Comment détecte-t-on les produits dangereux au Luxembourg ?
Comment détecte-t-on les produits dangereux au Luxembourg ?
(MG, trad JV) Tout le monde en a entendu parler: l'année dernière, les «Fidget Spinners» ont suscité une véritable tempête médiatique. Ces petits objets aux airs de gyroscopes, sortis de nulle part, ont conquis le marché mondial des jouets en l'espace de quelques semaines. Au Luxembourg, on en trouvait dans les magasins de jouets, les supermarchés, et même les stations-service ; aucun lieu de vente n'a été épargné. «Ils sont même apparus dans des magasins de chaussures», se souvient Simone Wagner, de l'Institut Luxembourgeois de la Normalisation, de l'Accréditation, de la Sécurité et qualité des produits et services (ILNAS).
À l'aéroport, les douanes luxembourgeoises ont remarqué que certains Figet Spinners n'étaient pas frappés du marquage CE, obligatoire pour tous les jouets, qui atteste qu'un produit répond aux exigences de sécurité et de santé de l'Union Européenne (UE).
Face à cette absence, Simone Wagner et ses collègues ont questionné les importateurs. Selon les fabricants, le produit en question serait conforme aux exigences de l'UE, pouvant de ce fait être commercialisé sur le marché européen. Cependant, cette explication se révélant dans bien des cas incomplète ou inexistante, environ 100.000 Fidget Spinners ont finalement été retenus par la douane.
En outre, l'ILNAS a décelé de graves défauts dans la construction des lampes LED qui ornent certains de ces jouets, très populaires auprès des enfants. Les couvercles en plastique de ces lampes pourraient être facilement retirés, révélant certes une jolie lumière colorée, mais surtout trois petites piles bouton au lithium, dangereuses en cas d'ingestion: blocage de l’œsophage, échappement d'acide source de brûlures mortelles... sans compter que les enfants en bas âge aiment mettre ces batteries miniature dans leur nez ou leurs oreilles.
Simone Wagner a signalé l'affaire par le biais du fameux système européen. Ce dernier transmet toutes les informations des produits présumés dangereux aux autres États membres de l'union afin que les marchandises puissent être retirées de la vente le plus vite possible. La liste hebdomadaire des produits non conformes est librement accessible en ligne.
D'importantes coopérations avec les commerçants
Au Luxembourg, l'ILNAS a mis en place un réseau de commerçants avec lesquels il coopère régulièrement, chargés de vérifier si les derniers produits annoncés dans la liste sont présents dans leurs stocks, explique Simone Wagner. «Nous travaillons en étroite collaboration avec de nombreux détaillants afin de garantir un niveau de sécurité élevé pour les consommateurs luxembourgeois».
Au total, environ un demi-million de Fidget Spinners défectueux ont été retirés du marché dans toute l'Europe en raison de l'indice luxembourgeois. 70.000 copies confisquées par les douanes luxembourgeoises ont été jugées dangereuses, puis détruites. Les coûts doivent être supportés par le fabricant.
À l'aéroport de Francfort, environ 35 tonnes de ces jouets ont été confisquées. À Cologne, la douane a empêché les importations de plus de 500.000 spécimens. Les jouets contenaient des produits chimiques dangereux ou, à l'instar des modèles découverts au Luxembourg, des piles susceptibles d'être avalées.
"Je me souviens très bien que mon petit-fils voulait que je lui en achète un", a déclaré la commissaire européenne Vera Jourova lors de sa présentation du rapport sur le système d'alerte de l'UE, à Bruxelles. Elle confie finalement ne pas avoir cédé, et s'en estime très heureuse.
Des échanges d'information à l'échelle européenne
Poupées toxiques, jouets dangereux, piles inflammables... les agences européennes de protection des consommateurs ont signalé plus de 2.200 produits dangereux au cours de l'année passée. Une série de signalements suivie par près de 4.000 rappels de produits, d'arrêts des ventes ou d'importations dans toute l'Europe, comme indiqué par la Commission européenne. Des chiffres à peu près équivalents à ceux de l'année précédente. «Le système fonctionne bien et les autorités réagissent aux avertissements», a déclaré la commissaire européenne Vera Jourova à Bruxelles.
Quasiment un rapport sur trois (29%) porte sur les jouets. On trouve ensuite les véhicules à moteur (20%) et les vêtements (12%). Comme l'année précédente, plus de la moitié des produits incriminés (53%) provenaient de Chine. Avec plus de 350 rapports, l'Allemagne était l'État dont provenaient la plupart des avertissements.
Sept rapports ont été envoyés par le Luxembourg et 56 actions de suivi ont été réalisées sur la base de rapports d'autres pays.
Depuis 2004, les autorités européennes s'informent mutuellement lorsqu'un produit dangereux est détecté quelque part dans l'UE ou dans les trois autres pays participants. De plus, la Chine communique régulièrement avec la Commission européenne.
Les entreprises se doivent de vérifier quels produits ont été signalés sur la plate-forme de l'UE, puis de contacter les revendeurs respectifs. Vera Jourova a insisté sur ce point: «je suis certaine que la confiance des clients, des consommateurs, est un avantage concurrentiel clé pour tous les détaillants en ligne».
Les associations de défense des consommateurs demeurent critiques quant au rapport de la Commission: ils voient, dans les 2.200 signalements de l'année dernière, la simple «partie émergée de l'iceberg». «Les États membres doivent de toute urgence augmenter le nombre de contrôles et le niveau des sanctions dans toutes les catégories de produits – des cosmétiques aux montres de fitness, en passant par les bouilloires», a déclaré Monique Goyens, Directrice Générale du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC).
