De plus en plus de détresse face au prix des denrées alimentaires
De plus en plus de détresse face au prix des denrées alimentaires
Pour les personnes qui n'ont que peu d'argent pour se nourrir après avoir payé leur loyer et d'autres dépenses, une poignée d'épiceries luxembourgeoises proposent des produits alimentaires subventionnés, où un pot de carottes et de petits pois coûte encore 50 centimes.
Efrem Petros, un réfugié érythréen de 27 ans arrivé au Luxembourg il y a six mois, est l'un des clients de l'épicerie sociale de la Croix-Rouge à Steinfort, à la frontière du Luxembourg avec la Belgique. Acheter de la viande est encore trop cher pour son portefeuille, mais les fruits et légumes sont beaucoup plus abordables que dans un magasin commercial normal, a-t-il déclaré au Luxembourg Times.
«Je viens ici, même s’il y a peu de choix, mais au moins c'est moins cher», explique Petros.
Les 12 épiceries sociales du Luxembourg proposent des produits d'hygiène de base et des denrées alimentaires de première nécessité à deux tiers du prix payé au Luxembourg dans des magasins commerciaux tels que Cactus ou Aldi. Les clients sont généralement orientés vers le magasin par un travailleur social, qui leur remet une carte leur permettant d'acheter les produits à prix réduit.
La grande différence est que la taille et la variété des produits sont réduites au strict nécessaire. Le magasin géré par l'organisation caritative Caritas à Esch-sur-Alzette est le plus grand de ce type dans le pays, mais il reste plus petit qu'un supermarché classique.
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Comme les autres magasins d'alimentation, les épiceries sociales ont dû s'adapter à une inflation dramatique qui, en 2022, a entraîné l'une des plus fortes augmentations de prix et de personnes ayant besoin de ces services que les responsables d'organisations caritatives n'aient jamais connues.
La hausse des prix l'année dernière peut être estimée à 10%, d’après François Autelet, responsable du service d'aide alimentaire à la Croix-Rouge au Luxembourg, au Luxembourg Times. C'est encore plus vrai pour la viande, dont le prix a augmenté de 15%, tandis que l'huile a augmenté de 250% et la farine de 25%, précise-t-il.
«Il y a eu une flambée des prix. Mais nous avons largement absorbé cette augmentation», à l'exception des coûts plus élevés de la viande, de la farine et de l'huile, assure le responsable.
Comme de plus en plus de personnes ont besoin de ces services, les épiceries sociales et leurs bénéficiaires s'inquiètent de ce qui les attend, explique Irene Jamsek, responsable des épiceries gérées par Caritas. Deux magasins Caritas, dans la capitale et à Redange, sont subventionnés par l'Etat, tandis que deux autres sont actuellement financés uniquement par des dons.
Le magasin Caritas d'Esch-sur-Alzette, qui compte une plus grande proportion de pauvres que la plupart des communautés luxembourgeoises, a vu la demande de services augmenter de 17% en 2022, selon elle.
La principale cause de l'augmentation du nombre de bénéficiaires est la flambée des prix des loyers, d’après ses estimations.
«J'ai toujours peur que les loyers augmentent à nouveau. Mais nous devons faire avec, nous n'avons pas d'autre choix», témoigne une Luxembourgeoise d'origine française qui fait ses courses à l'épicerie sociale d'Esch-sur-Alzette depuis 2014. Cette femme, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré qu'elle ne pouvait pas travailler en raison de tremblements constants suite à une erreur de prescription.
La moitié des bénéficiaires de Caritas ont la nationalité luxembourgeoise ou portugaise, détaille Irène Jamsek, ce qui suggère que beaucoup de ceux qui ont besoin d'aide ne sont pas de nouveaux immigrés. La plupart des citoyens luxembourgeois qui ont besoin de ces services sont confrontés à des problèmes de santé ou de dépendance.
En raison du coût élevé de la vie au Luxembourg, un bénéficiaire sur cinq des épiceries sociales a un emploi à temps plein mais ne peut pas se permettre de faire ses courses dans un magasin d'alimentation classique.
«Les gens pensent souvent que les personnes qui fréquentent les épiceries sociales ne travaillent pas, mais ce n'est tout simplement pas vrai.».
Près de 20 % de la population luxembourgeoise était menacée de pauvreté en 2021, ce qui signifie que leurs revenus étaient bien inférieurs à ceux de la population générale, selon l'agence nationale de statistiques Statec. Les personnes exposées au risque de pauvreté étaient plus proches de 7% si d'autres facteurs tels que l'épargne étaient pris en compte en plus du revenu disponible, a estimé le Statec.
Les parents célibataires comptent parmi les plus vulnérables, ajoute d’ailleurs Irène Jamsek. La moitié des mères célibataires interrogées dans le cadre d'un rapport de 2019 sur le genre ont été jugées exposées au risque de pauvreté.
Cet article est paru initialement sur le site du Luxembourg Times.
Traduction: Megane Kambala
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