi Lénk «sur le dos des travailleurs». «Il est inacceptable que les riches deviennent de plus en plus riches alors que 14% de la population active au Luxembourg ne peut plus vivre de son travail», déclare Carole Thoma. Pour elle, il ne s'agit pas du citoyen ordinaire qui hérite d'un peu d'argent ou de la maison de ses parents, mais «de ceux qui disposent de dizaines voire de centaines de millions d'euros». Et la porte-parole de s'interroger: «ne pourraient-ils pas dès lors apporter leur contribution à une société plus sociale et solidaire?»
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