Une course très serrée entre Le Pen et Macron
Une course très serrée entre Le Pen et Macron
Par Christine Longin (Paris)
Marine Le Pen avait choisi Perpignan pour son dernier grand meeting de campagne. «Nous sommes prêts», a lancé la populiste d'extrême droite à quelque 3.000 partisans dans la ville du sud-ouest de la France, dirigée par son ancien compagnon Louis Aliot.
Peu avant le premier tour de l'élection présidentielle française, les sondages montrent que Marine Le Pen a de bonnes chances de gagner. Selon les chiffres de l'institut de sondage Ipsos, elle devrait arriver dimanche à 23%, juste derrière le président sortant Emmanuel Macron avec 26,5%. Le président pourrait remporter le second tour de l'élection présidentielle de justesse, avec 53%.
Faible campagne électorale de Macron
Alors que presque tous les candidats ont occupé jusqu'à la fin le terrain, Macron, occupé par la guerre en Ukraine, a été le grand absent de la campagne. Après son meeting de masse samedi dernier à Nanterre près de Paris, le chef de l'Etat n'a fait qu'une seule apparition supplémentaire. Au lieu de l'enthousiasme dont il avait fait preuve il y a cinq ans, l'homme de 44 ans a cette fois-ci fait preuve d'une grande retenue. Il a refusé de participer à un débat télévisé avec ses rivaux, ce qui a été interprété comme de l'arrogance. «Emmanuel Macron, qui s'était toujours vanté de sa prise de risque, est devenu un rentier», a critiqué le chef des Verts, Julien Bayou.
C'est surtout Le Pen qui a profité de la faible campagne électorale de Macron. La populiste de droite a progressé de quatre points dans les sondages au cours des deux dernières semaines. Même une première place au premier tour ne semble plus exclue. L'avocate profite du thème du pouvoir d'achat, qu'elle avait identifié très tôt.
L'immigration, que son parti, le Rassemblement national, avait l'habitude de thématiser pendant la campagne, elle l'a largement laissée à son rival d'extrême droite, Eric Zemmour. Le commentateur de télévision, condamné pour incitation à la haine, a récemment chuté dans les sondages et n'était plus qu'à 8,5 % - à égalité avec la conservatrice Valérie Pécresse.
«Regardez le Brexit»
Les autres concurrents n'ont pratiquement aucune chance de se qualifier pour le second tour le 24 avril : l'homme de gauche Jean-Luc Mélenchon est encore le mieux placé, avec 16,5 %. L'écologiste Yannick Jadot obtient 5,5 % et la socialiste Anne Hidalgo 2 %.
Alors que Zemmour devrait donner une consigne de vote pour Le Pen, Pécresse ne veut pas dire à ses électeurs pour qui ils doivent voter au second tour. Le «front républicain», dans lequel les partis s'étaient unis depuis des décennies contre l'extrême droite, est donc définitivement de l'histoire ancienne. Il avait encore permis à Macron de remporter une nette victoire contre Le Pen il y a cinq ans, avec 66%. Lors de son intervention à Nanterre, le président a mis en garde avec insistance contre un succès électoral de sa rivale populiste d'extrême droite. «Regardez le Brexit et tant d'élections qui semblaient improbables et qui se sont pourtant produites», a-t-il déclaré à ses quelque 30.000 partisans.
Deux politiciens impopulaires
Contrairement aux précédents scrutins, nombre des quelque 48 millions d'électeurs ne devraient se déterminer que peu de temps avant de se rendre dans l'isoloir. «C'est une élection extrêmement volatile, car la plupart des indécis n'apprécient aucun des deux favoris et pourraient se décider au gré de leur humeur«, analyse le politologue Paul Hilder dans le journal Libération. Il voit un parallèle avec les élections américaines de 2016, lorsque les électeurs étaient également indécis et que deux politiciens impopulaires, Hillary Clinton et Donald Trump, étaient en lice.
Dans les sondages, les Françaises et les Français s'étaient toujours prononcés contre une réédition du duel entre Macron et Le Pen de 2017. Le fait que les mêmes candidats arrivent désormais en tête qu'il y a cinq ans devrait conduire à ce que moins de personnes que d'habitude se rendent aux urnes. Le taux d'abstention pourrait être le plus élevé jamais enregistré, avec plus de 30 %.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
