Ces animaux qui nuisent à l'écosystème
Ces animaux qui nuisent à l'écosystème
(m. m. avec Maximilian RICHARD) - En général, le processus est insidieux. Les plantes et les animaux s'adaptent et créent de nouveaux habitats. Les espèces indigènes peuvent alors être évincées. Ce sont les lois de la nature.
Mais lorsque l'homme s'en mêle, les mécanismes naturels de l'évolution se dérèglent. Les animaux et les plantes traversent les océans et atteignent des zones qu'ils n'auraient jamais pénétrées autrement. Les écosystèmes n'y sont pas préparés. En l'absence de prédateurs naturels, les espèces exotiques se propagent librement. Les conséquences pour la biodiversité peuvent être dramatiques.
Les espèces invasives sont cependant arrivées depuis longtemps au Grand-Duché. Plus de 100 espèces de ce type sont actuellement recensées au Luxembourg pour la flore et la faune, et on estime à plus de 12.000 le nombre d'espèces exotiques en Europe. Le raton laveur et le chien viverrin en font notamment partie. L'administration de la nature et des forêts a désormais mis ces deux espèces en avant dans une nouvelle brochure.
En effet, comme l'explique Tiago De Sousa, spécialiste des espèces invasives auprès de l'administration de la nature, la contribution de la population est un élément important dans la gestion de ce que l'on appelle les néozoaires et les néophytes. Ainsi, les informations sur les observations réalisées sont indispensables pour la mise en place de mesures.
De plus en plus de problèmes
La nouvelle brochure a pour but de sensibiliser la population et de l'aider en cas de problèmes avec les ratons laveurs. En effet, selon Tiago De Sousa, ce mammifère originaire d'Amérique du Nord est de plus en plus souvent en conflit avec l'homme dans les zones urbaines.
L'animal est en effet très intelligent et habile. Les ratons laveurs n'ont aucun mal à ouvrir les poubelles ou à se mettre à l'aise dans les greniers. Mais ils ne représentent pas un danger immédiat pour l'homme. Il peut certes être l'hôte de l'ascaris (un ver) du raton laveur, qui peut être dangereux pour l'homme, mais l'administration de la nature n'a pas encore connaissance de cas au Luxembourg. Les animaux peuvent toutefois transmettre d'autres maladies qui peuvent parfois être dangereuses pour les animaux domestiques.
Surtout dans le nord du pays
Le raton laveur est désormais répandu dans toute l'Europe, mais au Luxembourg, les animaux se rencontrent jusqu'à présent surtout dans le nord. Ils ont été délibérément lâchés en Europe au début du 20e siècle. Mais les ratons laveurs ont également été élevés pour leur fourrure dans des fermes ou comme animaux domestiques et ont été relâchés dans la nature ensuite.
Cet animal figure, avec plus de 60 autres espèces végétales et animales, sur la «liste des espèces exotiques envahissantes d'importance communautaire». Les États membres de l'UE sont tenus d'endiguer leur propagation. L'administration de la nature et des forêts a entre-temps également élaboré un plan d'action pour le raton laveur et 13 autres espèces animales et végétales envahissantes.
Dans le cas du raton laveur, un élément important du plan reste le monitoring. En effet, la lutte contre cet animal s'avère extrêmement difficile. Certes, la chasse au raton laveur est autorisée dans notre pays. Mais les animaux se reproduisent rapidement et sont surtout actifs la nuit, c'est-à-dire à un moment où la chasse est interdite dans le pays. L'année dernière, plus de 1.000 animaux ont été abattus. Selon Tiago De Sousa, les tirs n'ont pas eu d'influence notable sur la population.
Une seule preuve confirmée
Le chien viverrin figure également sur la liste de l'UE. Alors que le raton laveur est présent au Luxembourg depuis la fin des années 1970, le chien viverrin n'a été observé qu'une seule fois dans le pays. Au début de l'année dernière, une observation confirmée a eu lieu à Bettembourg. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que l'espèce ne se reproduise au Luxembourg. La chasse de cet animal est également autorisée.
«Même si les deux animaux sont différents, il existe certaines similitudes entre eux», explique Tiago De Sousa. Les deux sont des «opportunistes». Ils sont peu sélectifs dans le choix de leur nourriture. En tant qu'omnivores, ils peuvent donc constituer une menace pour différentes espèces indigènes. En général, cela concerne des populations déjà affaiblies. Les amphibiens font partie des mets préférés des chiens viverrins. Quant aux ratons laveurs, ils peuvent notamment menacer les moules de rivière, explique Tiago De Sousa.
Des méduses d'eau douce observées en 2020
Le chien viverrin est originaire d'Asie de l'Est. Mais il a été introduit en Europe de l'Est entre 1929 et 1955 pour enrichir la faune à fourrure chassable, d'où il s'est rapidement propagé vers l'ouest. Dans certaines régions, sa densité de population a déjà atteint le niveau des mammifères prédateurs indigènes, comme le renard roux ou le blaireau.
Mais toutes les espèces introduites ne posent pas forcément problème, explique Tiago De Sousa. Ainsi, les méduses d'eau douce originaires d'Asie, qui ont été observées pour la première fois en 2020 dans le barrage de la Haute-Sûre, ne semblent pas constituer une menace majeure. Par contre, il est indispensable de prendre des mesures contre d'autres espèces.
Mais en règle générale, l'éradication des espèces invasives est exclue. Il est encore difficile de savoir à ce stade quels ont été les fruits des plans d'action élaborés jusqu'à présent. Un inventaire complet des populations est prévu pour 2024.
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