«Certains hommes voient ça comme une castration»
«Certains hommes voient ça comme une castration»
La vasectomie rentrerait-elle, petit à petit, dans les mœurs? En France, de plus en plus d'hommes optent pour ce mode de contraception. Selon l'Assurance maladie, les interventions de stérilisation masculine ont ainsi été multipliées par douze en l'espace d'une décennie. Au Luxembourg, bien que le phénomène apparaisse plus difficilement quantifiable -faute de données officielles- il gagnerait lui aussi du terrain, malgré son coût. Un frein financier qui pourrait néanmoins disparaître en 2023.
Du moins, il s'agit là d'une promesse de l'actuel gouvernement dont le mandat touchera à sa fin en octobre. Retardé par la pandémie de covid-19, le remboursement de la vasectomie en tant que méthode de contraception masculine devrait donc se concrétiser avant les élections. Autrement dit, «dans les prochains mois», assure Jérôme Roux, porte-parole de la caisse nationale de Santé (CNS), sans annoncer de date.
Le montant de la participation financière à venir n'a, lui non plus, pas encore été précisé. Il devrait cependant être «équivalent au montant des interventions chirurgicales classiques», avance le chargé de communication. En d'autres termes, cela reviendrait à une prise en charge «à 100%».
Pour l'heure, la vasectomie n'est remboursée que dans des conditions strictes. À savoir, lorsque l'intervention est réalisée «dans un but thérapeutique», précise Jérôme Roux. Autrement dit, «en dehors du cadre de la contraception». Inévitablement, rares sont les interventions de stérilisation prises en charge. En 2021, seuls 16 patients -hommes et femmes confondus- se sont vu rembourser les frais d'une vasectomie ou ligature des trompes.
Mais, prise en charge ou non, cette intervention est d'ores et déjà pratiquée à des fins de contraception. «Toute personne qui le souhaite peut avoir une vasectomie», rappelle le Dr Chris Roller, urologue au sein des Hôpitaux Robert-Schuman. Une intervention ambulatoire d'une demi-heure -sous anesthésie locale- que le groupe hospitalier facture 500 euros.
Un coût financier (dans ce cas entièrement à la charge du patient) qui n'empêche pas une demande «croissante», note-t-il. L'an passé, le Dr Roller a ainsi effectué une centaine d'interventions sur les quelque 200 réalisées par les huit médecins spécialisés du groupe hospitalier. Nul doute que la prise en charge de ce coût pourrait donc faire augmenter la demande «encore un petit peu», suggère-t-il, sans avancer de chiffres pour autant.
Mais la vasectomie reste une décision à ne pas prendre à la légère. Car l'intervention est «difficilement réversible», rappelle l'urologue. «C'est quelque chose qu'on recommande aux gens qui ont déjà des enfants», précise le médecin, avant d'ajouter qu'il est préférable de prendre la décision en couple.
Reste que la pratique doit encore faire face à divers tabous et idées reçues. Qu'il s'agisse de l'image renvoyée, d'éventuelles douleurs ou encore d'une modification du plaisir et de la libido. Mais «rien de tout cela n'est vrai», assure le Dr Roller. «L'éjaculation reste la même, il n'y a juste plus de spermatozoïdes qui y sont mélangés», détaille-t-il. «La libido est elle aussi inchangée.»
D'autres vont néanmoins plus loin encore en l'assimilant à une perte de virilité. «Certains hommes voient ça comme une castration», note l'urologue avant d'ajouter que «c'est faux». La testostérone est «toujours produite et part directement dans le sang», explique le professionnel de santé. «Ça n'a rien à voir avec le canal déférent qu'on coupe.» Alors, et si, finalement, passer à l'acte faisait plus mâle que mal ?
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