Tensions belgo-belges autour des inondations
Tensions belgo-belges autour des inondations
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - La Belgique est-elle en train de démontrer une fois encore les limites de sa complexité institutionnelle? Ces derniers jours, tensions et appels du pied se sont multipliés entre Wallonie, Flandre et gouvernement De Croo dans le contexte des inondations qui ont frappé l’est du pays à la mi-juillet. Une idée se répand en Flandre: la Wallonie serait incapable de s’en sortir seule face au drame et ses conséquences.
Le premier assaut est venu de la droite nationaliste flamande, mais en visant prioritairement le (fragile) gouvernement De Croo. La N-VA de Bart De Wever a demandé une réunion parlementaire en urgence pour faire le point. «Nous disons que le gouvernement fédéral a déserté, que les gouverneurs sur place n’ont pas été soutenus. D’ailleurs, c’est avec eux qu’il fallait agir!», s’insurge la députée Yngvild Ingels.
Le gouverneur de la province de Liège, le libéral Hervé Jamar, est pourtant critiqué pour la manière dont la catastrophe a été gérée par ses services. Mais il ne peut communiquer, a-t-il commenté au Soir, «vu la reprise de la gestion de crise par le commissariat régional avec appui fédéral, et vu l’instruction judiciaire».
Dans les faits, les sinistrés disent avoir été abandonnés aux heures les plus difficiles. Des alertes n’ont pas été données suffisamment vite. De nombreux cafouillages ont plombé l’aide d’urgence. Sur place, alors que les rivières s’étaient transformées en torrents, les premiers secours étaient de toute évidence rendus inopérants par un manque d’effectifs et de matériels
Jeudi, la ministre fédérale de l’Intérieur, Annelies Verlinden, a annoncé qu’une «cellule de soutien fédérale» aidera le gouvernement wallon à «coordonner les efforts d’assistance dans les régions sinistrées par les intempéries», où «toutes les disciplines de gestion de crise seront réunies, comme la police, les pompiers, la protection civile et la défense».
Le gouvernement wallon semble peu apprécier de se voir ainsi forcer la main. Samedi, le ministre wallon du Budget et des Finances, le libéral Jean-Luc Crucke, a demandé de vérifier si la «solidarité nationale» existait encore. Il s’est adressé au Premier ministre Alexander De Croo et l’a remercié pour son empathie. Mais «je soutiens que la solidarité nationale doit jouer, a-t-il déclaré. Je suis de ceux qui pensent, qui espèrent, que cette solidarité nationale existe encore. C’est bien le moment de le vérifier».
Sort encore incertain
Et de préciser que le soutien fédéral ne peut se limiter à l’intervention de la protection civile ou de l’armée. Il voudrait que la reconstruction (estimée entre un et deux milliards d’euros à ce stade) profite aussi à l’emploi et à la formation des Wallons...
Sur place, la situation des sinistrés reste difficile. Ils sont des milliers à devoir être relogés. Nombre de maisons inondées seront privées de gaz pendant de longs mois, ce qui les empêchera de sécher. Certains ont tout perdu. Si le gouvernement wallon a passé un accord avec les assureurs pour offrir une couverture supérieure aux assurés, le sort de ceux qui n’avaient pas contracté de polices d’assurance reste incertain. Sans surprise, il s’agit des plus pauvres.
Refusée jusqu'ici par le ministre-président wallon Elio Di Rupo, l’idée d’une commission d’enquête parlementaire sur les inondations fait son chemin dans les partis. Le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, demande qu’elle examine, outre les responsabilités et les dysfonctionnements, le rôle de l’aménagement du territoire et du réchauffement climatique dans les origines de la catastrophe. Partenaire gouvernemental wallon lui aussi, le Mouvement réformateur se prononce également en faveur d’une commission d’enquête.
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