Un scrutin sous tension au Brésil
Un scrutin sous tension au Brésil
(AFP) - L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), en tête dans les sondages, a donné rendez-vous à ses partisans dans la matinée ce samedi pour une «marche» sur l'emblématique avenue Paulista, où ont lieu les grandes manifestations dans cette mégalopole.
A environ 5 km de là, pratiquement au même moment, Jair Bolsonaro prendra la tête d'un cortège à moto qui doit le mener au parc Ibirapuera, poumon vert de Sao Paulo.
Le président d'extrême droite a sillonné de nombreuses villes du pays en deux-roues, le plus souvent sans casque, avec ses partisans, y compris à Guaranhuns, dans le Pernambouc (nord-est), où Lula a grandi avant de partir à Sao Paulo avec sa famille pour fuir la faim.
Mais sa campagne promet une démonstration de force pétaradante ce samedi pour donner un dernier élan à l'ancien parachutiste, face au risque de voir son rival l'emporter dès le premier tour le lendemain.
Cette campagne s'est déroulée dans des conditions très particulières, pour des raisons de sécurité: les candidats portent un gilet pare-balle et des barrières de sécurité sont placées lors des meetings pour empêcher la foule de s'approcher trop près de la scène.
Fin de campagne tendue
C'est aussi ce samedi que doit sortir le tout dernier sondage de l'institut de référence Datafolha.
Jeudi soir, cet institut donnait Lula encore largement en tête des intentions de vote, maintenant 14 points d'avance sur Bolsonaro (48% contre 34%).
Pour obtenir un troisième mandat dès dimanche, l'ex-président doit obtenir au moins 50% des votes exprimés (sans les nuls ni les blancs).
Dans le sondage de jeudi, il était justement crédité de 50% de ces votes dits «valides», la marge d'erreur du sondage (+ ou - 2 points de pourcentage) laissant planer l'incertitude sur la tenue d'un second tour le 30 octobre.
Ces dernières heures de campagne «seront très tendues, tout le monde observera les moindres détails qui pourraient faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre», souligne à l'AFP Jairo Nicolau, politologue à la Fondation Getulio Vargas.
Cette tension était palpable jeudi soir, lors du dernier débat télévisé, sur la chaîne TV Globo, la plus regardée du pays.
Lula et Bolsonaro se sont rendu coup pour coup, se traitant tour à tour de «menteur» et de «corrompu».
Une passation de pouvoir difficile?
Le président sortant a aussi qualifié l'ancien tourneur-fraiseur de «traître à la patrie», et Lula a rétorqué qu'il allait le «renvoyer à la maison» en gagnant au premier tour dimanche.
Mais la passation de pouvoir pourrait s'avérer «plus difficile» en cas de victoire du candidat de gauche, avec de longues semaines jusqu'à l'investiture, le 1er janvier.
Lula a admis vendredi en conférence de presse craindre des «troubles» durant cette transition.
Jair Bolsonaro a donné de nombreux signes qu'il pourrait ne pas reconnaître les résultats en cas de défaite, invoquant notamment des risques de «fraude» sans apporter de preuve.
La semaine dernière, le chef de l'Etat avait affirmé qu'il serait «anormal» qu'il n'obtienne pas au moins 60% des voix au premier tour.
