Bettel se tourne vers le monde d'après
Bettel se tourne vers le monde d'après
La grande réforme fiscale prévue pour 2021 n'aura finalement pas lieu. Victimes de la crise économique qui frappe le pays, la création d'un barème d'imposition unique pour les ménages et la mise en oeuvre d'une imposition plus verte ne verront pas le jour au cours de la législature, indique mardi Xavier Bettel (DP) dans son septième discours sur l'état de la Nation. Une annonce symbolique que le Premier ministre justifie aussi bien par le besoin «de stabiliser notre économie et de garantir la cohésion sociale» que par le besoin «de ne pas remettre en question les fondements du modèle luxembourgeois». Car le pays, d'après Xavier Bettel, se trouve «dans une situation plutôt favorable» par rapport aux autres pays.
Une situation qui trouverait ses fondements dans la conjonction de trois facteurs principaux: «la situation saine des finances publiques avant la crise», «la justesse des décisions prises pendant la crise» et «les efforts consentis pour soutenir les différents secteurs de la société». Trois facteurs ayant en commun «le besoin de solidarité» entre tous les acteurs de la société. Mais si le Premier ministre a détaillé bon nombre de mesures prises au cours des neuf derniers mois, il a également annoncé plusieurs nouveautés, présentes dans le budget 2021 qui sera déposé mercredi à la Chambre par Pierre Gramegna (DP).
Parmi elles, plusieurs concernent le secteur immobilier afin de «supprimer les abus». Outre l'annonce de la progression de 11% du budget du ministère du Logement ou le passage de 6% à 5% du taux d'amortissement pour les investisseurs, une réforme du régime des fonds d'investissements spécialisés se profile. A compter du 1er janvier 2021, les quelque 1.450 FIS enregistrés au Luxembourg seront taxés à hauteur de 20%, contre 0,01% à l'heure actuelle. Conformément aux engagements pris en 2019, le principe du pollueur/payeur restera d'actualité afin de maintenir les objectifs écologiques fixés à l'horizon 2030.
Ce qui va concrètement se traduire par une hausse progressive de la taxe sur les émissions de CO2 et donc une hausse du prix à la pompe. Pour 2021, cela devrait représenter «environ cinq centimes par litre». Soit un peu plus que le niveau appliqué depuis le 1er mai 2019. Un effort financier qui sera accompagné «de mesures de justice sociale» à destination des ménages les plus modestes puisque des crédits d'impôt sont prévus, tout comme «une revalorisation de 10% de l'allocation de vie chère».
Estimant que «la bonne réponse à apporter à la crise consiste à investir massivement pour assurer la relance», le Premier ministre libéral indique augmenter de 169 millions d'euros le budget du ministère de l'Education nationale, encore et toujours premier poste de dépense de l'Etat avec 2,8 milliards d'euros. Pour répondre au «besoin d'une fonction publique forte», 1.000 postes supplémentaires seront créés l'année prochaine, notamment pour «éviter la pénurie de professeurs».
En ce qui concerne la situation sanitaire, Xavier Bettel assure être «alerté mais pas choqué» de la progression des chiffres de nouvelles infections. Une phrase en forme de slogan justifiée par les avertissements reçus «de la part des experts» qui s'attendaient à un pic cet automne et le fait que «l'âge moyen des personnes infectées joue un rôle central». En l'occurrence 36,8 ans la semaine dernière, alors que 65% des victimes ont plus de 79 ans, selon les dernières données du ministère de la Santé. «La situation est grave, mais il n'y a aucune raison non plus d'agir dans la hâte», assure le locataire du ministère d'Etat.
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