Ces «challenges» qui attendent le tram de demain
Ces «challenges» qui attendent le tram de demain
Bien que la mobilité de demain ne s'incarnera pas uniquement dans le tram, sa silhouette en constitue l'élément «le plus emblématique» et son réseau en fera pourtant le squelette. Que ce soit dans la capitale ou pour structurer une connexion rapide entre le centre et le sud du pays. Un rôle moteur pour le développement futur du pays dont est pleinement conscient André von der Marck, directeur général de Luxtram. Revue de détail.
Si tous les regards sont fixés sur le 13 décembre, date de mise en service du tronçon vers la gare centrale, les travaux de la première ligne sont loin d'être achevés. Qu'en est-il de la connexion vers le Findel et la Cloche d'Or?
André von der Marck - « Nous travaillons pour le moment sur le tronçon C, qui doit relier la gare au lycée de Bonnevoie d'ici au second semestre 2022. Les travaux vont donc se poursuivre dans la continuité de ce qui se passe à l'heure actuelle pour réaliser les deux nouvelles stations nécessaires. En direction du Findel, une procédure pour la construction d'un pont dédié uniquement au tram au-dessus de l'A1 a été lancée à l'été et le groupement qui sera chargé de sa réalisation devrait être désigné à la fin du premier trimestre 2021. Dans les deux cas, les choses suivent leur cours normalement. Même s'il faut souligner que nous sommes tributaires de l'avancement des travaux réalisés par les Ponts-et-Chaussées.
Donc la finalisation des travaux du pont Buchler et de la réalisation d'une partie de la nouvelle N3 en direction de la Cloche d'Or. Un tracé qui se heurte, à ce jour, au conflit qui oppose l'Etat au fonds Olos...
« Nous ne sommes effectivement pas maître du planning et nous ne pourrons intervenir qu'une fois les travaux préparatoires liés à la fondation de la voie de tram réalisés. Sans la finalisation de ces travaux, nous ne pourrons pas poser les rails. Nous risquons donc, dans cette partie, d'être impactés. Plusieurs options s'offrent à nous pour le moment, car nous ne sommes pas totalement dépendant des acquisitions foncières dans ce secteur. Parmi les pistes possibles à ce jour, la création d'un demi-pont au lieu de l'ouvrage d'art initialement prévu et faire circuler le tram, pour un temps au moins, sur une voie unique. Nous espérons ne pas devoir en arriver là.
Les développements imaginés du Findel subissent le contre-coup de la crise sanitaire puisque le projet Airport City se trouve partiellement repoussé. Le chantier du tram sera-t-il aussi impacté?
« Non, absolument pas. Car la question de l'accessibilité de l'aéroport reste et restera une question importante. Et surtout je n'oublie pas qu'il est prévu, le long de ce tronçon, la construction d'un très grand parking-relais en connexion directe avec l'A1 et destiné à aussi à relier le Findel mais aussi le centre-ville. Cette ligne possède donc une double fonction.
L'aspect multiple ressort également des plans dévoilés fin octobre dans le réseau de tram imaginé à l'horizon 2030. Car les développements sont prévus dans la capitale, mais aussi en-dehors...
« Il faut d'abord souligner que ce plan est extrêmement important et surtout que c'est un projet multimodal et non un projet uniquement tram. Mais où ce dernier tiendra une place très importante. Car ce plan présente un grand développement urbain du tram dans la capitale et un projet de tram urbain à Esch-sur-Alzette relié entre eux par un projet de tram rapide. C'est, en termes de concept, extrêmement innovant et sans équivalent en Europe à ma connaissance. Car au-delà de l'infrastructure, il va falloir concevoir des véhicules en capacité de circuler de manière indifférenciée sur tous ces rails. Ce qui signifie de gros challenges en termes d'organisation de l'exploitation de ce réseau.
Ce qui pose la question du ou des opérateurs en charge de la mise en oeuvre de ce concept. Où en sont les discussions sur ce point?
« La question n'a pas encore été tranchée. Mais le ministre a clairement indiqué qu'il aimerait que Luxtram fasse les études d'exploitation sur ce réseau. Ne pas construire cette future exploitation en complémentarité avec le tram urbain existant serait, à mon avis, passé à côté de l'objectif principal de ce réseau. C'est aussi une question de cohérence dans la gestion et d'efficacité pour offrir aux usagers le moins de changement possible lors des déplacements. L'infrastructure est une chose, le service offert derrière en est une autre. Car les futures rames, notamment, seront très différentes techniquement de celles qui existent à l'heure actuelle.
Selon François Bausch (Déi Gréng), seuls la propulsion et les freins devraient être différents pour pouvoir atteindre 100 km/h mais aussi freiner les rames. Ce ne sera pas aussi simple?
« Non, car tout sera différent des rames en circulation. Rien que par le nombre de sièges présents par exemple. Pour un trajet hors agglomération de plusieurs dizaines de minutes à des vitesses plus importantes qu'en ville, il faudra plus de places assises que de places debout pour assurer un maximum de confort à des vitesses d'exploitation supérieures à ce qui existe. Idem en ce qui concerne les système de sécurité pour la gestion des feux qui se rapprocheront plus du système ferroviaire, etc.
Ce qui signifie également que les conducteurs de ces futures rames devront avoir une qualification spécifique...
« Absolument. Si Luxtram, demain, était chargé de l'exploitation de l'ensemble du réseau, ils devront avoir une formation spécifique pour pouvoir circuler sur toutes les lignes. Tous, afin d'éviter des changements de traminot. Si une autre société prend en charge l'exploitation du tronçon rapide, il faudra regarder leur organisation pour trouver une manière de fonctionner ensemble.
La mise en circulation de nouvelles rames, aussi bien pour le tronçon rapide que pour Esch, devrait être synonyme de nouveaux centres de remisage, dédiés à l'entretien des véhicules. Des emplacements ont-ils d'ores et déjà été évoqués?
«Il en faudra au moins un nouveau, car l'actuel est d'une part plein et d'autre part non adapté aux nouvelles machines. Des études vont être menées sur ces questions dans les prochaines semaines, même s'il existe une évidence: ce nouveau dépôt devra être situé à proximité de la nouvelle ligne. Et notamment du premier tronçon qui devra être mis en service. En l'occurrence entre les pôles multimodaux Cloche d'Or et Um Monkeler. Le futur emplacement devrait alors se situer à proximité immédiate de l'un de ces deux sites.
Qu'en sera-t-il des besoins en personnel pour pouvoir permettre le fonctionnement de ce futur réseau, si Luxtram est désigné pour l'exploiter?
« La question des effectifs est plus globale car tout dépend de l'existence future d'une ou de deux entités en charge de l'exploitation. Dans le premier cas, nous aurions une certaine flexibilité pour pouvoir utiliser les conducteurs soit à bord du tram urbain, soit à bord du tram rapide grâce à des économies d'échelle. Dans le second cas, nous devrons veiller à ce que chaque entité ait un nombre suffisant de personnel pour assurer tous les services. Ce choix va donc conditionner le volume des ressources futures.
Et qu'en sera-t-il pour le tronçon qui doit être créé à Esch-sur-Alzette?
«Les mêmes questions se posent... Quel opérateur? Quel matériel sera utilisé, car il est possible de s'imaginer que des trams urbains puissent aussi circuler à Esch, en plus du tram rapide qui doit assurer la liaison toutes les 15 minutes entre les deux agglomérations. Et sur ce point, notre matériel roulant actuel est adapté. Ce qui soulève aussi la question de savoir si la création d'un centre de remisage qui pourrait accueillir les deux types de rame. Et donc de la nécessité d'avoir un terrain suffisamment vaste et connecté aux deux réseaux. Je crois et j'espère que toutes les décisions qui doivent être prises le seront rapidement car ceci se trouve dans l’intérêt général.
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