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Une touche de bleu dans les négociations belges
International 4 min. 19.08.2020 Cet article est archivé

Une touche de bleu dans les négociations belges

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Source: Facebook
International 4 min. 19.08.2020 Cet article est archivé

Une touche de bleu dans les négociations belges

Max HELLEFF
Max HELLEFF
Les supputations vont bon train autour de la nomination mardi par le roi du libéral flamand Egbert Lachaert. Celui qui passe pour un allié potentiel de la N-VA devra rendre rapport au roi le 28 août.

De notre correspondant, Max Hellef (Bruxelles) - «Egbert Lachaert, le libéral qui s’entend avec Bart De Wever», titre La Libre Belgique. «Lachaert a dix jours pour annoncer la couleur», selon De Morgen. Quant à la chaîne publique flamande VRT, elle s’interroge: «Lachaert sera-t-il le grand artisan d'une coalition jaune-violet ou devra-t-il trouver d’autres formules?»

Ce mercredi matin, les médias belges soupèsent les chances du nouveau missionnaire royal de former le prochain gouvernement fédéral. La veille, le roi a désigné le libéral flamand Egbert Lachaert tout en finissant par accepter la démission de Bart De Wever et de Paul Magnette, le nationaliste flamand et le socialiste francophone ayant jeté l'éponge en fin de semaine dernière.

Egbert Lachaert était pratiquement inconnu au plan national il y a encore quelques mois. Mais le 22 mai dernier, son accession à la tête du parti libéral flamand (VLD) l'a propulsé au rang d’acteur de premier plan dans les discussions pré-gouvernementales. Toujours tiré à quatre épingles, rasé de frais, Lachaert est présenté par son homologue francophone Georges-Louis Bouchez comme un «homme droit, travailleur et intelligent.»

Georges-Louis Bouchez a de bonnes raisons de souligner la «droiture» d’Egbert Lachaert. Ce dernier n’a-t-il pas refusé de le lâcher à un moment où Bart De Wever rejetait toute possibilité d’alliance avec lui? Lachaert qui passe pour un allié potentiel de la N-VA n'en a pas moins torpillé le duo Magnette-De Wever en estimant que le projet des deux frères ennemis «allait creuser le déficit budgétaire de 15 milliards d'euros».


Belgian Socialist Party (PS) Chairman Paul Magnette arrives to attend a press conference after he presented his first 'preformateur' report to the King at the Royal Palace in Brussels, on November 18, 2019, on the formation of a new federal government following the May 26 elections. - Magnette was given 13 days - the shortest time since the start of the federal government's formation process following the May 26 election - to provide a report to the King. (Photo by THIERRY ROGE / BELGA / AFP) / Belgium OUT
Le choix de raison de Paul Magnette
Le socialiste belge est prêt à discuter avec la N-VA de Bart De Wever. Il ne ferme pas la porte à une nouvelle réforme de l’État.

S'il arbore le sourire du genre idéal, Egbert Lachaert n'est en réalité pas du genre accommodant. Il n'a de toute évidence pas l’intention de sacrifier les positions du libéralisme flamand aux intérêts des grands partis que sont la N-VA et le PS. Logiquement, il craint que le parti socialiste n'engage le prochain gouvernement dans une voie trop keynésienne, synonyme de déficit budgétaire accru. Logiquement encore, il ne peut accepter que la N-VA s'attribue à elle seule le rôle de chevalier blanc de l'économie et de l'industrie flamandes. Lachaert est un pragmatique: une réforme de l'Etat pour 2024 pourquoi pas?,  dit-il, mais il faut qu'elle soit guidée par l'efficacité.

Tel est le profil de l'homme que le roi Philippe a choisi, donnant ainsi à un «bleu» flamand l'occasion de se retrouver à son tour à la manœuvre. Egbert Lachaert a annoncé directement la couleur: «Le pays traverse l'une des plus grandes crises depuis la Seconde Guerre mondiale. Il faut un gouvernement fort, avec un large soutien et une politique équilibrée. Dans les moments difficiles, la politique doit transcender ses différences.» Et de fait, le moment est tout sauf anodin. Non seulement la Belgique boucle son quinzième mois sans gouvernement, mais elle pourrait se retrouver d'ici peu avec un exécutif fédéral privé de majorité.


Les pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement Wilmès
Sept partis politiques soutiendront depuis les travées de la Chambre l’actuel exécutif en affaires courantes qui deviendra ainsi «de plein exercice». Pour six mois maximum.

Le 17 septembre, la Première ministre Sophie Wilmès demandera à la Chambre de lui accorder de nouveau la confiance. En mars dernier, les partis avaient accepté de fumer le calumet de la paix le temps de faire front au coronavirus qui faisait alors des ravages. Aujourd'hui, si un rebond de la pandémie est constaté, la situation est loin d'être aussi problématique.

En résumé, si Sophie Wilmès devait emporter le vote de confiance le 17 septembre, son gouvernement pourrait théoriquement rester en place jusqu'en 2024, à condition de trouver des majorités alternatives au parlement au coup par coup. Les Belges auraient voté pour rien ou presque le 26 mai 2019. Au cas contraire, elle pourrait démissionner, laissant le pays avec à sa tête une direction dont on ne sait rien.

Egbert Lachaert a donc moins d'un mois pour passer en revue les différentes coalitions qui ont été ébauchées depuis quelque 450 jours. Avec la N-VA ou sans la N-VA? Avec cinq, six, sept partis, voire davantage? Le libéral flamand hérite d'un casse-tête qui paraît décidément insoluble. Il fera rapport au roi le 28 août.

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