Magnette et De Wever ont jeté l’éponge
Magnette et De Wever ont jeté l’éponge
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Il n’y a pas eu de surprise. Lundi, peu avant midi, Paul Magnette et Bart De Wever ont présenté leur démission au roi Philippe. Les présidents respectifs du PS francophone et de la N-VA nationaliste flamande n’ont pu rassembler suffisamment de partis politiques autour de leur projet pour obtenir une majorité parlementaire. Le souverain tient toutefois sa décision en délibéré. Il entame parallèlement des consultations avec les présidents des formations ayant été impliquées dans les discussions après les élections, a fait savoir le Palais. C’est-à-dire à peu près tout le monde, sauf les extrêmes.
A ce stade, le roi a le choix entre deux options. Soit pousser les deux préformateurs à poursuivre leur travail malgré leur aveu d’échec, ce qui paraît peu crédible. Soit désigner une personnalité politique qui aurait à son tour la délicate mission de créer le consensus pour former le gouvernement attendu depuis les élections du 26 mai 2019.
Mais dans ce cas qui choisir? Les libéraux se sont essayés à l’exercice, en juillet dernier, avant d’être débarqués par le duo Magnette-De Wever. Le choix des Verts constituerait quant à lui une démarche originale, les écologistes n’ayant jamais tenu un tel rôle à ce jour.
A moins évidemment que dans une tradition typiquement belge du consensus, les deux solutions soient mixées en une seule. Un écologiste pourrait former un duo avec un libéral. Après tout, c’est une alliance improbable entre les Verts et les Bleus qui, en fin de semaine dernière, a conduit Paul Magnette et Bart De Wever à constater la faillite de leur mission.
Retour donc à la case départ. Dans moins de trois mois, la Belgique aura battu son record historique des 541 jours sans exécutif de plein droit. En 2010-2011, c’est en effet le temps qu’il avait fallu à Elio Di Rupo pour former son «gouvernement papillon». Le socialiste n’avait réussi à tenir à l’écart la N-VA de Bart De Wever qu’au prix d’une sixième réforme de l’Etat synonyme de régionalisation accrue.
Depuis, Albert II (qui était encore chef de l’Etat) a été pointé du doigt pour son rôle resté flou dans les négociations. «Je pense que le roi a fait tout son possible en 2010 pour me rendre la tâche difficile, devait déclarer Bart de Wever en 2016. Nous étions de loin le plus grand parti mais aussi celui auquel on a laissé le moins d'initiative». Rien de semblable ne serait constaté aujourd’hui même si, selon certaines indiscrétions, les conseillers royaux auraient demandé à Philippe de faire part de sa mauvaise humeur pour faire monter la pression.
Une «éminence grise»
De leur côté, les milieux économiques ne cachent pas leur impatience. Pieter Timmermans, le patron de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), met en garde: «Nous allons perdre 10% de notre prospérité et avoir 150.000 à 200.000 chômeurs de plus». Plutôt qu’un retour aux urnes, il souhaite qu’une «éminence grise» consulte les ténors politiques, la Banque nationale, le Bureau du plan et les partenaires sociaux. «Il ou elle doit faire le point sur les besoins dans les domaines socio-économique, écologique et numérique puis trouver qui se montre prêt à embarquer.»
Reste à voir si ce recours à une personnalité extérieure ne reviendrait pas à constater la «délégitimation de la classe politique» évoquée lundi par Le Soir. En Flandre, De Standaard donne dans le même temps la parole au libéral Egbert Lachaert, lequel s’attend à des élections en 2021. Le record des 541 jours serait alors largement battu.
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