Dans la crainte des 8.000 cas positifs
Dans la crainte des 8.000 cas positifs
Actuellement, au Grand-Duché, chaque porteur du covid-19 contamine plus d'une autre personne dans son entourage. Se basant sur ce taux de reproduction du coronavirus actuel et du bond des infections enregistré ces derniers temps, l'équipe du Research Luxembourg porte un regard sombre sur ce qui pourrait arriver. Clairement, les scientifiques annoncent qu'au rythme actuel, d'ici fin juillet 400 nouveaux cas quotidiens pourraient être découverts.
Le chiffre pronostiqué désormais est donc quasi deux fois plus élevé que le pic enregistré lors de la première vague. Le 25 mars dernier, il n'était question que de 213 infections détectées en 24 heures... Aussi, les projections de Research Luxembourg font-elles froid dans le dos : «Le Luxembourg pourrait dépasser la barre des 8.000 cas d'ici le 29 juillet» A ce jour, le pays n'en est qu'à 4.662 cas (pour ne parler que des résidents), c'est dire l'ampleur possible de cette seconde vague tant redoutée.
Paulette Lenert (LSAP) devant tenir une conférence de presse sur la situation sanitaire du pays, ce mercredi, la ministre de la Santé évoquera sans doute les hypothèses développées dans ce rapport. Surtout, la politique la plus populaire du moment, devra impérativement dire comment elle compte remobiliser les services hospitaliers luxembourgeois.
Car les analystes du Research Luxembourg sont clairs : «Ces augmentations d'infections entraîneront immanquablement une hausse des séjours à l'hôpital». Avec une deuxième vague deux fois plus haute que la précédente, le risque de saturation plane donc. «Si la dynamique actuelle persiste, une pénurie de lits disponibles dans les unités de soins intensifs est déjà prévue pour la fin du mois d'août.»
Souvent Paulette Lenert a avancé le chiffre d'une capacité maximale de 80 lits en soins intensifs à réserver aux malades du covid. Au-delà, la ministre reconnaissait que la situation des centres hospitaliers serait «fragilisée». Mais qu'en serait-il si le nombre d'admis en réanimation venait, lui aussi, à grimper en flèche? Quels risques cela ferait-il reposer sur les épaules des autres services de santé dont l'activité a déjà été fortement freinée ou reportée depuis mars? Quels embargos le Grand-Duché risquerait-il de la part des autres Etats? Quels secteurs et comment reconfiner l'économie?
Au cœur de l'été (avec des effectifs réduits donc) et avec un nombre de lits forcément limités, la situation pourrait devenir vraiment périlleuse, alerte donc le Research Luxembourg. Et de prêcher pour la mise en application de «mesures supplémentaires». Celles proposées dimanche, à commencer par la multiplication des contrôles (dans la sphère privée ou en milieu professionnel) et des amendes plus lourdes, ne sauraient certainement suffire pour éviter la poussée exponentielle de l'épidémie. Il faut donc agir plus fermement pour éviter la catastrophe annoncée.
La seule bonne nouvelle dans le rapport du Luxembourg Research est qu'il peut se tromper... En effet, les projections mathématiques se font sur des hypothèses qui n'ont pas pris en compte l'impact des départs en vacances d'une majorité de salariés courant juillet et août. Mais qui sait combien de résidents ou de frontaliers vont partir, pour où, et dans quel état ils reviendront? L'unique donnée fiable dans le domaine concernant le secteur de la construction, via le congé collectif.
Par ailleurs, les chercheurs n'ont pas encore déterminé précisément la source la plus fréquente de contamination (cluster professionnel, vie quotidienne, relations familiales ou amicales, etc). Un élément capital pour évaluer plus justement la diffusion de l'infection pulmonaire? Circulation qui reste «dynamique», c'est le moins que l'on puisse dire. Mardi, le dépistage a ainsi révélé 86 nouveaux cas.
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