Premier accord sur la prolongation du nucléaire
Premier accord sur la prolongation du nucléaire
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Le 18 mars dernier, le gouvernement De Croo s'est accordé pour prolonger de dix ans l'exploitation des deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge. Cette décision a été prise bien que l’exploitant français Engie ait fait savoir dès décembre 2020 qu’il était las d’attendre la décision gouvernementale et qu’il renonçait à investir les sommes nécessaires à la rénovation des unités concernées.
Des modalités à définir
Après des mois de négociations, un accord de principe vient toutefois d’être trouvé entre le gouvernement De Croo et Engie. De nombreuses modalités restent à définir mais, si tout va bien, les réacteurs Doel 4 (Anvers) et Tihange 3 (Huy) seront arrêtés en 2025 le temps de subir un lifting. Ils recommenceront à produire de l’électricité en 2026, pour s’arrêter définitivement en 2036. Ce n’est qu’à cette date que la Belgique abandonnera le nucléaire. En principe…
L’accord obtenu porte sur «l’approche future, le timing et le cadre des négociations» en vue d’un accord définitif. Beaucoup reste donc à faire. Engie parle d’ailleurs d’une prolongation «potentielle» des deux réacteurs et dit avoir signé avec l’Etat belge «une lettre d’intention non engageante». La négociation s’annonce encore longue. Elle pourrait toutefois aboutir à un accord définitif à la fin de l’année, accord qui sera soumis à la Commission européenne.
L’Etat belge et Engie doivent en outre s’entendre sur la gestion des déchets nucléaires.
Pour arriver à ce stade, les parties en présence ont dû mettre beaucoup d’eau dans leur vin. Il n’est plus question que l’un tire les marrons du feu nucléaire pendant que l’autre prend les coûts à sa charge. Engie précise que les deux réacteurs seront gérés par «une nouvelle entité dédiée aux deux unités avec une participation de l’Etat belge et d’Electrabel (filiale belge d’Engie, NDLR) à hauteur de 50/50».
L’Etat belge et Engie doivent en outre s’entendre sur la gestion des déchets nucléaires. Les coûts en «seront déterminés après une étude, à l’issue de laquelle les discussions s’engageront autour d’un cap et d’une prime de risque à définir», indique le cabinet De Croo. Engie attend pour sa part qu’un plafonnement de son intervention dans ces coûts soit fixé.
Quant au démantèlement, c’est Engie qui devra s’en charger après 2036, lorsque les deux derniers réacteurs du parc nucléaire belge s’éteindront. Mais d'ici là, beaucoup d’eau passera encore sous les ponts.
Les deux centrales au gaz fonctionneront pendant quinze ans, le temps que d'autres alternatives soient opérationnelles.
Grâce à la prolongation de Doel 4 et de Tihange 3, la Belgique pourra conserver la capacité de 2 GW d’électricité nucléaire qui risquait de lui manquer cruellement à moyen terme. Il faut rappeler ici que les écologistes, qui soutenaient mordicus la fin de l’atome en 2025, n’ont plié que sous la menace des pénuries d’énergie engendrées par le conflit russo-ukrainien. Ils ont obtenu en contrepartie que les cinq réacteurs les plus anciens soient éteints. Le premier d’entre eux - Doel 3 – sera définitivement mis à l’arrêt à la fin septembre. Les quatre autres suivront d’ici à 2025.
Construire deux centrales au gaz
Il reste à savoir comment la Belgique produira les autres gigawatts manquants, elle qui n’a pas été en mesure de développer suffisamment les alternatives renouvelables censées assurer son indépendance énergétique. La réponse passe par la construction de deux centrales au gaz côté wallon. Celles-ci fonctionneront pendant quinze ans, le temps que d'autres alternatives soient opérationnelles - dont l'extension de l'éolien en mer du Nord.
Engie a en partie la main sur le marché du gaz belge, mais encore faut-il qu’il reste rentable sachant que des unités nucléaires continueront à fonctionner pendant dix ans. Le gouvernement De Croo assure que ce sera bien le cas.
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