Un gouvernement belge dans l’année
Un gouvernement belge dans l’année
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les Belges auront-ils un gouvernement en 2020, après plus d'un an d'attente? Oui, selon l’informateur royal Georges-Louis Bouchez un brin optimiste. Vêtu d’un t-shirt barré de la devise nationale «L’Union fait la force» et flanqué de la fusée de Tintin, le libéral francophone s’est fendu mardi d’un message rassembleur sur Twitter : «2020 sera l'année de la Belgique (dotée d’un) gouvernement stable et fort» (qui) «prendra des décisions en faveur des citoyennes et des citoyens».
«Les citoyennes et les citoyens » sont précisément consultés par les deux informateurs royaux du moment, à savoir Georges-Louis Bouchez et son alter ego flamand, le chrétien-démocrate Joachim Coens. Les deux hommes prennent le pouls d’une série d’associations et d’organisations. Certaines autorités scientifiques figurent également sur leur agenda, tel le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele.
Ces consultations doivent permettre aux informateurs de rédiger une note qui sera remise au roi le 13 janvier prochain. Elle est censée esquisser les contours d’une future majorité parlementaire.
En soi, la méthode n’est guère différente de celle qu’avait employée le socialiste francophone Paul Magnette durant sa mission d’information. Magnette avait lui aussi sélectionné une série de thématiques (climat, travail, justice, etc.) aussitôt soumises aux dix partis politiques présents autour de la table de négociation, mais aussi à la société civile. Il en avait résulté une liste de points d’accords potentiels, dont la tonalité était en réalité beaucoup moins à gauche que ne le suggéraient les couleurs «arc-en-ciel» d’une majorité qui aurait réuni les écologistes, les socialistes et les libéraux.
Consulter la société civile
Paul Magnette aurait ainsi renoncé à ramener la retraite à 65 ans (elle sera fixée à 67 ans dès 2030) avec l’espoir de convaincre les libéraux flamands de le suivre.
Une constante : consulter la société civile est dans l’air du temps politique belge. Au lendemain des élections du 26 mai, les écologistes en avaient même fait un axe des négociations qu’ils menaient alors avec les socialistes en Région wallonne («Le Coquelicot»). Au cours de l’année écoulée, par ailleurs, la Communauté germanophone s’est dotée d'un conseil citoyen permanent aux côtés de son parlement «régulier». Le Parlement bruxellois a quant à lui mis sur pied un système de commissions délibératives, composées de citoyens et de députés, en vue de débattre de thématiques précises.
Ces ouvertures (plus ou moins sincères) vers la société civile doivent permettre de réconcilier le citoyen avec la politique. Tous les sondages démontrent en effet à quel point le fossé qui les sépare n’a cessé de grandir.
La N-VA se mouillera-t-elle?
Du reste, les informateurs royaux n’ont plus guère qu’une dizaine de jours pour tenter de former une majorité. Georges-Louis Bouchez et Joachim Coens souhaitent réunir les partis politiques en multilatérales la semaine prochaine. Le 13 janvier, lors de leur rapport au roi, ils dresseront sans doute la liste de ceux qui sont prêts à se lancer dans l’aventure fédérale. Un préformateur pourrait alors être nommé.
Le conditionnel reste toutefois de rigueur. La question de savoir si la N-VA de Bart De Wever entrera à un moment donné dans la négociation demeure sans réponse. Les chrétiens-démocrates flamands souhaitent toujours qu’elle se «mouille». Quant aux libéraux flamands de l’Open-VLD, ils restent divisés sur l’opportunité de participer à un gouvernement sans la N-VA.
