Un gouvernement belge se profile à la rentrée
Un gouvernement belge se profile à la rentrée
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - La Belgique tient peut-être son prochain gouvernement. Un peu plus de quatorze mois après les élections législatives du 26 mai 2019, les socialistes francophones et les nationalistes flamands ne seraient plus qu’à quelques semaines de conclure une alliance.
Paul Magnette et Bart De Wever, les présidents du PS et de la N-VA, continuent leur mission de préformateurs, conformément à la demande du roi Philippe qui les a invités à « réunir au plus vite les présidents de parti pouvant offrir une large assise à la formation d'un gouvernement». C'était le 20 juillet dernier, à la veille de la Fête nationale. De Wever et Magnette s’étaient alors donné une cinquantaine de jours pour réussir; le second plaidant même pour un retour aux urnes en cas d’échec. Depuis, ils ont fait rapport au souverain qui leur a demandé de poursuivre le travail.
On sait peu de choses de l’état actuel des négociations entre la N-VA et le PS. Selon le libéral flamand Egbert Lachaert, Paul Magnette aurait mis sur la table «un programme économique socialiste (...) Des avantages plus importants, une compétitivité réduite des entreprises. Des milliards de dépenses supplémentaires, de nouveaux impôts sur le capital, une taxe sur les valeurs mobilières également pour les petits investisseurs et les indépendants. Et surtout, pas de réformes pour financer tout cela». Le tout coûterait 10 milliards d’euros de plus au pays en 2021, alors que ses finances sont exsangues en raison de la crise du coronavirus...
Sur le plan médiatique, la question du moment porte davantage sur le choix des partenaires de la future coalition que sur le contenu de son programme. L’alliance de la N-VA et du PS, les deux principales formations politiques du pays, n’est en effet pas suffisante pour constituer une majorité à la Chambre.
Au cours des derniers mois, plusieurs partis se sont dits prêts à monter au gouvernement fédéral. Toutefois, Bart De Wever exclut désormais de s’allier au Mouvement réformateur (MR, libéral francophone) qui, dit-il, s’est montré incapable de gérer la crise du covid. Le nationaliste flamand se dit persuadé à 99,9% que la «bulle de cinq partis» peut en revanche former un exécutif d'ici deux à trois semaines.
Cette « bulle » engloberait la N-VA et le PS, rejoints par les socialistes et les chrétiens-démocrates flamands ainsi que par les humanistes francophones (CDH, ex-sociaux-chrétiens). Problème : ce quintet ne représente que 70 sièges sur 150 à la Chambre. Il en faut donc six de plus pour constituer une majorité viable. Les libéraux francophones de Georges-Louis Bouchez sont ainsi bien mal récompensés.
C’est en effet pour rejoindre la N-VA que leur ancien président, Charles Michel, avait rompu le bloc francophone en 2014. Quant à Bouchez, il n’a cessé de clamer au cours des derniers mois que cette même N-VA devait faire absolument partie du prochain gouvernement.
L'anathème lancé par Bart De Wever sur les libéraux francophones est tactique. Il aboutit à désigner le MR comme un bouc émissaire, responsable de la crise actuelle. C’est une riposte claire aux exigences du PS qui, lui, ne veut pas des libéraux flamands au motif que leur inclusion dans la future coalition la ferait pencher trop à droite.
Ces calculs politiques ne disent pas ce que le futur gouvernement compte faire pour redresser le pays. Le produit intérieur brut (PIB) de la Belgique a chuté de 12,2 % au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent.
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