Une sécheresse déjà qualifiée d'historique en France
Une sécheresse déjà qualifiée d'historique en France
(m. m. avec AFP) - Des cours d'eau presque à sec ou aux niveaux d'eau extrêmement bas, des réservoirs qui se vident à vue d'œil, des cultures asséchées,... L'Europe se dirige vers un été record en termes de sécheresse. Celle-ci a d'ores et déjà été qualifiée d'«historique» en France, par la Première ministre Elisabeth Borne. Plus d'une centaine de communes françaises se retrouvent aujourd'hui sans eau potable.
Ces communes sont approvisionnées par des camions d'eau potable, mais «tout l'enjeu c'est de durcir un certain nombre de restrictions pour éviter d'en arriver là», a expliqué le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.
Cette journée marque un tournant dans la prise en compte de ce phénomène climatique intense, avec les déclarations empreintes de gravité de la Première ministre ce vendredi matin. Elisabeth Borne s'est inquiétée que cette sécheresse - «la plus grave jamais enregistrée dans notre pays» - perdure, voire devienne «plus préoccupante encore».
Elle a activé, pour mieux coordonner l'action des autorités publiques, la cellule interministérielle de crise. Il s'agit de «réunions techniques» qui ont débuté vendredi en fin de matinée, sans décision attendue dans la foulée.
La crise couve depuis des mois dans certaines régions où les arrêtés sécheresse se sont multipliés depuis le printemps, faute de pluie.
93 départements en France métropolitaine sur 96 font déjà l'objet de restrictions d'eau à différents degrés et 66, soit environ les deux-tiers du pays, sont «en crise». Dans ce niveau d'alerte le plus élevé, l'arrosage des pelouses, des véhicules ou encore l'irrigation des cultures sont interdits, tout comme le remplissage des plans d'eau.
Juillet 2022 a été le deuxième mois le plus sec jamais enregistré en France, après mars 1961, avec un déficit de précipitations d'environ 84% par rapport aux normales de la période 1991-2020.
«On est sur un événement majeur, qui se compare sans difficulté à 1976 ou 2003», a commenté Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France. Avec en outre une «situation de sécheresse record pour l'humidité des sols depuis le 17 juillet au niveau national».
La sécheresse va encore s'accentuer en Wallonie
Du côté belge, c'est aussi l'inquiétude. La Cellule d'expertise sécheresse, qui s'est réunie jeudi, estime qu'on est «sur les bases d'une année historique». Le mois de juillet a été le plus sec jamais enregistré en Belgique depuis... 1885.
Et cela ne devrait pas s'arranger dans un futur proche puisqu'aucunes précipitations ne sont attendues dans les dix prochains jours, ce qui devrait encore accentuer la sécheresse dans les zones qui souffrent déjà du manque d'eau.
L'est de la province de Liège, près des frontières au nord du Luxembourg, est répertoriée comme zone «extrêmement sèche». On constate également des zones sèches en provinces de Liège, de Namur et de Luxembourg.
Dans les barrages et réservoirs, les niveaux d'eau continuent de baisser. L'inquiétude est grande surtout pour le barrage de Nisramont en province de Luxembourg, situé à une trentaine de kilomètres de la frontière luxembourgeoise.
Les débits des cours d'eau préoccupent également les autorités, qui surveillent la situation avec une grande attention. Certaines rivières connaissent déjà des débits historiquement bas et le kayak, très pratiqué en Wallonie, est interdit quasiment partout. La pêche n'est plus autorisée non plus dans certains cours d'eau.
Par contre, «les niveaux de la majorité des masses d’eau souterraines sont toujours comparables aux niveaux moyens rencontrés à la même période, ces cinq dernières années», indique la Cellule d'expertise sécheresse, ce qui permet de conserver une production et une distribution d'eau normale quasiment partout, sauf dans 13 communes wallonnes, où il est demandé aux habitants de restreindre leur usage de l'eau de distribution.
Inquiétude pour les cours d'eau au Luxembourg
De côté luxembourgeois, l'inquiétude est également de mise en ce qui concerne les cours d'eau. Ce temps sec et les faibles précipitations enregistrées ces dernières semaines pourraient entraîner des minima encore jamais égalés au Luxembourg. Certains seuils critiques ont déjà été atteints en 2022. Les dégâts sur la faune et la flore du milieu fluvial pourraient être irréversibles.
Des débits bas sont en effet synonymes d'une forte concentration des charges polluantes dans l'eau, mais également d'une augmentation des températures, ce qui représente un cocktail particulièrement toxique pour les organismes aquatiques et pour les poissons.
Le 13 juillet dernier, le pays était entré dans une «phase de vigilance», avec la mise en place de certaines restrictions pour limiter l'usage de l'eau potable, l'approvisionnement en eau étant menacé. Il était notamment demandé à la population de ne plus laver sa voiture ou remplir sa piscine avec l'eau potable. Cette phase de vigilance a été levée ce 4 août, du fait d'une baisse de cette consommation d'eau potable. Mais si la situation le nécessite, de nouvelles restrictions pourraient de nouveau être appliquées dans les prochaines semaine.
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