Un variant trois fois plus contagieux que le covid
Un variant trois fois plus contagieux que le covid
Classée comme «préoccupante» par les scientifiques de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis le mois de mai, la mutation indienne du virus inquiète particulièrement les autorités sanitaires, au Luxembourg comme ailleurs. En cause: son fort taux de contagion.
Sur Twitter, l'épidémiologiste de l'OMS Maria Van Kerkhove assure que la souche indienne «s'insère plus facilement dans les cellules», ce qui la rend «trois fois plus contagieuse» que le virus original ou même le variant britannique, qui reste encore majoritaire dans de nombreux pays, notamment l'Espagne et le Portugal. Et pour cause, une étude de Public Health England (PHE), l'agence du ministère britannique de la Santé, indiquerait que le risque de contracter cette souche B.1.617.2 dans son propre foyer augmente de 64 % par rapport à la variante alpha.
Mais la forte contagiosité du virus n'explique pas à elle seule l'inquiétude des scientifiques. S'il n'existe pas à ce jour de consensus autour de la question, certaines études ont mis en avant la dangerosité du variant Delta. Des scientifiques écossais ont ainsi expliqué dans la revue médicale Lancet que la souche indienne du covid engendrerait «un plus grand nombre d'hospitalisations», et même de risques de décès.
En Angleterre, douze personnes sont décédées deux semaines après avoir reçu la dernière dose nécessaire à leur vaccination, suite à une contamination avec le variant Delta, rapporte le PHE. Des données à relativiser selon la communauté scientifique, puisque les décès liés au covid dépendent également de «conditions préexistantes», comme l'accès à des systèmes de soins de qualité.
De plus, les dernières études de l'OMS ont démontré que les sérums produits par BioNTech/Pfizer, Moderna, et AstraZeneca, protégeaient contre le variant indien, bien que celui-ci amoindrisse leurs effets. Ainsi, le PHE a démontré que les défenses immunitaires produites par le vaccin BioNTech/Pfizer étaient efficaces à 88% face à la souche indienne, contre 90% en cas de contamination avec le virus original ou son variant britannique. Même constat pour Vaxzevria, passant de 66% à 60%.
En conséquence, les autorités sanitaires ont pris des mesures à travers l'Union européenne. Le Luxembourg a par exemple instauré des restrictions drastiques pour les voyageurs en provenance du Royaume-Uni et d'Inde, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est vu contraint de décaler le déconfinement d'un mois dans le pays. Et alors que les deux derniers matches de l'Euro pourraient ne pas se tenir au stade de Wembley, le Portugal de son côté n'exclut pas un nouveau confinement, à peine deux mois après la réouverture des terrasses, collèges et autres musées.
En revanche, les autorités sanitaires luxembourgeoises ont écarté cette option. Bien que le Laboratoire national de Santé indique que la mutation indienne ait été répertorié dans 36% des cas analysés dans son bilan sanitaire du 14 au 20 juin, le ministère de la Santé a indiqué au Luxemburger Wort qu'il ne s'agit pas actuellement d'«une cause d'alarme». Les assouplissements du gouvernement ne sont donc pas remis en cause pour l'instant, bien que le Premier ministre Xavier Bettel (DP) comme le Grand-Duc Henri aient appelé à «la prudence».
Et si la stratégie de certains Etats européens comme le Grand-Duché consiste à «tester en masse» et à préserver les plus fragiles grâce à de nouveaux protocoles, pour éviter pareille mesure, la saison estivale pourrait bien être une véritable planche de salut. En effet, l'université d'Oxford estime que le risque d'infection au variant Delta serait beaucoup plus faible «en été que pendant l'hiver». Un recul espéré qui permettrait d'éviter de freiner les nouveaux assouplissements, si attendus.
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