De nouvelles limites pour les fêtes en privé
De nouvelles limites pour les fêtes en privé
Près de 200 infections en moins d'une semaine. Ces derniers jours, la courbe de l'épidémie de covid-19 au Luxembourg a repris de la vigueur. Trop. Et surtout, les autorités connaissent la cause de ce rebond des contaminations : un relâchement dans le cercle privé et des fêtes rassemblant au-delà du nombre de convives recommandé (20) ou sans respect des gestes barrières. Et voilà le Premier ministre et la ministre de la Santé obligés de revoir les règles.
Revoir la loi même. Car plus question de se cantonner à des recommandations sur le nombre maximal de participants à une fête, un rassemblement familial ou amical. Les faits sont là : la police doit intervenir dans une soirée avec une cinquantaine d'invités; est amenée à interrompre une rave-party; constate que des bars sont ouverts au-delà de l'horaire imposé (minuit) et regroupent plus de clients que ce que prévoit la norme... Alors, va pour l'obligation maintenant. «Ce sera le sens du projet de loi déposé ces jours prochains à la Chambre», a donc décidé le conseil de gouvernement ce mercredi.
Alors que la reprise de l'activité économique ou scolaire n'a guère entraîné de réveil du virus, les particuliers se montrent ainsi bien moins prudents. Chez eux, dans les transports, en réunion, dans les lieux d'accueil du public. Aussi, le gouvernement hausse le ton, comme l'ont fait ce 1er juillet Xavier Bettel (DP) et Paulette Lenert (LSAP). Car la recrudescence virale inquiète. Déjà, parce que d'ici quelques jours les infections vont immanquablement se traduire en hospitalisations. Et cet effet décalé peut peser sur les capacités de prise en charge du pays.
Certes, on est loin aujourd'hui des chiffres enregistrés, en avril, au pic de la pandémie quand 109 malades du covid étaient accueillis en soins normaux et 45 en soins intensifs. Pas question cependant de mettre sous tension les centres hospitaliers, faute de réaction face aux abus constatés (10 PV dressés).
Et puis, il y a cette étude du LIST qui signale, qu'à nouveau, les chercheurs retrouvent des traces de covid-19 dans les eaux de stations d'épuration. Le virus est donc toujours bien là, présent au cœur du quotidien. De plus, les autorités sanitaires constatent que la contamination prend de nouveaux chemins désormais. Alors qu'auparavant la plupart des infectés étaient détectés via les opérations de dépistage, ces derniers temps «seuls 10% des cas positifs ont été identifiés par ce mode. Les 90% restant étant des personnes ayant déjà développé des symptômes et qui se présentent auprès d'un médecin», note Paulette Lenert.
Des nouveaux patients à la moyenne d'âge plus basse, une petite trentaine. Des infectés post-confinement ayant le plus souvent "attrapé" le virus en soirée. Preuve en est avec cette fête identifiée comme ayant déjà causé 24 infections. Et c'est bien de ce genre de cluster dont le Luxembourg veut se passer à cette étape de l'épidémie. Car une forte concentration de cas entraîne maintenant un impressionnant travail pour retrouver qui a été en contact rapproché avec le sujet infecté.
Personne n'avait d'illusions sur les conséquences du déconfinement, mais il ne faut pas que cela dégénère
Paulette Lenert, ministre de la Santé
Rien que la semaine passée, pour constater il a fallu identifier et placer en "quatorzaine" près d'un millier de personnes. A ce rythme-là, le Grand-Duché pourrait vite se retrouver à l'arrêt... D'ailleurs pour assurer ce tracing, la Direction de la Santé va devoir recruter en nombre. Jusqu'à cent personnes si besoin, envisagent les autorités.
Nul doute que ces personnes ne manqueront pas de travail car, à défaut d'avoir localisé de gros foyers d'infection, le Luxembourg voit se développer une série de «mini-clusters». Quatre infections dans une même école, 5 salariés et 10 dans telle autre entreprise, un serveur malade ayant pu être en contact avec plusieurs clients, un photographe ayant croisé pas mal de monde... Autant de cas dont l'origine de l'infection ne vient pas forcément de leur lieu de travail, mais plutôt de réunions privées.
«Bien sûr que, compte tenu de leur âge, ils ne sont pas susceptibles de développer de formes graves de la maladie, mais tous deviennent vecteur du virus autour d'eux, à la maison, chez leurs amis, au travail, a rappelé la ministre de la Santé. Et là, ils peuvent atteindre des personnes plus vulnérables ou des seniors plus sensibles avec les conséquences que l'on sait.» A l'heure actuelle, le covid-19 a causé la mort de 110 personnes.
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