Une partition difficile attend la Vivaldi
Une partition difficile attend la Vivaldi
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Il était dit que la tâche ne serait pas simple. Lancé le 1er octobre 2020 avec la participation de pas moins de sept partis flamands et francophones, le gouvernement De Croo (''la Vivaldi'') a hérité de la gestion de la crise sanitaire menée jusque-là cahin-caha par la libérale Sophie Wilmès. Il fallait absolument stopper les ravages du virus tout en sauvant les pans de l’économie mis à l’arrêt. Pour le reste, on verrait plus tard.
Une année s’est écoulée et le gouvernement De Croo n’a pas à rougir de son bulletin pandémique. Après des débuts difficiles, la Belgique s’est hissée dans le peloton de tête européen de la vaccination, même si elle est aujourd'hui en recul (73% des Belges sont pleinement vaccinés) et plombée par de fortes disparités régionales.
Les aides financières prodiguées aux secteurs de l’économie mis sur pause semblent aussi avoir fortement limité la casse sociale. Selon la Banque nationale, la croissance économique atteindrait 5,7% cette année (3% en 2022), traduisant ainsi un net effet de rattrapage.
Mais, pour le reste, la Vivaldi a encore tout à prouver. Deux dossiers de première importance attendent ainsi dans les semaines à venir la coalition emmenée par le libéral flamand Alexander De Croo.
Le premier réside dans la confection du budget 2022, avec un affrontement annoncé entre les partisans de l’assainissement budgétaire et les défenseurs des investissements publics massifs. La note de départ du gouvernement indique la nécessité de faire 2,1 milliards d’euros d’économie en 2022. Effort qui ira croissant dans les prochaines années. L’objectif est de ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB dès 2023.
Mais la partie s’annonce rude. En chute dans les sondages, menacé par les communistes du PTB (opposition) sur sa gauche, le parti socialiste multiplie ces derniers temps les propositions alléchantes, quitte à hérisser ses partenaires gouvernementaux. Son président Paul Magnette exige ainsi des investissements massifs pour répondre à la crise climatique et sociale, estimant que l’heure n’est pas au retour à l’équilibre budgétaire.
Magnette demande en outre la gratuité dans les transports en commun. Début septembre, la ministre PS des Pensions, Karine Lalieux, avait aussi dévoilé en primeur dans la presse un plan de réforme particulièrement généreux pour les retraités, sans même en informer les autres partis de la coalition.
L’autre dossier de taille passe par l’intention du gouvernement d’organiser un conseil des ministres spécial Climat, avant la COP26 de Glasgow en novembre. La Vivaldi veut se montrer exemplaire, et tourner le dos en cette matière à la cacophonie qui prévalait sous l’ex-gouvernement Michel. Les inondations de la mi-juillet, ses 41 morts et ses milliards de dégâts, lui rappellent l’urgence climatique.
C’est ici que se profile la fermeture des centrales nucléaires prévue pour 2025. Dans un an, un premier réacteur devrait fermer. De nouvelles centrales au gaz devraient être construites pour pallier toute pénurie d’électricité. Mais les émissions polluantes que cette technologie implique d’une part, la perspective de dépendre du gaz venant de l’étranger et de perdre en autonomie d'autre part, compliquent la donne. Le tout dans un contexte où le prix des énergies s’envole.
Dans Le Soir du week-end, la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Ecolo) en rajoute. Elle plaide pour augmenter la rente nucléaire, cette taxation des profits excédentaires de l’exploitant des centrales Engie, protégé pourtant sur ce point par un accord de statu quo.
Les prochains mois de la Vivaldi n’auront rien d’un long fleuve tranquille. La coalition est minée par l’affrontement permanent du PS de Paul Magnette et du mouvement réformateur (MR, libéral francophone) de Georges-Louis Bouchez. Le Premier ministre Alexander De Croo a effectué un sans-faute jusqu'ici : il reste populaire mais se fait aussi moins présent, déplorent les éditorialistes.
La N-VA de Bart De Wever est en embuscade dans l’opposition. Elle répète à l'envi que ce gouvernement (où les francophones sont majoritaires) nuit aux intérêts flamands. Les opportunités de revenir à l’avant de la scène pourraient être nombreuses dans les mois qui viennent.
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