46% des salariés travaillent trop
46% des salariés travaillent trop
Depuis 2013, chaque année, la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) lance une étude sur la «Qualité du travail». Un indice évaluant le bien-être (ou son opposé) des actifs. Et pour l'édition 2019, bonne nouvelle: les employés se sentent mieux à leur poste que l'an dernier. «L'index de satisfaction a gagné un point par rapport à 2018», note David Buechel, psychologue du travail à la CSL.
Tout irait donc pour le mieux (ou en tout cas, pas si mal) en entreprise. A moins de demander au panel représentatif de l'étude, combien d'heures chacun travaille dans la réalité. En effet, à en croire les informations recueillies auprès de ces 1.495 salariés, le temps de travail effectif est bien souvent supérieur à la durée convenue. Et selon les chiffres recueillis par l'Université de Luxembourg, cela impacterait 46% des actifs. Soit près d'un salarié sur deux...
Ainsi, par exemple, un salarié masculin à temps plein compterait 42,8 heures d'activité professionnelle hebdomadaire (pour 40h contractuellement, et une femme à temps partiel de 35,4 heures effectuerait deux heures de mission en plus. Un débordement que la présidente de la CSL qualifie comme «quelque chose qui cloche socialement», ou autrement dit «un sujet qui donne matière à un dialogue social».
A l'approche d'un nouveau Comité permanent du travail et de l'emploi, le 2 décembre prochain, voilà donc un sujet que les syndicats pourront aborder avec l'Union des entreprises (UEL) et le ministère du Travail. Et cela d'autant plus qu'il apparaît que ces heures supplémentaires sont rarement du fait du salarié lui-même. Seuls 13% reconnaissent «dépasser la montre» par amour de leur travail.
L'entreprise ne gagne jamais rien à pousser ses personnels au-delà de ce qu'impose la loi
Nora Back
Ainsi, dans 46% des situations, le surplus horaire trouve son origine dans une impossibilité d'effectuer le travail dans le temps imparti par l'employeur. Pour 24% des situations, le fait relève d'un problème opérationnel propre à l'entreprise quand 13% sont liés à des directives de la hiérarchie imposant ce dépassement horaire.
«Contrairement à une idée reçue, seulement 4% des salariés acceptent ces heures supplémentaires pour gagner un peu plus», note David Buechler. L'étude signale, au passage, que le plus souvent ces dépassements ne sont d'ailleurs pas rémunérés.
Pour Nora Back, ce constat est d'autant plus attristant qu'il ne sert ni les salariés, ni les employeurs. «A l'heure où certains se plaignent de problèmes de recrutement, je pense qu'il faudrait revoir ces débordements du temps de travail. Cela rendrait de l'attractivité aux jobs proposés.»
Sans compter que l'accumulation de travail se traduit par la montée des accidents du travail, arrêts maladie ou autre absentéisme pour cause de fatigue. «L'entreprise ne gagne jamais rien à pousser ses personnels au-delà de ce qu'impose la loi», réaffirme donc la présidente de la Chambre des salariés.
