Comment les partis réagissent-ils au sondage politique?
Comment les partis réagissent-ils au sondage politique?
Par Michèle Gantenbein et Florian Javel.
Près d'un an avant les élections, la Sonndesfro, le sondage sur les intentions de vote, réalisée par ILRES du 14 au 28 novembre pour RTL et le Luxemburger Wort, confirme, malgré une certaine stabilité, quelques tendances qui ne laissent pas certains partis indifférents.
Alors qu'au gouvernement, les perdants évidents s'appellent Déi Gréng avec une baisse de 1,6 point et que le DP stagne avec une hausse de 0,3%, c'est surtout le LSAP qui peut se réjouir : avec une hausse de 2,7%, le parti gagne un siège supplémentaire. Du côté de l'opposition, on remarque surtout la performance toujours aussi forte des Pirates, qui pourraient obtenir six sièges après les prochaines élections. Le CSV parvient quant à lui à freiner sa spirale négative, mais perd un siège supplémentaire.
Interrogés par le Luxemburger Wort, les partis ont révélé comment ils interprétaient les résultats de la Sonndesfro.
Lex Delles (DP)
Le DP, qui avait récupéré trois sièges en juin, progresse de 0,3%. Ce chiffre n'est toutefois pas suffisant pour obtenir un siège supplémentaire. Le président du parti souhaite toutefois se concentrer avant tout sur la dynamique positive de son parti : «Nous sommes le parti qui a gagné le plus de sièges depuis novembre 2021. Et qui enregistre une hausse en termes d'approbation. Nous en sommes très heureux».
Des tendances se dégagent des sondages, c'est pourquoi il ne faut pas les négliger, souligne le président du DP, mais il est surtout évident que le gouvernement sort renforcé de la Sonndesfro: «Malgré une période difficile de multicrises, qu'aucun gouvernement n'a jamais connue sous cette forme, les gens nous accordent leur confiance. Nous considérons cela comme très positif», poursuit Lex Delles. Le président des libéraux ne souhaite toutefois pas surestimer le résultat du sondage : «Le jour des élections est en octobre. C'est celui qui comptera le plus».
Dan Biancalana (LSAP)
Le LSAP dépasse le DP et devient la force la plus importante au sein du gouvernement. Le parti progresse de 2,7% et gagne une treizième place après le dernier sondage sur les intentions de vote. Le coprésident du parti, Dan Biancalana, reconnaît que ce résultat est particulièrement lié à la locomotive du LSAP, Paulette Lenert : «C'est grâce à Paulette Lenert, mais aussi au bon travail du gouvernement, à celui de nos députés et à la ligne cohérente que nous avons suivie en matière de tripartite et de réforme fiscale».
Le fait que le LSAP ait actuellement regagné les trois sièges au Parlement qu'il avait perdus lors des élections de 2018 est interprété par Dan Biancalana comme un «gage de confiance» et un «encouragement» de la part de la population. Il est désormais important de continuer à travailler de la même manière, «afin que les citoyens et les électeurs puissent continuer à se rassembler derrière le LSAP avec confiance», a déclaré Biancalana. Le LSAP reste toutefois attaché à ses racines et continuera à l'avenir à s'engager intensivement pour ses valeurs et son programme de fond.
Beaucoup de gens veulent s'engager avec nous, alors que d'autres partis se plaignent de ne pas pouvoir remplir leurs listes électorales.
Djuna Bernard, Déi Gréng
Djuna Bernard (Déi Gréng)
Avec une baisse de 1,6 pour cent, Déi Gréng est clairement le perdant parmi les partis gouvernementaux. Un résultat dont la coprésidente du parti, Djuna Bernard, «prend acte». Mais comme il s'agit d'un «simple instantané», le résultat ne changera rien à la manière dont Déi Gréng travaille. «Ces derniers temps, nous stagnons généralement dans ce sondage, mais nous sommes heureux de ne pas avoir perdu de siège», explique-t-elle. Déi Gréng est conscient qu'avec ses compétences ministérielles, «il ne peut pas faire état de succès simples directement auprès des gens. Mais nous le savions dès le début, lorsque nous avons accepté ces portefeuilles», ajoute Djuna Bernard.
Une autre statistique rend cependant la députée positive : le nombre croissant de membres du parti. «Beaucoup de gens veulent s'engager chez nous, alors que d'autres partis se plaignent de ne pas pouvoir remplir leurs listes électorales», constate-t-elle.
Martine Hansen (CSV)
Le CSV freine sa tendance à la baisse avec une augmentation de 0,3%, mais se dirige toujours vers un résultat historiquement mauvais. «Nous ne pouvons pas nous réjouir de ce résultat», a réagi la cocheffe du groupe Martine Hansen à propos du sondage. «Par rapport aux résultats de novembre dernier, on constate cette fois une tendance bien plus positive», souligne Hansen : à savoir une augmentation de 1,7%. «Je ne veux toutefois pas surestimer la Sonndesfro. Lors des dernières élections législatives, on nous prédisait des résultats tout à fait inférieurs à ce qu'ils ont été au final».
Je ne veux toutefois pas surestimer la Sonndesfro. Lors des dernières élections législatives, on nous prédisait des résultats bien pires que ceux que nous avons finalement obtenus.
Martine Hansen, CSV
Le CSV continuera à travailler sur ses thèmes et ses propositions, a déclaré Martine Hansen. Soulager les gens en temps de crise reste la priorité de son parti. Mais le CSV veut également continuer à imposer ses idées dans les domaines des finances publiques, du logement, de la santé et de la durabilité. «Nous continuerons à travailler pour que nos résultats soient meilleurs», annonce Hansen.
Fred Keup (ADR)
L'ADR fait quasiment du surplace avec 7,7% et quatre sièges. Le président Fred Keup ne veut pas surestimer ce sondage. «C'est un instantané. Il faut être prudent avec de tels sondages, même si on peut tout à fait en tirer une tendance». D'une manière générale, on constate que le gouvernement obtient un score étonnamment bon «par rapport à ses actions».
Il est également frappant de constater que «ce sont justement les hommes politiques qui ont peu de contenu à présenter qui obtiennent de bons résultats, tandis que ceux qui veulent faire quelque chose sur le plan politique obtiennent plutôt de mauvais résultats». L'objectif de l'ADR est de poursuivre ses efforts et de s'améliorer lors des prochaines élections.
Sven Clement (Parti pirate)
Les gagnants du sondage sont les Pirates, qui ont triplé leur score pour atteindre six députés. Sven Clement est fier de ce résultat et de la «stabilisation à un très haut niveau au cours des trois derniers sondages», comme il le dit. «Contrairement à l'ADR, qui a chuté après la pandémie, nous avons pu nous appuyer sur la visibilité que nous avions pendant la pandémie».
Selon Clément, la déclaration de la journaliste Caroline Mart sur RTL, selon laquelle les Pirates sont éligibles pour les personnes qui ne se retrouvent pas dans le spectre politique et qui ne veulent pas voter pour les extrêmes, reflète bien la réalité. Il estime que six sièges sont un objectif réalisable et est convaincu «que nous avons des candidats qui le feraient bien».
Nous sommes un parti critique à l'égard du système. Il est donc difficile d'obtenir de bons résultats.
Nathalie Oberweis, Déi Lénk
Nathalie Oberweis (Déi Lénk)
Déi Lénk n'est pas surpris de son résultat stable (5,8 contre 5,6% en juin, deux sièges). «Nous sommes un parti critique à l'égard du système. Il est donc difficile d'obtenir de bons résultats, bien que nous soyons dans une conjoncture de crises multiples, dans laquelle nous devrions normalement gagner avec nos revendications, par exemple une fiscalité plus juste», explique Nathalie Oberweis.
Elle attribue le recul des Verts dans les intentions de vote «à la mauvaise politique des Verts», notamment Henri Kox avec la loi sur les loyers. D'une manière générale, l'agenda des écologistes n'est pas assez développé au sein du gouvernement. «Même sur le thème central du changement climatique, il ne se passe pas grand-chose», poursuit Nathalie Oberweis. La députée de gauche s'étonne des gains du LSAP, «car ils ne mènent qu'une politique socialiste ponctuelle». Elle attribue ce bon résultat avant tout à la popularité des deux ministres Paulette Lenert et Jean Asselborn.
Cet article a été publié pour la première fois sur wort.lu/de
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