"Aux urgences, on m'a dit de rentrer chez moi"
"Aux urgences, on m'a dit de rentrer chez moi"
Par Christelle Raineri
Les patients racontent tous la même errance. L'histoire de Sofia Araújo, qui a fondé l'association ALBL (Association Luxembourgeoise Borréliose de Lyme), ne fait pas exception.
Nous sommes en 2009, Sofia a 21 ans. Elle participe à une activité chez les scouts et se fait mordre par une tique à la cheville. De retour chez elle, elle la retire. A priori un incident plutôt banal, mais dès le lendemain, la jeune femme est très malade. Elle se rend aux urgences du Centre Hospitalier de Luxembourg.
"J'aurais pu être sauvée"
"On m'a affirmé que la maladie de Lyme n'existait pas au Luxembourg et on m'a dit de rentrer chez moi. Pourtant, si un traitement antibiotique m'avait été prescrit à ce moment-là, j'aurais sans doute pu être sauvée."
S'en suit une année avec des hauts et des bas: violentes migraines, douleurs articulaires, les signes de la maladie sont là. Malgré tout, elle est confrontée à un mur: "Les médecins que je consulte évoquent du stress, ou insinuent que je m'invente des symptômes pour chercher de l'attention."
Jusqu'aux pertes de connaissance subites et inexpliquées: "Là, mon médecin de famille me prescrit le test. C'est positif." Sofia est mise sous traitement antibiotique mais un an après la morsure, les borrélies ont envahi son corps et résistent.
"Au Luxembourg, c'est plus acceptable d'avoir un cancer"
Problème d'élocution, vision altérée, paralysies: son état de santé empire, Sofia court de spécialiste en spécialiste. Son neurologue lui propose de consulter un psychiatre, son médecin de famille lui annonce tout simplement qu'il ne peut plus rien pour elle, et lui propose d'être suivie dans une clinique allemande, à plus de 650 km, un établissement en pointe sur la borréliose de Lyme chronique.
Depuis 2014, elle y suit un traitement homéopathique couplé à des thérapies alternatives et va mieux, la maladie semble s'être stabilisée. Mais tous ces soins ont un coût: environ 1.000 euros mensuels.
"Je travaille de nouveau, à temps plein, pour pouvoir payer mon traitement. C'est un handicap lourd à porter car il est invisible! Les gens ne savent pas que je dors 15 heures par nuit, qu'il y a des jours où je suis quasiment sourde... Au Luxembourg, c'est plus acceptable d'avoir un cancer: le regard des gens est différent."
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