Six choses connues sur le coronavirus
Six choses connues sur le coronavirus
Ce lundi, officiellement, 361 patients sont morts d'une infection respiratoire en lien avec le coronavirus sur 17.200 cas confirmés en Chine. Un premier décès hors de ce pays a été signalé dimanche aux Philippines. Il s'agissait d'un Chinois de 44 ans originaire de la ville de Wuhan, épicentre de la contagion. A l'heure où Cargolux se voit dans l'obligation de diminuer ses liaisons vers la Chine, faute de fret à acheminer, voici quelques précisions sur l'épidémie qui fait trembler le monde.
Le taux de mortalité
Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies de coronavirus: voilà où semble se situer la dangerosité du nouveau coronavirus baptisé 2019-nCoV. Même si l'on ne connaîtra le taux réel de mortalité qu'à la fin de l'épisode.
Le taux de mortalité, indicatif, baisse chaque jour puisque, proportionnellement, le nombre de nouveaux cas recensés augmente plus vite que celui des décès. Une étude parue vendredi dans la revue médicale The Lancet évalue à 76.000 (soit plus de dix fois l'estimation officielle) le nombre de personnes infectées rien qu'à Wuhan, en se basant sur des projections statistiques.
Les deux précédentes épidémies mortelles causées par un coronavirus, le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) et le Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) s'étaient montrées bien plus virulentes. L'épidémie de Sras avait fait 774 morts dans le monde en 2002-2003 selon l'OMS, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong. Sur 8.096 cas, cela situe son taux de mortalité à 9,5%.
La grippe saisonnière est elle bien plus mortelle en chiffres absolus, puisqu'elle fait entre 290.000 et 650.000 morts par an dans le monde, selon l'OMS. Outre la dangerosité du virus, c'est aussi sa capacité à se transmettre qui déterminera la gravité de l'épidémie.
A l'origine du virus
La piste d'un virus provenant des chauves-souris, évoquée par les chercheurs depuis le début de l'épidémie, semble se confirmer. Selon une étude publiée dans la revue Nature, le génome du virus prélevé sur cinq malades gravement touchés est «identique à 96%» à celui d'un coronavirus qui circule chez les chauves-souris. En revanche, on ne sait toujours pas quel animal l'a transmis à l'homme.Identifier cet hôte intermédiaire pourrait contribuer à juguler l'épidémie.
Dans le cas du Sras, où l'animal en cause s'était avéré être la civette, l'interdiction de la consommation de ce mammifère avait permis de «prévenir toute réintroduction» du virus, rappelle le Pr Arnaud Fontanet. A l'inverse, l'une des raisons pour lesquelles l'épidémie de Mers se poursuit est le fait que le réservoir du virus est le dromadaire, un animal domestique.
Le niveau de contagion
L'un des paramètres importants est le nombre de gens contaminés par chaque personne infectée, appelé «taux de reproduction de base». Ces derniers jours, plusieurs estimations ont été réalisées par différentes équipes de recherche, allant de 1,4 à 5,5. La dernière en date provient de chercheurs chinois estimant que chaque malade a infecté en moyenne 2,2 personnes.
C'est plus élevé que la grippe hivernale (de l'ordre de 1,3) mais nettement inférieur à la rougeole, très contagieuse (plus de 12), et comparable au Sras (3).
Les symptômes
Le tableau clinique de la maladie respiratoire provoquée par le nouveau coronavirus se précise après l'analyse des 99 premiers cas repérés en Chine. Tous ces patients avaient une pneumonie, la plupart avaient de la fièvre et toussaient et un tiers souffrait d'essoufflement. L'âge moyen de ces patients est de 55 ans, les deux tiers sont des hommes et la moitié souffrait de maladies chroniques (problèmes cardiovasculaires, diabète...).
Il n'existe ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes, dont la fièvre. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux, dont l'efficacité est en cours d'évaluation.
Contagieux sans symptômes
Les autorités chinoises ont avancé que la contagion était possible avant que des symptômes n'apparaissent (ce qui est le cas pour la grippe). Cette hypothèse, non confirmée avec certitude, pourrait compliquer le contrôle de la dissémination du virus car cela rendrait plus difficile le repérage des personnes contaminées. Même si une telle hypothèse s'avérait, il faudrait «voir ce que ça pèse dans la dynamique de l'épidémie», souligne le Pr Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur à Paris. En effet, la toux d'un patient infecté est un vecteur important de transmission du virus, or, un patient sans symptôme ne tousse pas.
Les effets de la quarantaine
Hormis les mesures de confinement en Chine, visant des dizaines de millions d'habitants, autour de Wuhan et de Wenzhou, plusieurs pays ont mis en place une quarantaine de 14 jours pour leurs ressortissants rapatriés. Cette durée a été décidée sur la base de la période d'incubation probable du nouveau coronavirus: l'OMS estime le délai entre l'infection et l'apparition des premiers symptômes entre deux et dix jours, tandis qu'une étude chinoise parue dans le NEJM l'évalue à 5,2 jours en moyenne, avec une forte variation selon les patients.
Le fait que l'estimation soit préliminaire et «imprécise» justifie «une période d'observation ou de quarantaine de 14 jours pour les personnes exposées», écrivent les chercheurs chinois. Au-delà, une personne qui n'a pas déclaré de symptômes et qui n'a pas été de nouveau exposée à un risque de contagion est considérée comme n'étant plus à risque.
