Comment le Luxembourg entend maîtriser l'afflux de réfugiés
Comment le Luxembourg entend maîtriser l'afflux de réfugiés
(m. m. avec Marc SCHLAMMES) - Aujourd'hui, près de quatre millions d'Ukrainiens seraient en fuite et les experts estiment qu'une prolongation de la guerre pourrait pousser jusqu'à dix millions de personnes à l'exode.
L'accueil et la prise en charge des réfugiés en provenance de la zone de guerre ukrainienne représentent un énorme défi pour l'Union européenne et ses États membres; 2,3 millions de personnes se sont réfugiées depuis le 24 février rien qu'en Pologne voisine. La Commission européenne a réagi sans tarder et a donné son feu vert à l'application de la protection temporaire suite à l'afflux massif de réfugiés.
765 demandes de protection temporaire accordées
Les réfugiés ukrainiens ne passent donc pas par la procédure d'asile normale, mais bénéficient d'une protection temporaire. Ce régime s'applique à toutes les personnes qui vivaient en Ukraine au moment où la guerre a éclaté, y compris les non-Ukrainiens. Il est valable pour l'instant jusqu'au 4 mars 2023 et peut être prolongé au-delà de cette date. Les personnes bénéficiant de ce statut ont droit à la nourriture, aux vêtements, au logement, aux soins médicaux et au matériel scolaire; les adultes obtiennent pour leur part un permis de travail.
A ce jour, 3.870 demandes de protection temporaire ont été déposées au Luxembourg. La protection temporaire a été accordée dans 765 cas, explique Jean Asselborn (LSAP), qui précise qu'environ 70 à 80 demandes sont actuellement traitées chaque jour.
Le défi de l'hébergement
Le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration considère l'hébergement des réfugiés comme le véritable défi. «Pour l'instant, nous y arrivons, mais plus longtemps Poutine mènera sa guerre barbare, plus la tâche sera difficile à accomplir».
Outre les halls 6 et 7 de LuxExpo, où 1.444 personnes (au 26 mars) en provenance d'Ukraine sont hébergées (2.426 personnes sont hébergées chez des particuliers), deux grands halls seront notamment aménagés à Contern et au Kirchberg. Selon le ministre, il est important d'être préparé à d'autres flux de réfugiés et de disposer d'un grand centre d'accueil au minimum.
Jean Asselborn souligne l'ampleur de la tâche à accomplir par les autorités impliquées, en particulier l'Office national de l'accueil (ONA), en précisant que le nombre de réfugiés a doublé depuis le début de la guerre. Et de rappeler qu'il faut également s'occuper des 3.700 réfugiés qui suivent la procédure d'asile selon les Conventions de Genève. Pour cette procédure, 4.347 lits sont disponibles.
Un lourd poids psychologique
Outre le souci de disposer de suffisamment de possibilités d'hébergement, deux points préoccupent le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration. D'une part, le poids psychologique que portent les personnes qui ont fui leur pays, principalement des enfants et des femmes qui ont dû laisser leur mari derrière elles pendant la guerre.
D'autre part, que la protection temporaire et la procédure d'asile conventionnelle ne soient pas mises en opposition. «Il n'y a pas de discrimination», souligne Jean Asselborn. Toute personne qui vivait en Ukraine au moment où la guerre a éclaté - donc également les non-Ukrainiens - est couverte par la «protection temporaire» dans notre pays.
Une large application de la protection temporaire
Pour illustrer ce régime, il cite l'exemple de l'étudiant irakien qui a étudié la médecine à Kiev et qui a droit à une protection temporaire après sa fuite. En revanche, l'étudiant irakien qui fuit son pays d'origine relèverait du régime général des réfugiés.
Jean Asselborn souligne qu'il s'est engagé au niveau européen en faveur de cette large application de la «protection temporaire» - même si certains États membres ont du mal à l'accepter.
Et ceux qui n'ont séjourné que brièvement en Ukraine? Il ajoute que le Luxembourg aide également ces réfugiés, qui n'ont pas droit à la protection temporaire: en collaboration avec l'Office international des migrations (OIM), il soutient le retour de ces personnes dans leur pays.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
