Nouvelle crise de l’accueil à Bruxelles
Nouvelle crise de l’accueil à Bruxelles
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Le répit aura été de courte durée. Depuis la mi-octobre, à Bruxelles, des demandeurs d'asile passent la nuit dehors faute de logements disponibles. En cause: un afflux important de Syriens, d'Afghans, d'Irakiens, venu s'ajouter aux Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays.
Mais ce n'est pas tout. Fedasil, l'agence fédérale qui veille à l'accueil des demandeurs de protection internationale, doit jongler avec une durée de traitement de dossiers qui court sur 15 à 18 mois en moyenne. Avec pour résultat que les places sont en permanence occupées en attendant une décision d'acceptation ou, au contraire, de refoulement.
À la faveur de la crise migratoire de 2015 à 2016, lorsque la guerre vidait la Syrie de ses habitants, la Belgique avait ouvert de nombreux centres afin d'accueillir le plus grand nombre. Depuis, ils ont été fermés, et les moyens manquent pour les rouvrir.
Faire des choix à cause de la saturation
Au cours des dernières semaines, il a fallu faire des choix parmi les candidats à un logement. La politique «les femmes et les enfants d'abord» a primé. Il reste que selon Fedasil la saturation est telle actuellement que même des personnes vulnérables, des mineurs ou des familles, ne trouvent plus de place. Des mineurs doivent dormir dans la rue.
L'alerte lancée par les associations d'aide aux migrants a fini par payer. Partiellement. Le gouvernement De Croo lance un plan d'aide afin de libérer davantage de places et rappelle quelque 150 agents pour veiller à l'accueil des demandeurs d'asile. Il est aussi question de rouvrir d'autres sites d'accueil.
Dans un premier temps, les familles et les mineurs non accompagnés ont été logés directement après s'être enregistrés à l'Office des étrangers. Les hommes seuls, par contre, n'ont toujours d'autre choix que de dormir à la rue.
Porter la capacité à 35.000 places
Ce n'est donc pas assez. La nouvelle secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration, la chrétienne-démocrate flamande Nicole de Moor, est mise sous pression par ses alliés gouvernementaux écologistes et socialistes. Idéalement, 4.000 places devraient être ouvertes dans le cadre d'un plan Hiver, ce qui porterait le total de la capacité d'accueil à 35.000 places.
Nicole de Moor préconise aussi l'ouverture d'un grand centre d'accueil des demandeurs pour faire face à la crise actuelle. Mais le gouvernement De Croo traîne des quatre fers et les organisations humanitaires volent à nouveau au secours de ceux qui restent à la rue.
Paradoxalement, dans ce dossier, c'est le bord chrétien-démocrate flamand qui prend parti pour les migrants par la voix de son président Sammy Mahdi. «Je ne comprends pas bien qu'il n'y ait pas d'unanimité alors que des enfants doivent potentiellement dormir dans la rue. Il faut intervenir rapidement», a-t-il expliqué sur les ondes de Radio 1. «Tous les partis doivent réaliser combien c'est important et j'espère qu'au sein du gouvernement fédéral, on va travailler dans les prochains jours pour faire ce qui est nécessaire, de manière à ce qu'aucun enfant ne doive encore dormir en rue». Mahdi plaide aussi pour une révision des règles européennes.
L'immigration est un thème sensible qui peut jouer des tours dans les urnes à ceux qui le portent haut. La gauche s'est plus d'une fois montrée gênée aux entournures quand il aurait fallu se montrer généreux vis-à-vis des migrants, a fortiori lorsque la crise économique frappe. En 2021, le socialiste Elio Di Rupo, ministre-président wallon lui-même issu de l'immigration italienne, avait toutefois rappelé que «ces êtres humains qui viennent dans nos pays, ne viennent ni pour le plaisir ni pour le soleil».
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