Dans les lycées, la santé mentale se déstigmatise
Dans les lycées, la santé mentale se déstigmatise
Pour se confier, il faut avoir confiance. C'est en partant de ce constat que le centre psycho-social et d'accompagnement scolaire (CePAS) s'est allié au parlement des jeunes, l'UNEL, la CNEL, et Jugendrot dans le but de rendre l'action des services psycho-socio-éducatifs plus accessibles, et plus proches des lycéens luxembourgeois. Si le sujet de la santé mentale est de plus en plus abordé, il reste cependant tabou.
Et pour cause: les connaissances entourant le sujet ne sont parfois pas acquises, que ce soit par les jeunes ou par le personnel éducatif. «L'enjeu est également de favoriser l'information concernant les services qui existent au sein même des lycées, et qui ne sont pas forcément sollicités par les jeunes. L'idée était donc de les rendre plus attrayants», explique Claire Russon, attachée à la direction du CePAS.
A force de réunions entre les jeunes et les professionnels, une campagne de communication haute en couleur est née. Elle s'articule autour de trois axes: ''Mir sinn do, mir sinn no, mir sinn pscht'', comprendre ''Nous sommes là, nous sommes proches de vous, nous respectons la confidentialité''. Car il existait autour de ce dernier point une véritable fausse représentation dans les esprits des lycéens. «Notre objectif est de la déconstruire, d'expliquer que si une information est confiée par un élève, elle n'est pas répétée par la suite.»
Ouvrir le dialogue
Au cœur des préoccupations de ces services, se trouve le bien-être des jeunes, afin de favoriser leur réussite scolaire. «En fonction des problèmes qu'il rencontre, il peut être dans l'intérêt du jeune d'élargir le cercle des aidants, en incluant parfois son régent de classe par exemple. Mais tout se fait avec l'accord du jeune», indique Claire Russon qui est aussi psychologue.
Pour construire cette relation de confiance entre les lycéens et ce service qui fait partie de l'offre scolaire, la campagne ''Mir sinn do, mir sinn no, mir sinn pscht'' est la première pierre d'un travail qui risque de s'étaler sur la durée. «Ce n'est pas en une fois que l'on peut changer les mentalités ou les représentations. Il faut plutôt voir ça comme le début d'un dialogue»
Lancée à la fin du mois de mars, il est encore trop tôt pour en évaluer l'impact, mais selon les premiers retours, l'accueil réservé à cette communication a été enthousiasmant. «Même si la santé mentale est un thème qui peut être sujet à des polémiques, des incompréhensions, des avis différents, tout le monde est vraiment content et soulagé, presque, que l'on clarifie ce sujet, qu'on ouvre l'échange.»
Donner un cadre
En parallèle de cette communication à destination des jeunes, les 400 professionnels des services psycho-socio-éducatifs déployés dans 45 lycées à travers le pays ont également eu droit à leur brochure. Ou plus exactement à leur dossier, puisqu'en réalité, une cinquantaine de fiches techniques ont été réalisées, afin de recenser les situations qui illustrent l'application de la confidentialité. Ce document digital mis à disposition des professionnels il y a quelques mois, a été synthétisé dans une version grand public à destination du corps enseignant et des responsables pédagogiques.
«Nos professionnels connaissent les lignes de conduite, mais il n'y avait pas de texte renfermant ces directives. Cela permet de donner un cadre à ce qui est pratiqué mais qui n'était pas encore formalisé», résume la psychologue.
On a remarqué une augmentation de consultations pour troubles anxieux et dépressifs, en particulier chez les lycéens qui sont en situation de réussite scolaire fragile.
Claire Russon, attachée à la direction du CePAS.
En moyenne, 50 à 100 élèves par lycée consultent chaque semaine les équipes des services psycho-socio-éducatifs pour des questions relatives au bien-être et à la santé mentale, selon les estimations du CePAS. Mais en réalité, ils sont bien plus nombreux à en pousser les portes pour des raisons bien plus diverses, allant de l'orientation aux problématiques avec leurs pairs.
Parler de ses émotions
Ces consultations ont malheureusement tendance à augmenter ces derniers mois. Un constat lié à la pandémie, et à son effet parfois dévastateur sur la santé mentale des jeunes, en particulier chez les plus fragiles. «On a remarqué une augmentation de consultations pour troubles anxieux et dépressifs, en particulier chez les lycéens qui sont en situation de réussite scolaire fragile», fait savoir Claire Russon, qui souligne que la tendance est européenne.
Raison de plus, s'il en fallait une, pour redoubler d'efforts afin d'enfin faire en sorte que les jeunes prennent autant soin de leur santé mentale que physique. Pour y parvenir, le CePAS ne manque pas d'outils: formations de premier secours en santé mentale à destination des enseignants ou création d'espaces de parole régulés autour des émotions dans les classes, tout est bon pour que l'état psychologique des élèves devienne une priorité.
«L'idée, c'est que les jeunes développent leurs compétences socio-émotionnelles le plus tôt possible, en parlant ouvertement de leurs ressentis, afin qu'ils en ressentent le bénéfice et en redemandent les années suivantes», conclut Claire Russon. Selon les observations du CePAS, de tels groupes de paroles organisés en classe permettent de réduire le harcèlement scolaire, sujet qui sera l'un des messages centraux de la prochaine campagne, prévue avant l'été.
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