Ciel, du neuf dans la prévention des risques d'inondation
Ciel, du neuf dans la prévention des risques d'inondation
(pj avec Thomas KLEIN) Les précipitations extrêmes et inondations de la mi-juillet ont démontré l'importance de disposer de systèmes d'alerte efficaces. La polémique est ainsi née au Luxembourg comme en Belgique ou en Allemagne. Autant de pays où les autorités n'auraient pas su anticiper les dommages causés par les fortes averses. De quoi faire sourire Ahmad Gharanjik, fondateur de la start-up luxembourgeoise Databourg Systems. Après des travaux débutés à l'Uni, il a justement mis au point un système d'analyses qui pourrait rendre bien des services.
Son truc à lui : l'impact de la pluie sur la qualité de la transmission des données entre les satellites et les terminaux terrestres. En résumé, le scientifique d'origine iranienne a noté que les fortes précipitations entraînaient une moindre qualité de signal.
«Et cela m'a donné l'idée que la mesure de la force du signal pouvait donc être utilisée comme un indicateur de l'intensité des averses», confie le spécialiste qui a, notamment, travaillé pour l'Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l'Université luxembourgeoise.
Ahmad Gharanjik a donc développé une solution logicielle qui mesure la qualité de transmission et la traduit en données pluviométriques. «Cela nous permet de surveiller en direct l'intensité des précipitations et, à l'aide de modèles hydrologiques, de voir immédiatement où se trouve un risque accru d'inondation», explique-t-il. Une alternative bien moins coûteuse que les pratiques actuelles basées soit sur des collectes de données de pluviomètres, soit de stations radar.
Prochaines étapes
Et le technicien argumente : «Les données des pluviomètres sont recueillies sur une très petite zone, et les systèmes radar coûtent extrêmement cher à mettre en oeuvre. Aussi, les entreprises qui exploitent ce type de services doivent payer environ 100.000 euros/an pour ces données». Sans compter que certains Etats n'ont tout simplement pas les moyens de pouvoir investir dans la construction et l'emploi de nouveaux radars. Le système Databourg, lui, ne nécessite pas de matériel propre et utilise l'infrastructure existante des terminaux satellites qui servent notamment aux transmissions Internet. Soit des millions de capteurs disséminés dans le monde.
La start-up exploite déjà un réseau de mesures, en France. De quoi constituer une étape de validation supplémentaire de son dispositif. Mais pour Ahmad Gharanjik, ces premiers pas s'avèrent plus que satisfaisants. La rapidité de transmission de l'information et du calcul étant l'avantage premier de sa solution logicielle. Aussi, le fondateur et son équipe (trois employés au Luxembourg et deux en France) envisagent-ils déjà les prochaines étapes. Collecte de fonds achevée d'ici fin 2021 certainement et recherche de nouveaux clients en cours.
Parmi les cibles éventuelles, Databourg System pointe déjà les fournisseurs de services de transport ou les opérateurs (publics ou privés) de systèmes d'alerte précoce. Autant d'entités prêtes à payer pour obtenir des données météorologiques en direct. Des informations qui, selon l'exploitant, peuvent aussi bien se traduire par le déclenchement d'alarme des populations, la mise en place de contournement de zone ou des messages préventifs à des cultivateurs. Rien que pour la France, Ahmad Gharanjik estime le marché potentiel à environ 50 millions d'euros par an.
Mais c'est bien au-delà du Grand-Duché ou de l'Hexagone que l'entreprise naissante souhaite se développer. Se tournant aussi vers les pays émergents d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine où il n'existe pas forcément de réseaux de radars pour la surveillance météorologique. «Dans ces pays, notre technologie pourrait devenir la solution prédominante», espère le fondateur actuellement en pourparlers avec divers opérateurs de satellites exploitant une infrastructure correspondante dans ces parties du globe.
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