Mission prolongée pour Paul Magnette
Mission prolongée pour Paul Magnette
De notre correspondant, Max HELLEFF (Bruxelles) - Ce lundi, Paul Magnette a livré un bilan intermédiaire de la mission d’information que lui a confiée le roi Philippe il y a deux semaines. Le 6 novembre dernier, constatant l’échec des pourparlers menés par le nationaliste flamand Geert Bourgeois et le socialiste francophone Rudy Demotte, le souverain s’était tourné vers le président du PS.
Le roi avait demandé au patron des socialistes de partir à son tour en éclaireur. Objectif : identifier des convergences entre les partis et jeter les bases du futur gouvernement fédéral. Question : puisque les deux principaux partis du pays (la N-VA de Bart De Wever et le PS de Paul Magnette) ne veulent pas gouverner ensemble, qui est vraiment prêt à tenter l’aventure ?
Paul Magnette n’a pas apporté de réponse à cette interrogation ce lundi, loin s'en faut. Mais l'exercice mérite de toute évidence d'être réitéré puisque sa mission sera prolongée jusqu'au 25 novembre.
L’informateur royal s’est à nouveau dit optimiste quant aux chances de trouver des pistes susceptibles de mener à la formation d’un gouvernement. Des progrès, explique-t-il, ont été enregistrés lors des discussions avec les dix partis conviés à travailler sur des notes thématiques (pauvreté, immigration, justice…).
Rencontres dans la semaine
«Il existe un consensus particulièrement fort sur le refinancement de la justice et de la police», cite en exemple Paul Magnette. Celui-ci a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’équilibrer les finances du pays tout en investissant dans le développement durable.
Dans la semaine à venir, Paul Magnette va rencontrer les partenaires sociaux, les associations versées dans la lutte contre la pauvreté et les défenseurs de l’environnement. But : confronter les positions des partis avec la société civile. Puis, il fera à nouveau rapport au roi qui décidera - ou non - de prolonger sa mission.
Le sort délicat de la N-VA
L’informateur Magnette a recouru à une métaphore digne d’un architecte pour qualifier l’état d’avancement de ses travaux. «Nous avons un terrain. Il faut maintenant construire et consolider les fondations briques par briques. Avant de dresser l’édifice». Qui sera demain l'architecte du nouvel édifice gouvernemental belge? C'est évidemment la question.
Mise en difficulté lors des élections du 26 mai dernier (25% des suffrages contre 32% en 2014), la N-VA n’est pas mathématiquement incontournable dans le prochain gouvernement. En revanche, son exclusion serait mal comprise par l’opinion publique au nord du pays et mettrait les autres partis flamands gouvernementaux dans une position de soumission vis-à-vis de la minorité francophone.
L'opposé de Di Rupo
Pour l’instant, un homme tire les marrons du feu : Paul Magnette a indubitablement augmenté son capital sympathie en Flandre. Sa maîtrise du néerlandais et son flegme y sont pour beaucoup. Mais la Flandre, estime plus d’un observateur, se méfie aussi des positions très à gauche de l’ex-professeur de sciences politiques. On n’y a pas oublié le combat mené en tant que ministre-président wallon contre le Ceta, le traité de libre-échange Union européenne-Canada.
Magnette fait figure d’homme de convictions là où son prédécesseur Elio Di Rupo était passé maître dans le compromis. Or, on sait à quel point les petits arrangements font le lit de la politique belge.
Paul Magnette n'a de surcroît pas toutes les cartes en main. Lundi, les chrétiens-démocrates flamands du CD&V ne sont pas parvenus à désigner un successeur au président sortant Wouter Beke. Un second tour doit être organisé. Des intentions du gagnant dépendra en partie la suite des opérations.
