Comité quadripartite de la CNS: entre avancées et blocages
Comité quadripartite de la CNS: entre avancées et blocages
Mercredi après-midi s'est tenue la première réunion de l'année du comité quadripartite de la CNS à la Chambre de commerce à Luxembourg sous la présidence du ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, en étroite collaboration avec la ministre de la Santé, Lydia Mutsch.
Situation financière au top
L'assurance maladie-maternité devrait bénéficier d'un solde des opérations courantes de 155,4 millions d’euros pour 2018 (150 millions en 2017).
Le solde global cumulé de l’assurance maladie-maternité devrait ainsi atteindre 892,5 millions d’euros fin 2018, soit un taux du solde global de 31,4% par rapport aux dépenses courantes.
Romain Schneider a précisé que cette bonne situation s’explique par une croissance de l’emploi de l’ordre de 3,5% pour 2018 et donc du nombre d’affiliés qui cotisent.
Consultations et soins mieux remboursés
Des améliorations sont déjà, ou vont être mises en oeuvre, sur 3 grands axes au niveau des prestations:
- la réduction des dépenses incombant aux familles,
- la considération des pathologies lourdes et chroniques dans le contexte des remboursements,
- la modernisation des standards de prise en charge.
Pour l'axe n°1, il s’agit de la prise en charge à 100% des consultations pour les moins de 18 ans. De même, le remboursement à 100% pour les actes d’orthophonie et de psychomotricité destinés aux moins de 18 ans a été instauré au 1er janvier 2018.
En ce qui concerne la prise en charge des contraceptifs, la limite d’âge sera sous peu portée de 25 ans à 30 ans et le stérilet sera pris en charge. En outre, une augmentation des visites à domicile par les sages-femmes est prévue dans le cadre de la révision de la nomenclature.
Concernant le point n°2, les pathologies lourdes et chroniques, qui nécessitent des soins réguliers souvent coûteux, le remboursement des prestations qui y sont liées est revu. Un plan d’action «affections de longue durée» est lancé avec l'objectif de centrer les dispositifs existants sur les besoins que rencontrent ces patients. Un premier projet pilote est prévu pour la prise en charge du diabète, incluant une nomenclature pour les diététiciens.
Enfin, point n°3: l’assurance maladie-maternité prendra en charge la vaccination contre le pneumocoque, et des prestations liées au lipoedème (drainages lymphatiques, séances de kinésithérapie).
Certains actes dentaires feront partie de la nouvelle nomenclature, tout comme une meilleure couverture au niveau des aides visuelles en ophtalmologie.
L’appli Dispodoc pour trouver un médecin à toute heure
Cette réunion a également permis de faire le point sur les travaux en cours visant à améliorer le fonctionnement des services d’urgences au sein des hôpitaux.
Une première mesure, qui sera lancée dans les prochaines semaines, consistera en une large campagne d’information sur le système de santé luxembourgeois expliquant les raisons justifiant un recours aux urgences plutôt qu’au généraliste ainsi que l’application mobile Dispodoc aidant à trouver un généraliste qui soit disponible à proximité, même au-delà des heures de bureau, pour les problèmes de santé de moindre gravité.
Les urgences devront encore patienter
Le système des gardes actuellement en place dans la région Centre sera repensé pour éviter des pics d’activité difficiles à gérer par les deux hôpitaux en place. Pour les besoins en personnel ainsi que la rémunération des médecins urgentistes, "nous allons prévoir les moyens nécessaires dans l’enveloppe budgétaire globale 2019-2020", a souligné Romain Schneider.
Déterminée tous les deux ans, l’enveloppe destinée aux prestations de soins hospitaliers devra être arrêtée par le conseil de gouvernement pour le 1er octobre 2018 au plus tard.
Le tiers payant généralisé toujours dans l'impasse
Le tiers payant généralisé a été discuté à la demande des syndicats.
Pour l'OGBL, rien ne s'oppose au tiers payant pour tous. Le LCGB n'est pas contre une mise en oeuvre progressive tandis que la CGFP plaide pour une option, uniquement lorsque le montant à régler dépasse les 100 euros.
Romain Schneider a rappelé sa position: "Le mécanisme du tiers payant faciliterait l’accès des assurés à des prestations de soins de qualité, notamment les personnes avec un revenu modeste, les familles et les personnes qui doivent se rendre souvent auprès de leur médecin. Pour ce faire, il faudra développer des solutions partagées par toutes les parties prenantes."
Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui puisque l'association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) fait bloc contre cette mesure et menace de remettre en question le système de conventionnement des médecins au Luxembourg.
Une éventualité inenvisageable pour les syndicats qui voient dans la libéralisation des tarifs une voie toute tracée vers une médecine à plusieurs vitesses.
