Premier coup de stress pour Hadja Lahbib
Premier coup de stress pour Hadja Lahbib
De notre correspondant Max Hellef (Bruxelles)- La vie a radicalement changé pour Hadja Lahbib, passée en un tournemain du rôle de journaliste de la chaîne publique francophone RTBF à ministre des Affaires étrangères. En fin de semaine dernière, elle s'est ainsi entretenue à Bruxelles avec des représentants de l'ONU pour la région des Grands Lacs et la RDC. La situation dans l'est du Congo est préoccupante et la Belgique entend prendre voix au chapitre.
Au même moment, Hadja Lahbib faisait face à ses premiers détracteurs, en la personne de la N-VA nationaliste flamande de Bart De Wever (opposition au fédéral), suivie par le parti Les Engagés (ex-humanistes). La propagande ukrainienne a aussitôt pris la nouvelle cheffe de la diplomatie pour cible.
De Roover à l'origine de l'affaire
Voici les faits. En juillet 2021, Hadja Lahbib s'est rendue en Crimée, munie d'un visa russe, pour assister à un festival culturel - la Crimée a été envahie par la Russie en 2014. Celle qui est alors journaliste veut profiter de ce déplacement pour effectuer un repérage en vue du tournage d'un documentaire. Mais elle n'ira pas plus loin, gênée «notamment devant la demande russe de financer tout le voyage et de mettre un cameraman à disposition», selon Le Soir. Elle se contentera d'écrire un billet radio sur le repérage, les garanties d'indépendance n'étant pas suffisantes. Ces informations ont été confirmées par la RTBF.
Peter De Roover, le chef de groupe N-VA à la Chambre, a dévoilé l'affaire via un tweet expédié lors de la nomination de l'ex-journaliste à la tête des Affaires étrangères. Et le nationaliste flamand d'insister sur le fait que Hadja Lahbib a pris part à un festival dont l'une des sociétés organisatrices serait présidée par une certaine Katerina Tikhonova, la «deuxième fille de Vladimir Poutine». «Quoi qu'il en soit, pourquoi n'a-t-elle pas été totalement transparente à ce sujet quand elle a pris ses fonctions au gouvernement?», s'interroge De Roover.
Victime d'attaques ukrainiennes... sur les réseaux sociaux
La nouvelle ministre a aussitôt fait les frais d'attaques ukrainiennes sur les réseaux sociaux, à la manière de l'assaut subi par la précédente cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès, lorsque cette dernière s'était jointe à ceux qui refusaient d’établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire ukrainien, comme le réclamait le président Volodymyr Zelensky.
L'affaire n'en est pas restée là. Selon l'hebdomadaire flamand «Knack» cette fois, le déplacement en Crimée avait été précédé d'une visite à Sotchi quelques mois plus tôt. Hadja Lahbib, toujours journaliste donc, s'y était rendue cette fois pour assister au Festival international des arts d’hiver. Sur place, elle s'était entretenue avec le directeur du festival et violoniste Yuri Bashmet. Un partisan de Vladimir Poutine, récemment décoré par le président russe…
Ne restait à Hadja Lahbib qu'à éteindre l'incendie. En fin de semaine dernière, elle a exprimé auprès de son homologue Dmytro Kuleba l'«indéfectible solidarité» de la Belgique avec Kiev à l'occasion de la Journée de l'État ukrainien. «L'Ukraine est un pays indépendant et souverain ainsi qu'un membre précieux et digne de confiance de la communauté internationale. Son peuple a le droit indiscutable de choisir son propre destin», a communiqué la nouvelle ministre tout en insistant sur le fait que «la Crimée et le Donbass sont actuellement sous l'occupation illégale de la Fédération de Russie, directement ou via des régimes fantoches».
Ces mots ont semble-t-il eu pour effet d'apaiser les Ukrainiens qui disent toute leur confiance dans leur collaboration avec la Belgique.
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