Bus vers les usines supprimés: les syndicats voient rouge
Bus vers les usines supprimés: les syndicats voient rouge
A partir du 12 février 2023, des lignes de bus desservant des zones industrielles du pays aux heures du changement de postes seront supprimées. C'est la volonté du ministère de la Mobilité, et les syndicats ont appris la mauvaise nouvelle ces tout derniers jours.
Selon l'OGBL, la décision concernerait, à titre d'exemple, 200 salariés de l'entreprise CEBI à Steinsel. D'après un autre décompte entamé par le LCGB, au moins 1.000 personnes travaillant en usines feraient les frais de ce choix, qui rentre dans le cadre du grand plan de réorganisation du RGTR.
Impact environnemental et économique: des visions différentes
Une vingtaine de lignes à travers le pays sont visées. La faible fréquentation et le coût d'exploitation élevé qui en découle (4,5 à 4,8 millions d’euros par an) sont les arguments avancés par le ministère, qui a réalisé des comptages. «Sur les 21 lignes concernées, l’occupation maximale d’une ligne à destination d’un site était de 15 à 16 personnes en moyenne, réparties sur l’ensemble des courses réalisées sur une journée. Pour la plupart de ces lignes, cette moyenne était nettement en dessous de 10 personnes. L’occupation est donc extrêmement faible», écrit le ministère de la Mobilité.
Les mêmes points sont mis en avant par l'OGBL et le LCGB pour dénoncer cette décision, qui va contraindre les salariés concernés à emprunter leurs voitures pour aller travailler. Le LCGB pointe ainsi un «paradoxe dans toute sa splendeur»: paradoxe environnemental à l'heure des efforts à effectuer pour atteindre la neutralité carbone; paradoxe économique aussi, au moment où les prix des carburants restent élevés et le pouvoir d'achat des ménages, notamment les plus modestes, s'amenuise.
«Par ailleurs, et bien que le gouvernement ait décidé il y a quelque temps de rendre les transports publics gratuits afin de désengorger les routes, ce rétropédalage tendra à congestionner un trafic toujours plus dense de jour en jour et qui impactera grandement la vie des salariés se rendant sur leurs lieux de travail», souligne encore le LCGB.
Le ministère de la Mobilité, quant à lui, a une toute autre vision: «Un maintien de telles lignes va à l’encontre des efforts menés avec les stratégies de mobilité (...). Le rôle de l’État ne consiste pas dans la mise en place d’un service de transport dédié aux besoins d’une entreprise privée. Il y a lieu de veiller aussi à un traitement équitable des entreprises, car il existe aujourd’hui des entreprises qui organisent et prennent en charge de propres mesures pour améliorer la mobilité de leurs employés.»
Revenir sur la décision ou proposer une alternative
Mais les syndicats n'en démordent pas. Pour l'OGBL, cette décision du ministère vient aussi «exclure les salariés en travail postés de la possibilité de recourir aux transports en commun, les laissant par ailleurs sans véritable alternative pour venir travailler à partir du 12 février 2023. Les transports en commun existants n’offrent pas les mêmes trajets et encore moins les horaires adéquats permettant aux entreprises en feu continu de fonctionner.»
Les deux syndicats comptent peser de tout leur poids pour fait infléchir le ministère et éviter ces suppressions d'ici le 12 février prochain. Le LCGB comme l'OBGL ont demandé à être reçus pour une entrevue. «Si une ligne est seulement fréquentée par une ou deux personnes, on comprendrait. Mais il y en a où c'est beaucoup plus et il s'agit, pour ces salariés, d'éviter la suppression de leur ligne ou, tout du moins, trouver une alternative autre que la voiture», conclut Paul Glouchitski, secrétaire syndical LCGB.
A propos d'alternatives, le ministère ne dévie pas de sa trajectoire: ce n'est pas à l'Etat de tout prendre en charge. «La mise en place d’instruments tels que les plans de mobilité entreprise permet aux entreprises, avec le soutien des autorités publiques, de trouver ensemble des solutions de mobilité tout faisant appel à la responsabilité des entreprises envers leurs employés.»
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