Purge dans le milieu économique wallon
Purge dans le milieu économique wallon
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Deux Wallons ont défrayé la chronique judiciaire au cours des dernières années. Stéphane Moreau a été pointé à plusieurs reprises pour une série d’opérations douteuses dans le cadre du groupe Nethys, actif dans les secteurs de l'énergie et des télécoms via la marque Voo.
François Fornieri est le patron de Mithra, une entreprise pharmaceutique cotée en bourse, mais il fut aussi administrateur et président du comité de rémunération de Nethys. Les deux hommes sont aujourd’hui derrière les barreaux. Jusqu'à preuve du contraire, ils bénéficient de la présomption d'innocence.
Dans le cas présent, la justice belge se concentre sur le dossier «rétentions», soit de plantureuses indemnités données par François Fornieri dans le cadre de ses fonctions chez Nethys à quatre managers de cette société. On parle ici d’un montant de 18 millions d’euros, dont 11,6 millions pour le seul Stéphane Moreau. Cet argent aurait été versé afin de contourner le plafonnement légal de rémunération imposé aux dirigeants des structures publiques wallonnes (245.000 euros brut maximum par an). En contrepartie, Fornieri aurait racheté pour son compte deux sociétés contrôlées par Nethys pour… deux euros. Une opération cassée depuis par les autorités wallonnes.
Implication multiple
François Fornieri a été placé sous mandat d’arrêt jeudi et écroué à la prison de Marche-en-Famenne. Selon ses avocats néanmoins, François Fornieri a toujours agi dans le cadre strict de la loi et fourni toutes les preuves de son innocence. Les avocats ont également expliqué que la privation de liberté de leur client serait justifiée par l’audition d’autres parties impliquées dans le dossier…
Ces «autres parties» sont Stéphane Moreau, Pol Heyse et Bénédicte Bayer, trois ex-dirigeants du groupe liégeois Nethys. Les deux premiers ont été placés sous mandat d’arrêt dans la nuit de samedi à dimanche et transférés à la prison de Lantin. Bénédicte Bayer a été libérée sous conditions.
Entrepreneur puissant
En tout, six personnes sont inculpées dans ce dossier, dont quatre sous mandat d’arrêt. Elles resteront en détention jusqu’à ce que la chambre du conseil examine leur cas, dans les cinq jours. Les chefs d’inculpation sont identiques pour tous: détournement par personne exerçant une fonction publique et abus de biens sociaux. Stéphane Moreau est inculpé également «de faux, d’usage de faux et d’escroquerie».
Nul ne sait où va s’arrêter l’onde de choc produite par ces arrestations. François Fornieri est un entrepreneur puissant, un de ces self-made-men de la pharma wallonne, secteur de pointe qui doit arracher la Région à une sinistrose de plusieurs décennies. Ses ramifications dans la politique liégeoise sont vastes.
Mauvais souvenirs pour le PS
Dans un rétroacte où elle évoque «la chute de la république bananière d’Outre-Meuse», la chaîne publique RTBF affirme que «François Fornieri excelle dans la construction d’entités qui bénéficient de subsides multiples et variés (…). Quand Mithra va mal en 2014, Stéphane Moreau, patron de Nethys, injecte des millions d’euros. Sans Stéphane Moreau, François Fornieri ne serait pas devenu François Fornieri», affirme la RTBF.
Rappelons par ailleurs qu’à la fin 2016, Stéphane Moreau fut mis en cause dans l’affaire Publifin, du nom de cette intercommunale liégeoise qui payait grassement à ne rien faire les seconds couteaux de plusieurs partis. Moreau, qui était alors bourgmestre de la commune d’Ans (nord-ouest de Liège), avait démissionné de son mandat politique et s’était exclu du Parti socialiste.
Depuis, le PS, qui a énormément perdu à la suite de l’affaire Publifin, s’est refait une virginité. Reste à voir si la nouvelle saga judiciaire qui commence ne l’éclaboussera pas une fois encore.
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