«Caddy 2» sauvera 500 tonnes d'aliments du gaspillage pour nourrir les plus défavorisés
«Caddy 2» sauvera 500 tonnes d'aliments du gaspillage pour nourrir les plus défavorisés
«Actuellement on récupère 127 tonnes de denrées alimentaires par an. Ce qui représente 10,6 tonnes par mois. Et on a vraiment atteint une limite dans nos locaux car il n'y a pas assez de place pour tout stocker, tout retravailler», explique Alexandra Oxacelay, directrice de la Stëmm vun der Strooss, une association qui œuvre en faveur de l'intégration sociale et professionnelle des plus défavorisés au Luxembourg.
Les «locaux» désignés sont ceux du «Stëmm Caddy». Un atelier de réinsertion sociale et professionnelle, lancé il y a quatre ans par la respectable association, où 22 personnes en mesure de réinsertion professionnelle récupèrent et revalorisent en forme de sandwiches (300 par jour!), de jus de fruits frais, de légumes coupés et de packs alimentaires les denrées données par Auchan Kirchberg avant la date limite de consommation.
Consciente des conditions de travail compliquées pour ses 22 aides-cuisiniers, chauffeurs et femmes de ménage dans la maison de Hollerich mais aussi de l'énorme potentiel anti-gaspillage de son projet, la Stëmm vun der Strooss veut mettre les bouchées quadruples. «Notre objectif et de passer à 500 tonnes de denrées récupérées par an», explique Alexandra Oxacelay, avec son sourire comme plus belle arme de persuasion:
La solution, qui passe par le déménagement vers des locaux plus grands et mieux adaptés, existe déjà sur papier. C'est le projet «Caddy 2». Fruit d'une longue réflexion en concertation avec le personnel du Caddy «toutes les zones de transformation ont été passées sous la loupe dans l'optique de pouvoir récupérer et transformer 500 tonnes de denrées alimentaires à l'avenir», explique Arnaud Watelet, directeur administratif et financier de la Stëmm vun der Strooss. L'avenir c'est «au plus tôt, en 2019».
Pour une raison simple: Auchan Luxembourg, qui a déjà assuré par la voix de son directeur financier et patrimoine une «augmentation significative de ses dons alimentaires» à la Stëmm, ne sera pas opérationnel avant. C'est le cumul des denrées qui seront fournies par Auchan Kirchberg, le centre commercial «Opkorn» à Differdange et le futur hypermarché Auchan du Ban de Gasperich devant être sorti de terre en février 2019, qui permettra de garantir les 500 tonnes annuelles.
Caddy et Schweesdrëps cohabiteront
Mais toutes ces denrées trouveront-elles preneurs? «Actuellement on redistribue les 127 tonnes de nourriture récupérée aux sans-abri qui fréquentent les restaurants sociaux à Hollerich et Esch-sur-Alzette et à 10 associations qui se trouvent sur le territoire de Luxembourg. Mais «étant donné que la pauvreté et la demande augmentent, on pourrait également fournir d'autres associations dans le Sud du pays avec lesquelles on travaille déjà et qui s'adressent aux personnes défavorisées», glisse Alexandra Oxacelay.
Pour retravailler toutes ces denrées alimentaires qui finiraient normalement à la poubelle, le projet «Caddy 2» aura besoin de bien plus de petites mains qu'aujourd'hui. «De 22 personnes en mesure de réinsertion professionnelle et 2,5 personnel encadrant aujourd'hui, on passera à 50 personnes et 5,5 encadrants», détaille la directrice.
Les plans de «Caddy 2» englobent également l'atelier Schweesdrëps. Situé à Esch-sur-Alzette pour le moment, cet autre atelier de réinsertion professionnelle de la Stëmm emploie 40 personnes qui lavent et repassent toutes les semaines les maillots et shorts de 40 clubs sportifs luxembourgeois. Autant sont sur la liste d'attente!
Le projet n'envisage aucun agrandissement de la Schweesdrëps mais «d'améliorer les conditions de travail en installant une zone de frottage plus ergonomique, des déplacements moins contraignants et on utiliserait la chaleur dégagée par les groupes réfrigérants du Caddy qui passerait dans un tunnel pour mieux faire sécher le linge», détaille Arnaud Watelet. Les salles de restauration et de réunion et les bureaux de la Schweesdrëps comme du Caddy seraient mutualisées.
Un terrain de 13 ares à Contern?
Le projet «Caddy 2» permettra de faire travailler 90 personnes dans un seul bâtiment (le Caddy sera au rez-de-chaussée). Reste à la Stëmm de trouver un terrain de 13 ares et l'enveloppe chiffrée à 3,12 millions d'euros.
Leur dossier sous le bras, les responsables de la Stëmm écument les ministères et explorent toutes les pistes depuis huit mois. Lydia Mutsch, ministre de la Santé -ministre de tutelle- soutient le projet et financera trois postes. Corinne Cahen, ministre de la Famille soutient le projet pour créer les postes d'«Activités d'Insertion Professionnelle»pour les demandeurs d'emploi. François Bausch, ministre des Infrastructures est venu se rendre compte de la situation au Caddy en février. «Je suis certaine que ça va se réaliser», sourit Alexandra Oxacelay. Avant de glisser: «C'est une question de temps».
Alors que les CFL, ArcelorMittal et d'autres ont vainement recherché un terrain disponible, une rencontre avec le directeur de Contern – Lëtzebuerger Beton, Eric Klücker, a abouti sur une étude concrète pour réaliser le projet sur un terrain de la société à Contern. «Mais rien n'est signé. Tout dépend d'une décision de l'actionnaire principal. Nous aurons la réponse en mai», glisse prudemment Arnaud Watelet.
