Changer d'édition

Qui pour succéder à Baghdadi?
International 3 min. 28.10.2019 Cet article est archivé

Qui pour succéder à Baghdadi?

La mosquée Al-Nuri de Mossoul, où Abu Bakr al-Baghdadi s'est adressé à ses fidèles peu de temps avant la libération de la région en 2017

Qui pour succéder à Baghdadi?

La mosquée Al-Nuri de Mossoul, où Abu Bakr al-Baghdadi s'est adressé à ses fidèles peu de temps avant la libération de la région en 2017
Photo: AFP
International 3 min. 28.10.2019 Cet article est archivé

Qui pour succéder à Baghdadi?

La mort du chef du groupe Etat islamique (EI), cible d'un raid américain en Syrie, a ouvert la question de sa succession à la tête du mouvement jihadiste mais la liste des potentiels remplaçants est courte, soulignent les experts.

(AFP) -  La liste a été encore raccourcie avec l'annonce, dans un autre raid dimanche dans le nord de la Syrie, du porte-parole de l'EI Abou Hassan Al-Mouhajir, une figure connue qui faisait partie des remplaçants possibles. 

Les comptes associés à l'EI sur les réseaux sociaux n'ont pas mentionné jusqu'à présent la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi et il n'y est logiquement pas question de successeur.


This handout picture taken and released by the White House on October 27, 2019 shows US President Donald Trump (C) watching in the Situation Room as US Special Operations forces close in on ISIS leader Abu Bakr al-Baghdadi. - Trump confirmed the death of Islamic State chief Abu Bakr al-Baghdadi, the world's most wanted man, during an overnight US special operation in northwest Syria. Baghdadi died after exploding a suicide 'vest.' (Photo by Handout / White House / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / WHITE HOUSE" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
Le chef de l'EI «est mort comme un chien»
Donald Trump a annoncé dimanche la mort du chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi lors d'une opération militaire dans le nord-ouest de la Syrie. C'est un succès à l'international pour le président américain mais qui a été accueilli avec retenue par ses alliés européens.

Selon Hicham al-Hachémi, un expert irakien de l'EI, deux candidats pourraient être sur les rangs: Abou Othman al-Tounsi et Abou Saleh al-Jouzrawi, aussi connu sous le nom de Hajj Abdallah.

Le premier est un ressortissant tunisien qui préside le conseil de choura de l'EI, un organe politique consultatif, sur lequel on sait très peu de choses, explique l'expert. Le second est un Saoudien présidant le "Conseil des délégués" de l'EI, qui détient un rôle exécutif.

«Défections»

Les deux hommes, explique M. Hachémi, ont le même handicap, majeur: aucun n'est originaire de Syrie ou d'Irak - Baghdadi était Irakien -, les deux pays dont la grande majorité des combattants de l'EI est issue. Choisir un chef sans tenir compte de ce facteur «pourrait conduire à des défections», note M. Hachémi.

Aymen Jawad Tamimi, un universitaire spécialisé sur la question, fait lui aussi mention de Hajj Abdallah comme héritier potentiel. On sait peu de choses de lui si ce n'est que son nom a été cité comme «adjoint de Baghdadi» dans des documents qui ont fuité de l'EI. «A ma connaissance, il n'est pas mort», précise M. Tamimi.

Une autre figure du groupe revient régulièrement parmi les dirigeants possibles: Abdallah Qardash, un ancien officier de l'armée irakienne qui fut emprisonné avec Baghdadi en 2004 à Bucca, une prison alors sous commandement militaire américain. Mais, selon M. Hachémi, la mort d'Abdallah Qardash en 2017 a été annoncée par plusieurs membres de sa famille, notamment sa fille qui se trouve aux mains des services de renseignement irakiens.


«Violents combats» dans l'ultime réduit de l'EI
De violents combats opposent dimanche en Syrie l'alliance arabo-kurde soutenue par Washington aux jihadistes du groupe Etat islamique, au lendemain du lancement de l'assaut «final» pour mettre un terme au «califat» autoproclamé de l'EI.

D'après un communiqué attribué il y a plusieurs mois à Amaq, l'agence de propagande de l'EI, Qardash aurait été désigné comme successeur de Baghdadi. Mais ce texte n'a jamais été formellement entériné par l'EI et il est en outre considéré comme un faux par des experts comme MM. Tamimi et Hachémi.

Quel que soit le successeur de Baghdadi, sa tâche sera complexe alors que le mouvement a dû, après ses défaites militaires, se dissoudre en une multitude de cellules clandestines en Syrie et en Irak, avec des communications difficiles dans des pays en plein chaos.

«Peu importe le nom»

Baghdadi avait dû faire face à une contestation interne de ses choix stratégiques lors de la chute du «califat» en mars dernier, alors qu'il était accusé par certains combattants jihadistes de briller par son absence. Baghdadi mort, «des affiliés de l'EI pourraient changer d'allégeance ou simplement décider de ne pas confirmer leur allégeance à son successeur», explique Nate Rosenblatt, chercheur à l'université d'Oxford.

De nouvelles alliances pourraient renforcer des groupes jihadistes rivaux de l'EI, comme Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) ou Hourras al-Din, un groupuscule extrémiste, note M. Rosenblatt. Max Abrahms, de la Northeastern University à Boston, estime que la succession de Baghdadi n'aura de toute façon pas d'impact majeur sur le terrain.

Peu de groupes jihadistes ont une organisation aussi bureaucratique que l'EI

«Peu importe le nom de celui qui prendra la place de Baghdadi», déjà quasi invisible depuis 2014, dit M. Abrahms. «Au niveau des prises de décision, des opérations et du recrutement, l'EI a toujours été beaucoup plus décentralisé qu'al-Qaïda», ajoute-t-il.

Quand Ben Laden a été tué en 2011, également dans un raid américain, la question de son remplacement était bien plus cruciale car il était beaucoup plus impliqué et dirigeait une structure nettement plus centralisée. Or, selon M. Abrahms, «peu de groupes jihadistes, si ce n'est aucun, n'ont une organisation aussi bureaucratique que l'EI». «Il devrait donc plus resserrer les rangs que se désintégrer».


Sur le même sujet

Donald Trump a annoncé dimanche la mort du chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi lors d'une opération militaire dans le nord-ouest de la Syrie. C'est un succès à l'international pour le président américain mais qui a été accueilli avec retenue par ses alliés européens.
This handout picture taken and released by the White House on October 27, 2019 shows US President Donald Trump (C) watching in the Situation Room as US Special Operations forces close in on ISIS leader Abu Bakr al-Baghdadi. - Trump confirmed the death of Islamic State chief Abu Bakr al-Baghdadi, the world's most wanted man, during an overnight US special operation in northwest Syria. Baghdadi died after exploding a suicide 'vest.' (Photo by Handout / White House / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / WHITE HOUSE" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
De violents combats opposent dimanche en Syrie l'alliance arabo-kurde soutenue par Washington aux jihadistes du groupe Etat islamique, au lendemain du lancement de l'assaut «final» pour mettre un terme au «califat» autoproclamé de l'EI.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé mardi détenir des informations de hauts responsables du groupe jihadiste Etat islamique (EI) confirmant la mort de leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi.
Si elle était confirmée, la mort de Baghdadi porterait un nouveau coup dur au groupe extrémiste sunnite.