Cette start-up qui veut brancher la Lune au solaire
Cette start-up qui veut brancher la Lune au solaire
(pj avec Thomas KLEIN) - L'humanité veut retourner sur la Lune. Ainsi, dès 2024, la NASA enverra une autre mission habitée sur le satellite terrestre. Déjà les techniciens d'ISpace, à Luxembourg, réfléchissent à un robot chargé d'étudier la surface de l'astre. Mais pour la première fois, il est aussi prévu d'établir une base permanente. «Mais pour tout ce que vous voudrez faire sur la Lune, vous aurez besoin d'énergie (pour générer de l'oxygène, de l'hydrogène, faire fonctionner des systèmes robotiques ou des ordinateurs)», rappelle Joost van Oorschot.
Et c'est là qu'intervient le fondateur et dirigeant de la start-up Maana Electric. Avec son équipe, dans leurs locaux de Bettembourg, il travaille sur une nouvelle technologie permettant d'obtenir les matériaux nécessaires à la construction de panneaux solaires directement à partir de la surface du sol lunaire (le régolithe).
«Grâce à ce procédé, nous pouvons séparer les différents minéraux contenus dans cette partie supérieure du sol et, par exemple, produire le silicone dont nous avons besoin pour la production de panneaux solaires avec un degré de pureté élevé», explique le jeune homme. L'opération a déjà réussi en laboratoire, reste à l'approuver dans les conditions lunaires.
Mais avant l'espace, c'est dans le désert que les scientifiques vont tester leur innovation. Le sable contenant lui aussi les matières premières pour la fabrication de cellules solaires. L'opération aura lieu en 2022, le temps de peaufiner les conteneurs d'expédition qui contiendraient l'équipement à destination de la Lune. À cette fin, l'entreprise a construit un prototype d'une telle mini-usine de cellules solaires, qui sera utilisée dans le désert à partir de l'année prochaine. «Le système testé dans le désert peut produire des cellules solaires assurant une puissance d'environ un mégawatt/an», confie Joost van Oorschot.
La prochaine génération de ce système devrait alors avoir une capacité de dix mégawatts, estiment ses développeurs. L'avantage de ces systèmes de production compacts est qu'ils peuvent être transportés directement là où les panneaux solaires sont nécessaires. Sur un astre lointain comme dans les parties les plus reculées de la planète où les populations ont difficilement accès à l'électricité.
Atout de cette production : elle utilise moins de produits chimiques que les procédés actuels de fabrication de panneaux photovoltaïques, et s'avère moins coûteuse. «90% du coût d'un panneau solaire traditionnel part dans les matériaux, produits chimiques et dans l'énergie nécessaires à la fabrication. En générant soi-même les matières premières à partir de la roche, il y a de grandes économies réalisées», explique le dirigeant de la start-up.
Maana Electric compte déjà une trentaine d'employés, dont la plupart sont des ingénieurs. Et la société prévoit de recruter du personnel supplémentaire dans les mois à venir, déménageant du coup de Bettembourg à Foetz pour héberger ses effectifs.
Cela constituera une nouvelle étape dans la vie de cette start-up arrivée au Grand-Duché après avoir remporté un concours de l'Agence spatiale luxembourgeoise. Et c'est grâce à des financements venant également de l'ESA (Agence spatiale européenne) que l'entreprise fonctionne. Mais d'autres investisseurs privés sont attendus dans l'orbite de la société. Pas simple en cette période de crise covid.
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