Cahen opposée aux compensations frontalières
Cahen opposée aux compensations frontalières
(pj) Non, c'est non. Au micro de 100.7, Corinne Cahen (DP) n'a pas caché qu'elle ne voyait pas pourquoi le Luxembourg devrait verser une indemnité à ses voisins sous prétexte qu'il emploie une main-d'œuvre issue des territoires frontaliers. Autrement dit, pas question pour la ministre de la Grande Région d'abonder dans le sens du maire de Metz, Dominique Gros (PS). Début janvier, celui-ci avait réaffirmé son souhait de voir le Grand-Duché verser une compensation directe de 2.000 euros par salarié frontalier.
Pour la ministre, qui jusqu'alors avait fait preuve de discrétion sur le sujet, l'heure n'est pas à ce type de relations. Même si depuis l'automne 2019, les demandes se sont multipliées de la part d'élus lorrains (récemment encore via le sénateur socialiste Jacquin) ou de responsables politiques sarrois, Corinne Cahen reste sur la ligne gouvernementale: pas d'indemnité par tête.
L'Etat luxembourgeois préfère toujours miser sur des soutiens aux projets d'infrastructure bénéficiant aux différents partenaires d'un côté ou de l'autre de la frontière. C'est, par exemple, le cas du P+R qui va voir le jour à Thionville. Pour cet équipement de 750 places, l'aide luxembourgeoise correspondra à 50% de la facture. Soit 2,5 millions d'euros.
Globalement, une enveloppe de 120 millions d'euros a été déterminée pour ce type de partenariats essentiellement axés sur des problématiques de mobilité.
Visées électoralistes
Au bas mot, les compensations envisagées par Dominique Gros reviendraient, elles, à payer 200 millions d'euros par an aux collectivités françaises. Une somme envisagée comme un retour sur les recettes perçues sur les salaires des frontaliers par le Luxembourg. Pour Corinne Cahen, ce nouvel appel du maire mosellan ne s'expliquerait que par l'approche des élections municipales. «Il est normal que certains cherchent à attirer l'attention, pour eux-mêmes ou pour leur successeur dans leur ville», note la ministre taclant au passage le maire de Metz dont on sait qu'il ne se représentera pas face aux électeurs en mars prochain.
Pour la ministre de la Grande Région, les régions, départements et villes voisines du Luxembourg doivent aussi se rappeler que ces territoires bénéficient directement des salaires perçus par leurs habitants via l'emploi occupé au Grand-Duché. Une récente étude a d'ailleurs démontré que les frontaliers mosellans, pour ne citer qu'eux, dépensaient relativement peu dans le pays les salariant. Par contre, ces mêmes personnels bénéficient de mesures typiquement luxembourgeoises comme l'assurance dépendance, les chèques services accueil ou les bourses étudiants. Si réclamation il doit y avoir, la ministre demande à ce que ces collectivités les portent directement auprès de leurs gouvernements nationaux.
