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A Differdange, le café Eclat Sportif baisse le rideau
Luxembourg 6 min. 10.02.2022 Cet article est archivé
Sécurité

A Differdange, le café Eclat Sportif baisse le rideau

Le café Eclat Sportif de la rue Michel Rodange à Differdange fait régulièrement la une des journaux. Cela devrait bientôt cesser.
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A Differdange, le café Eclat Sportif baisse le rideau

Le café Eclat Sportif de la rue Michel Rodange à Differdange fait régulièrement la une des journaux. Cela devrait bientôt cesser.
Photo: Guy Jallay
Luxembourg 6 min. 10.02.2022 Cet article est archivé
Sécurité

A Differdange, le café Eclat Sportif baisse le rideau

Après de nouveaux incidents autour du parc Gerlache, le conseil communal de Differdange a convoqué une réunion d'urgence sur la sécurité.

(MKa avec Franziska Jäger) - Differdange ne connaît pas de répit. Surtout depuis le premier lockdown lié au coronavirus, il y a deux ans, à partir duquel les gens se sont retrouvés de plus en plus devant les cafés au lieu de les fréquenter. Depuis, les interventions policières autour du parc Gerlache se multiplient et se succèdent à intervalles presque réguliers. La dernière fois, c'était le 31 janvier, lorsque des policiers ont été appelés dans un établissement de la rue Michel Rodange pour suspicion de possession de drogue et qu'une quinzaine de personnes les ont bousculés, insultés et injuriés.


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Dimanche soir dernier, un groupe d'une dizaine de personnes avait agressé et volé trois hommes dans la même rue. La police avait alors lancé un appel à témoins pour obtenir des informations.

Le conseil communal de Differdange a saisi l'occasion de ces incidents pour convoquer une réunion d'urgence ce mercredi matin. Les images de la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux après la rébellion contre les policiers «ont bouleversé », selon la bourgmestre Christiane Brassel-Rausch (Déi Gréng) au début de la réunion. «Mais elles montrent aussi la situation sur le terrain».

La bourgmestre a néanmoins tenu à préciser: «Nous parlons toujours des problèmes du parc, mais le parc en lui-même n'a pas de problème. Les problèmes proviennent d'une ou deux rues, avec les établissements qui les entourent». Cela tient pour elle à la géographie, le parc se trouvant à un endroit stratégique où passent les bus publics.

Ali Ruckert (KPL) a de son côté demandé si le conseil échevinal sait vraiment qui sont ces jeunes qui posent problème. «Vous devez quand même connaître la situation sur place avant de pouvoir agir, et pas seulement en lisant les journaux ou en entendant des choses».

Les attroupements font peur

Selon la bourgmestre, ce qui effraie les citoyens, ce sont les attroupements sur les trottoirs, c'est-à-dire lorsque 50 ou 100 personnes se tiennent devant les cafés. «Je connais la situation sur le terrain, le matin c'est encore paisible ici, mais cela change brusquement à l'heure du déjeuner et il n'est pas rare que cela se termine avant une heure du matin». Elle est consciente que de plus en plus de riverains se plaignent de la musique, du bruit des moteurs ou d'autres formes de bruit. Elle a cependant rejeté l'idée que la commune ne réagirait pas aux appels à l'aide des citoyens. «Nous avons répondu, même si ce ne sont peut-être pas les réponses que les citoyens espéraient.»

Madame Brassel-Rausch fait référence aux personnes dans et autour du parc, d'un groupe hétérogène qui serait composé de dealers et de jeunes «qui restent assis là à ne rien faire». Depuis le premier lockdown il y a deux ans, la situation s'est aggravée, mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. «Tous ceux qui sont assis près du parc ne sont pas forcément mal intentionnés». La bourgmestre ne sait pas si ces gens sont au chômage, elle n'a «pas parlé avec eux».

Des travailleurs de rue sont à l'œuvre depuis quelques mois pour prendre contact avec les jeunes. Parfois, ils les emmènent jouer au football ou nager à l'Aquasud. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, la confiance doit être établie progressivement. Les travailleurs de rue de Caritas recevront prochainement des gilets de couleur afin d'être reconnaissables par la population. Mais même ces personnes ne parviendraient pas à s'approcher des dealers de drogue dure au bord de la route.

La politique d'intégration sociale a échoué à Differdange.

Ali Ruckert, KPL

François Meisch (DP) a souligné qu’on ne peut «tolérer les touristes de la drogue» et qu’il ne croyait pas que les travailleurs de rue allaient résoudre le problème. Sur le thème des caméras de surveillance, les avis sont partagés au sein du conseil communal. «Nous demandons des caméras et une société de sécurité privée jusqu'à ce que le nouveau poste de police soit là». Le contrat avec la société de sécurité privée GDL Security avait expiré en décembre.

«Il faut empêcher que des gens se saoulent tous les jours devant les établissements», a-t-il ajouté. La bourgmestre n'a en principe rien contre l'installation de caméras, «mais la caméra n'est qu'une partie du tout». Ali Ruckert parle dans ce contexte de politique symbolique pour donner aux gens un sentiment de sécurité. Selon lui, la politique d'intégration sociale a échoué parce que Differdange n'a pas réussi à intégrer les gens à long terme.

Guy Altmeisch (LSAP) a ajouté que les collaborateurs de la commune qui s'occupent des agents municipaux devraient recevoir une formation et un perfectionnement adéquats afin de pouvoir intervenir de manière encore plus préventive et répressive. En outre, la création d'un comité de sécurité composé de représentants de la politique, de la population et de la police serait souhaitable. «Nous demandons au conseil échevinal d'élaborer un concept correspondant avec le ministre de la Police Kox et de maîtriser les problèmes aigus le plus rapidement possible.» 

Plus de présence policière souhaitée

Georges Liesch (Déi Gréng) s’est quant à lui proposé en faveur d'un petit bureau de police près du parc. Des policiers patrouillant en permanence sur place contribueraient davantage au sentiment de sécurité que des caméras installées aux abords du parc. Tous les membres du conseil communal sont d'accord pour dire que Differdange a besoin de plus de policiers. «Mais ils ne tombent pas du ciel», a fait remarquer Madame Brassel-Rausch. «Cette année, nous avons reçu quatre agents supplémentaires. Il ne dépend pas de nous d'en ajouter d'autres. En tant que municipalité, nous avons fait tout ce qui était possible.»

Le fait que les choses ne dégénèrent pas dans les cafés et les bars relève en fait de la responsabilité du tenancier, qui doit tenir ses clients en respect, d’après la bourgmestre. «Cela ne semble plus être le cas depuis longtemps», selon elle, et c'est probablement ce qui a conduit à la décision de faire fermer durablement, dans sa forme actuelle, le café Eclat Sportif de la rue Michel Rodange, qui fait régulièrement la une des journaux et devant lequel les policiers ont également été agressés lors de leur intervention il y a une semaine.

Au début de cette semaine, les détails ont été convenus avec la brasserie du groupe Inbev à Diekirch. La commune s'est ainsi vu proposer d'acquérir le «fonds de commerce» du local pour 45.000 euros, afin de pouvoir influencer la désignation d'un futur locataire. Il s'agit de reprendre un peu le contrôle de l'établissement en tant que ville et d'y proposer des activités appropriées.

Une réunion privée est annoncée pour le 2 mars afin de discuter de la suite à donner à la question de la sécurité.

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