40% des ménages gagnants avec la gratuité du transport
40% des ménages gagnants avec la gratuité du transport
Audacieuse, pionnière: l'initiative de proposer à chacun l'usage entièrement gratuit des transports en commun sur le territoire du Luxembourg avait déjà reçu bien des qualificatifs. Le Statec s'est attaché lui, à savoir si le dispositif prévu pour le 1er mars 2020, allait être bénéfique à la population du Grand-Duché. Et l'étude présentée ce vendredi propose une réponse partagée.
Evidemment, tous les usagers actuels ne peuvent que se frotter les mains. Ne plus avoir à payer abonnements ou tickets devrait entraîner un gain de 100 euros par an sur le pouvoir d'achat annuel d'un ménage de résidents moyen. Mieux encore, pour une famille n'utilisant que des transports en commun pour ses déplacements, l'économie réalisée pourrait grimper jusqu'à 390 euros par an.
Constat cependant à avoir à l'esprit: la majorité des résidents ne seraient pas impactés par la gratuité. En effet, 56% d'entre eux ne se déplacent qu'avec un moyen de transport individuel, voiture, moto, cyclo ou vélo. Du coup, cette mesure phare du gouvernement ne soulagerait, en réalité, le porte-monnaie de 40% des ménages du Grand-Duché.
Les analystes du Statec constatent également que le gain espéré de la gratuité ne sera pas identique pour les habitants des différentes régions. «L'économie sur le budget global des familles s'avère plus faible dans les cantons les plus éloignés», note l'étude.
Plus d'usagers dans la capitale
Ainsi, les premiers bénéficiaires de la gratuité des transports sont essentiellement repérés sur un axe Nord-Sud autour de la capitale. Logique car l'emploi des transports en commun s'avère souvent moins attractif dans les zones moins peuplées, et moins bien desservies.
A titre de comparaison, si un ménage sur deux habitant dans la capitale emprunte régulièrement un moyen de transport en commun, le chiffre chute à un tiers dans des cantons comme Clervaux, Wiltz, Vianden, Redange, Echternach, Capellen ou Remich. Là, on préfère clairement l'emploi de la voiture pour se déplacer.
Le Statec relativise toutefois cette donnée. En effet, l'étude se base sur la situation du moment. Nul ne sait comment, à l'avenir, se comporteront les uns et les autres. D'ailleurs, le ministre de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng), l'a souvent fait remarquer: au-delà de la gratuité, il faut «un changement d'attitude» dans les habitudes de déplacement de la population.
La gratuité devrait constituer un levier pour, dans certains cas, entraîner une prise de conscience et l'abandon des trajets en auto au profit des lignes TICE, RGTR, Luxtram ou CFL.
Pour le Statec, les catégories sociales les plus basses devraient être les plus sensibles à cet argument financier. D'autant qu'elles subissent aussi plus lourdement que les autres l'augmentation des accises sur les produits pétroliers introduite en mai 2019.
La fiscalité motive
Au-delà de la gratuité et des prix à la pompe, il faut aussi rappeler que le gouvernement a annoncé «une réforme des frais de déplacement forfaitaires déductibles». Les détails devraient en être dévoilés lors de la présentation de la réforme fiscale là encore en 2020.
Nul doute que grignoter de ce côté-là aussi pourrait inciter davantage de monde à délaisser l'auto - coûteuse - au profit de modes de transport - gratuits.
