A la recherche de l'eau de demain
A la recherche de l'eau de demain
Et si, un jour, on buvait l'eau de la Moselle? Ne faites pas la grimace: le scénario est plus que probable. Déjà, le ministère de l'Environnement évoque cette piste. C'est même, à entendre sa responsable Carole Dieschbourg (Déi Gréng) «la solution la plus réaliste» en vue de couvrir les besoins de consommation en eau potable. Il est vrai que le pays, ses habitants comme ses activités, ont toujours plus soif.
A l'heure actuelle, chaque jour 132.000 m3 d'eau sont prélevés dans les nappes phréatiques et autres réservoirs naturels du Luxembourg. Des volumes essentiellement redistribués via les réseaux publics (communes, syndicats intercommunaux), sans oublier les quelque 11.000 m3/jour pompés via des captages privés. Seulement à l'avenir, cela ne suffira plus à faire face aux besoins. D'où la recherche engagée pour trouver de nouvelles ressources afin de sécuriser l'alimentation indispensable.
Pour assurer cette alimentation, le pays peut certes compter sur ses équipements existants, et l'amélioration de certains outils. Les travaux en cours sur la station du SEBES en sont la preuve. Opérationnel à plein régime en 2022, le site du barrage d'Esch-sur-Sûre aura accru ses capacités d'un tiers, passant à une production quotidienne de quelque 110.000 m3. Un mieux.
Mais ces hectolitres supplémentaires seront, hélas, insuffisants au regard non seulement de l'explosion démographique attendue, les risques de sécheresse et de pénurie liés au réchauffement climatique, la pollution croissante des nappes et sols ou la demande pressante de l'activité économique du pays. Le tout dans un contexte naturel où «les débits des cours d'eau sont relativement faibles», coincé qu'est le Luxembourg entre les bassins hydrographiques de la Meuse et du Rhin.
Aussi, le ministère de l'Environnement suit-il trois pistes. Primo, la protection préventive des ressources en vue d'améliorer la qualité de l'eau. Cela passe notamment par la mise en place de zones de protection. «Actuellement, indique Carole Dieschbourg, cette mesure est appliquée ou en voie de l'être pour 80% des captages d'eau potable souterraine.» Le Conseil d'Etat étudie actuellement le texte concernant pareil dispositif de protection autour des eaux du lac de Haute-Sûre, le réservoir primordial du pays.
Secundo, encourager les économies d'eau. Actuellement, la consommation moyenne par habitant est de 120 litres par jour. Une quantité qui peut être assumée en temps normal mais qui, on le voit de plus en plus en été, peut poser des problèmes d'approvisionnement ici ou là, avec des ruptures d'alimentation.
Débit perdu
Enfin, tertio, l'exploitation de nouvelles ressources. Et l'on en revient à boire l'eau de la Moselle. Mais ce n'est pas la seule voie étudiée, rassure la ministre de l'Environnement. «L'Administration de la gestion de l'eau évalue, à l'échelle régionale, l'exploitabilité des masses d'eau souterraines utilisables à des fins d'eau potable.» Autant de ''gisements" qu'il faudra protéger précieusement dès leur découverte. Mais pas sûr que ces réserves soient nombreuses, ou en état d'être utilisées.
Actuellement déjà, des captages ne peuvent plus être employés en raison d'une mauvaise qualité de la ressource (polluée ici par des nitrates, ailleurs par des produits phytopharmaceutiques). Une perte loin d'être négligeable puisque le ministère de l'Environnement estime que le débit cumulé perdu aurait pu servir à la consommation de l'équivalent de 75.000 habitants. Soit deux fois le nombre de résidents d'Esch-sur-Alzette...
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