19 polluants en moyenne dans votre chevelure
19 polluants en moyenne dans votre chevelure
Drôle d'idée : étudier les cheveux pour y mesurer notre exposition à la pollution. Pas si sot à y réfléchir car notre tête passe chaque heure en contact avec l'air libre, des rues, des bureaux, des appartements. Notre chevelure serait ainsi en mesure de capter le moindre polluant qui plane. C'est effectivement le cas, mais mieux encore, aux yeux des scientifiques du Luxembourg Institute of Health (LIH) : si analyser sang ou urine donne une idée d'une exposition à un produit quelques heures après, étudier les cheveux permet de mesurer le phénomène sur un temps plus long. Ces "poils'' poussant d'environ 1 cm par mois.
D'où le travail mené par l'unité de recherche Human Biomonitoring sur la chevelure de 497 personnes. Sur cet échantillon représentatif de la population, les analyses menées par l'équipe du Dr Brice Appenzeller ont ainsi recherché les traces de 67 pesticides organiques. Et au final, c'est en moyenne 19 polluants par tête qui ont pu être détectés. Certains étant présents chez tous les individus, une des conclusions de l'étude est que l'ensemble de la population est soumise à «l’exposition multiple à de nombreux polluants différents et de manière simultanée.» Nul n'y échappe donc.
Les scientifiques ont détecté un total de 24 polluants organiques persistants et 29 pesticides non persistants dans les cheveux des participants. Avec quatre noms revenant parmi la totalité des crinières analysées : le lindane (insecticide), l'hexachlorobenzène (fongicide), le p-nitrophénol (irritant) et la trifluraline (herbicide). Pas vraiment ce que l'on fait de mieux pour la santé.
Des polluants dans l'assiette
Dans les cheveux passés au crible les scientifiques ont aussi bien pu retrouver des traces du «passé industriel et manufacturier récent du Luxembourg» mais aussi des «pesticides employés dans les secteurs agricoles et non agricoles». Des produits dont l'emploi, pour certains, était pourtant interdit au Grand-Duché ou en Europe depuis des années.
Mais la pollution n'est pas que dans l'air, souligne au passage l'équipe du LIH. Ainsi, les traces détectées relèvent sans doute d'un phénomène de «persistance de ces produits chimiques dans l'environnement». Leur diffusion se faisant alors de manière progressive du sol vers la végétation et leur bio-accumulation passant dans la chaîne alimentaire, «qui est considérée comme la principale voie d'exposition pour la population générale».
Tout comme la consommation d'aliments importés de pays tiers avec des réglementations moins restrictives sur les pesticides pourrait également contribuer à cet aspect.
Et maintenant? Passé la publication de cette étude dans une revue internationale, le Luxembourg Institute of Health va désormais analyser l'impact de ces polluants sur la santé des sujets. Et plus particulièrement les conséquences de «l'effet cocktail» entraîné par le mélange de toxiques repérés sur les cheveux ayant servi de biomarqueurs.
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