Bois de chauffage: «La demande dépasse actuellement l'offre»
Bois de chauffage: «La demande dépasse actuellement l'offre»
L'hiver n'est pas encore là, les températures se sont à peine rafraichies que le cours des granulés et du pellet ont littéralement explosé. De mémoire de professionnel du secteur, on n'a «jamais vu une demande aussi élevée». Cette ruée vers le bois s'explique évidemment par la flambée du prix du gaz et de l'électricité. Au point de susciter interrogations et inquiétudes.
Myriam Cecchetti n'a pas attendu si longtemps pour s'interroger sur la capacité du Luxembourg à satisfaire toutes les demandes d'installation de ce type de chaudières, mais aussi celle de les alimenter en matière première. Ainsi, le 26 septembre dernier, la députée Déi Lénk a déposé une question parlementaire à l'adresse de Joëlle Welfring (déi gréng), ministre de l'Environnement, du Climat et du Développement durable.
Myriam Cecchetti s'interroge sur les aides allouées aux concitoyens désireux d'installer une chaudière à pellets. Dans sa réponse du 8 novembre, Joëlle Welfring fait savoir que sur les 605 demandes introduites auprès de l'administration de l'environnement, pour des chaudières de bois tous types confondus (pellets de bois, plaquettes de bois, combustion étagée pour bûches de bois, combinées bûches et pellets), «397 aides ont pu être accordées, dont 310 pour des chaudières à pellets/granulés de bois». À noter que l'augmentation du nombre de demandes coïncide avec la crise sanitaire liée au covid-19 et avec le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le Luxembourg compte deux sites de production
Cette forte demande entraîne donc, par effet de levier, une augmentation du prix du bois. «La demande dépasse actuellement l'offre sur le marché. De plus, l'augmentation des prix de l'énergie suite à la guerre en Ukraine a fait grimper les coûts de production et de transport du bois-énergie. À cela s'ajoute la dynamique générale de stockage qui se manifeste en période d'incertitude», souligne Joëlle Welfring.
Le Luxembourg a-t-il une capacité de production suffisante? Le ministère de l'Environnement, du Climat et du Développement durable souligne que «la société Kiowatt, située à Bissen/Roost, produit environ 75.000 tonnes de granulés de bois (pellets) par an, dont environ 60.000 tonnes sont utilisées au Luxembourg». Selon les autorités, ce producteur «pourra à l'avenir vendre l'entièreté de sa production sur le territoire national».
En 2021, la production nationale de granulés de bois a atteint les 80.074 tonnes, dont 30.718 tonnes destinées à l'export.
Joëlle Welfring (ministre de l'Environnement)
On apprend également que, depuis octobre 2022, le Grand-Duché compte avec la société Soil-Concept S.A. un second site de production de granulés de bois (qualité A2). Situé à Fridhaff, il vise à atteindre «une production de 4.000 à 7.000 tonnes par an». Joëlle Welfring rappelle que «la priorité du gouvernement est l'utilisation en cascade, ce qui signifie que le bois doit être utilisé comme matière première pour les matériaux. Ce n'est qu'à la fin de l'utilisation circulaire que les matériaux, qui ne peuvent plus être utilisés à d'autres fins, devraient entrer dans l'utilisation énergétique».
Mais ce bois, d'où vient-il et quelle est la distance qu'il doit parcourir pour finir sa course dans nos chaudières? «En 2021, la production nationale de granulés de bois a atteint les 80.074 tonnes, dont 30.718 tonnes destinées à l'export.»
Le Luxembourg compte-t-il augmenter sa production? «En ce qui concerne la récolte de bois dans les forêts soumises au régime forestier, souligne Joëlle Welfring, il n'est pas prévu d'augmenter le volume de bois-énergie. Il convient de noter que dans le cadre d'une sylviculture durable, l'objectif premier est de produire et de récolter du bois de haute qualité, et que seuls les arbres dont l'abattage contribue à améliorer la santé et la qualité des peuplements forestiers sont récoltés.»
Rénovation thermique et pompe à chaleur
L'augmentation du prix des copeaux de bois pourrait-elle en décourager certains à remplacer leur chaudière à mazout ou à gaz par une chaudière? Ce qui, aux yeux de Myriam Cecchetti, viendrait à ralentir la transition énergétique. «Les priorités du gouvernement sont la rénovation énergétique et le remplacement des énergies fossiles par les pompes à chaleur ainsi que la promotion des réseaux de chaleur.»
Pour favoriser la transition vers les énergies renouvelables, le gouvernement prévoit également une augmentation (à 50%), du bonus de remplacement augmentant les aides financières ''Klimabonus'' allouées dans le cas du remplacement d'une chaudière alimentée au combustible fossile existante», rappelle le ministère avant de souligner que «la rénovation thermique et l'installation de pompes à chaleur sont fortement privilégiés par rapport au chauffage de bois au niveau des subventions».
À noter que Joëlle Welfring précise que les ménages, notamment les plus modestes qui bénéficient d'aides «Klimabonus», peuvent introduire une demande auprès du ministère du Logement pour un «Topup social 100%» qui peut atteindre le double de l'aide Klimabonus. Et ce en fonction du revenu du ménage du bénéficiaire.
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