Avant l'été, la CGFP voit rouge
Avant l'été, la CGFP voit rouge
(pj avec Michèle GANTENBEIN) Depuis dix ans, pas une tripartite. Mais ce n'est pas parce que le gouvernement a, enfin, organisé la rencontre entre ministres, syndicats et patronat que le soleil brille à nouveau pour la CGFP. D'ailleurs, à l'instar de son homologue de l'OGBL, Romain Wolff n'avait guère apprécié que la dernière rencontre des partenaires sociaux ne se concentre que sur la seule gestion de la question du chômage.
Aussi, ce lundi en conférence de presse, le responsable du principal syndicat de la fonction publique a-t-il tapé du poing. «Lors de la prochaine tripartite à l'automne, d'autres questions devront être mises sur la table. Sécurité sociale, impôts, financement du suivi de la crise covid, etc». Un message oral directement adressé au chef du gouvernement.
Mais Xavier Bettel (DP) se voit aussi destinataire d'un courrier. Une lettre, signée du président de la CGFP, ou plus exactement de Romain Wolf en tant que président de la Chambre des fonctionnaires et employés publics (CHFEP). Un organisme représentatif de 53.000 employés et que, pourtant, le gouvernement n'a pas cru bon de consulter dans la révision des nouvelles lois covid... Vexant; discriminant même aux yeux du responsable syndical : «Cette part importante de la population active n'est-elle autant touchée par la pandémie que les autres? Si, elle l'est!»
A l'assaut du SIF
Avec la crise covid, la situation financière de l'État s'est soudainement détériorée. Pour la CGFP, il convient d'être vigilant. Pas question que le déséquilibre financier n'entraîne les ménages dans la bascule. Autrement dit, le syndicat ne veut pas entendre parler de détérioration des prestations sociales ou d'augmentation d'impôts pour les particuliers. Et cela pour, au moins, tout le restant de la mandature.
Pour la Confédération générale, l'application du chômage partiel à 14.709 entreprises et leurs salariés a déjà suffisamment pesé sur le pouvoir d'achat des familles. Et si le gouvernement cherche de quoi financer les mesures d'accompagnement social, qu'il les cherche par exemple en réformant les Fonds d'investissement spécialisé (FIS). Ce véhicule fiscal est une aubaine pour les grands investisseurs du pays, à commencer par ceux de l'immobilier.
Et s'il faut rafraîchir la mémoire du ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP) et des députés de la la majorité, Romain Wolff rappelle volontiers les termes de l'Accord de coalition : «Le gouvernement veillera à contrecarrer les abus issus de l'utilisation du régime fiscal applicable aux SICAV-FIS dans le secteur immobilier au Luxembourg».
Rien ne s'étant passé sur le sujet depuis l'élection de 2018, le président de la CGFP invite le gouvernement à s'empresser de se pencher activement et rapidement sur cette niche fiscale.
Que Xavier Bettel se rassure, il n'est pas le seul dans le collimateur du syndicat de la fonction publique. Le ministre de tutelle des fonctionnaires n'est pas plus en odeur de sainteté. Si la Confédération lui a envoyé toute une série de propositions sur de possibles réorganisations du travail (télétravail notamment), Marc Hansen (DP) a balayé quasiment l'ensemble des remarques, à l'occasion d'une visioconférence tenue fin mai.
Un non à l'oral que le ministre n'a d'ailleurs pas daigné mettre par écrit, s'étouffe le syndicat. «Du jamais-vu!» Pas plus d'ailleurs que certains courriers n'ont obtenu de réponse...
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