«C'est maintenant qu'il faut enfoncer le clou!»
«C'est maintenant qu'il faut enfoncer le clou!»
Katia Sabrina Litim. Ce mercredi, à 10h, cette Française employée au Grand-Duché et résidant en Belgique, passera devant la Chambre des députés. Elle y présentera et défendra la pétition n°2384 déposée le 24 juin 2022, intitulée «2 jours de télétravail pour tous, y compris les frontaliers» et soutenue officiellement par 13.892 signataires. La pointe de l'iceberg, tant cette demande connaît un réel intérêt de la part, non seulement, des employés mais également des entreprises comme l'a démontré un sondage réalisé par l'Union des entreprises de Luxembourg (UEL).
«Katia s'est lancée là-dedans et c'est très courageux de sa part», estime Laurent Mertz, son collègue chez Quintet, bien au fait d'une problématique sur laquelle il eut l'occasion de travailler en qualité de secrétaire général de l'Aleba (2013-2021) mais aussi en tant que membre de la Chambre des salariés.
«En 2019, un an donc avant la crise de la Covid, la question du télétravail figurait déjà dans le programme de l'Aleba», souligne ce natif d'Arlon favorable à un «un télétravail mesuré, et non illimité, raisonnable pour la vie économique du pays».
Une non-limitation du nombre de jours de home-office pourrait conduire, prévient-il, à un affaiblissement de la vie de l'entreprise, mais aussi des excès en termes d'emplois. «Attention car ce qui se fait aujourd'hui depuis Arlon, Trèves ou Thionville, il n'est pas dit que d'ici quelques années, cela ne se fera pas en Pologne, en Inde ou au Pakistan...»
Cette mise en garde effectuée, Laurent Mertz estime qu'il est temps de passer aux choses sérieuses. «La pétition date de juin, la question du télétravail revient souvent dans le débat public et il faut désormais que les politiques s'emparent réellement du sujet. C'est maintenant qu'il faut enfoncer le clou! Car si on ne met pas aujourd'hui la pression, on risque de se retrouver dans cinq ans au même stade...»
Pour éviter cela, Laurent Mertz apportera donc tout son soutien et son expérience à une Katia Litim peu habituée à l'exercice. Si elle n'appréhende toutefois pas la prise de parole, elle estime avoir un devoir envers tous les signataires de sa pétition. «C'est une vraie responsabilité», dit-elle tout en confiant s'être préparée en amont comme il se doit. Son dossier, mix de discours et de PowerPoint, elle l'a construit avec sérieux. «J'ai contacté la députée française Isabelle Rausch (En Marche!), mais aussi le député belge Benoit Lutgen (Les Engagés) qui m'ont apporté leur soutien.»
«Avant le covid, les entreprises du secteur financier n'étaient pas favorables au télétravail. Or, durant la pandémie, elles se sont rendu compte que ça fonctionnait et le frein est désormais levé, fait remarquer Laurent Mertz, tout en rappelant que dans l'esprit de beaucoup, cette condition ne sera bientôt plus une option. «Les dirigeants savent que pour des questions d'attractivité, ils doivent proposer du télétravail.»
Un passage à deux jours de télétravail hebdomadaire passe par une révision du cap des 25% du temps de télétravail à domicile. «Il doit passer à 40% afin de ne pas basculer sur la sécurité sociale du pays de résidence de l'employé. Mais cela doit se régler au niveau européen. Ensuite, sur le plan fiscal, les différents pays doivent trouver des tolérances. L'un ne va pas sans l'autre.»
Ce mercredi, devant la Chambre des députés, Laurent Mertz et Katia Litim s'en iront défendre une cause à l'issue quasi inéluctable. Le débat est à suivre en direct sur le site de la Chambre.
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