Bettel réagit aux résultats du Politmolitor
Bettel réagit aux résultats du Politmolitor
«Je préférerais être à la première place...» Xavier Bettel (DP) l'a avoué, vendredi en conférence de presse : se retrouver, à nouveau, en troisième position du classement des politiques favoris des électeurs ne saurait le contenter. Lui le Premier... ministre. Mais devant lui, il y a une femme et un homme. Deux socialistes privant le libéral de la plus haute marche. Avec tout devant Paulette Lenert (LSAP, créditée de 86% de cotes de sympathie) et loin derrière déjà l'indéboulonnable Jean Asselborn qui, à 72 ans, peut encore faire valoir 77% d'opinions favorables.
De quoi rendre jaloux le chef du gouvernement qui, lui, ne recueille ''que'' 71% d'avis positifs? Non, jure celui dont l'image ces derniers temps a certainement dû pâtir de cette affaire de plagiat ressurgie de son passé estudiantin. Mais pas question pour celui qui dirige l'exécutif du Grand-Duché depuis huit ans de s'ouvrir plus sur son sentiment face à son score personnel dans le sondage publié la semaine passée et reflétant l'opinion d'un panel de 1.016 électeurs.
«Mais je suis content si l'image gouvernementale est appréciée», salue-t-il. Et c'est le cas : 75% des sondés créditent ainsi l'action des ministres comme du «bon travail». Seulement, aucun doute, cette cote d'amour s'effrite. Ils étaient 85% en juin dernier à se montrer satisfaits des choix du gouvernement, voire 92% en mars 2020 juste avant que n'éclate la crise covid. «Mais je peux comprendre que les gens en aient marre, commente Xavier Bettel. Cela fait deux ans que l'on ne voit pas le bout du tunnel...»
Et rien ne dit que le pays, l'Europe et plus généralement le monde ne va le voir de sitôt. Le front covid a regagné en intensité et chaque mesure (sanitaire ou sociale) devient sujette à plus de discussions, d'oppositions et, depuis la rentrée, de manifestations même.
Reste que le Premier ministre salue encore cette majorité de citoyens qui apprécient les choix retenus dans cette période inédite. «Pendant une crise, ce soutien est important», admet celui qui aura dû prendre des mesures aussi fortes que l'instauration de l'état d'urgence ou le confinement de toute l'activité du pays à deux reprises. Et qui sait pour demain?
L'enquête nationale menée en début de mois a aussi révélé que la société luxembourgeoise avait des inquiétudes fortes. La première porte sur l'accès à des logements abordables (82%), les chances de réussite offertes aux enfants (61%), le trafic routier (61%) ou le dérèglement climatique font partie des craintes exprimées en premier lieu. Et même si Xavier Bettel s'en défend («Ce ne sont pas les sondages qui vont faire découler la suite des travaux»), il va devoir aussi répondre à ces angoisses.
Même la vaccination obligatoire
A deux ans des prochaines législatives, le second volet du Politmolitor offre toutefois au Premier un éclairage parfait sur les actions à mener s'il veut plaire. Les interrogés lui donnent même quelque assurance sur des mesures qui pourraient apparaître comme impopulaires a priori. Plus de droits pour les résidents testés, guéris ou vaccinés? 67% sont OK sur ce point.
La question de la vaccination obligatoire recueille, elle aussi, plus de la moitié des suffrages dans le sondage (54%) comme le fait éventuel d'imposer le CovidCheck systématiquement (54% également). Même l'instauration d'un nouvel impôt foncier pourrait passer dans l'opinion.
Il faudra aussi que la tête de file du DP prenne bien garde à la question du référendum qui agite sans doute la société plus qu'il ne l'avait imaginé (54% des sondés se disent partants pour pareille sollicitation de l'avis de l'électorat). Déjà, le Premier ministre a saisi que «les citoyens aiment avoir leur mot à dire» sur ce type de changement fondamental de l'organisation politique du pays. Il faudra qu'il réponde à cette attente d'une façon ou d'une autre. L'actuelle consultation en cours dans les communes lui permettra de mieux évaluer l'importance de ce sujet.
Mais, habile, Xavier Bettel préfère se focaliser sur un chiffre : ces 70% d'électeurs qui estiment avoir été trop peu informés sur cette réforme (pourtant en cours depuis des années). «Là, la Chambre des députés doit s'occuper» pour assurer une meilleure communication, botte-t-il soigneusement en touche. Une balle à rattraper au vol par son camarade de parti, Fernand Etgen (DP), président de ladite Chambre.
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