Les universités belges pointées pour sexisme ordinaire
Les universités belges pointées pour sexisme ordinaire
Sexisme, harcèlement, attouchements: les échos de violences psychiques et sexuelles se multiplient sur les campus universitaires belges.
La dernière affaire en date met en cause un professeur de la faculté de droit de l’UCLouvain, sise à Louvain-la-Neuve. Selon une ancienne déléguée de cours, l’académique se serait livré régulièrement à des commentaires sur le physique de ses étudiantes. Le Soir énonce une série de témoignages où le même professeur est pointé du doigt par d’ex-étudiantes qui disent avoir subi ses commentaires machistes sur leur physique et leur tenue vestimentaire. «Sexy, sensuelle…»
Le professeur concerné n’a pas été écarté, mais il a été prié de tenir ses distances.
«Affaire classée?» interroge Le Soir. Non. Car récemment, ce dossier est remonté en haut de la pile du nouveau doyen de la faculté, Bernard Dubuisson. «Il faut dire que le sujet de la persistance des violences sexuelles au sein de la communauté universitaire est devenu brûlant depuis quelques mois.» Pour les autorités facultaires, il s’agirait cette fois d’ouvrir un dossier disciplinaire en bonne et due forme contre l'enseignant, avec une sanction possible «qui irait du blâme à l’exclusion définitive».
Atmosphère tendue au sein de l’UCLouvain
Ce nouveau dossier alourdit un peu plus l’atmosphère au sein de l’UCLouvain, une université multiséculaire de réputation internationale. Sa faculté de droit serait, relaye la presse, le lieu d’un machisme ordinaire, couvert par l’omerta. Si on n’approuve pas, on ne dénonce pas pour autant… Le doyennat de la fac réagit en annonçant une «tolérance zéro».
De son côté, le rectorat de l’université invite les victimes à se signaler auprès de la cellule de lutte contre les violences sexuelles (Together), laquelle a recueilli en 2021 une vingtaine de cas de harcèlement – l’UCLouvain compte quelque 33.500 étudiants et étudiantes. L’Institut pour l’Egalité des femmes et des hommes (IEFH) fait part de son côté de quatre signalements reçus au cours de la même année. Le rectorat a également lancé un programme baptisé «Respect» en promettant d’engager des réformes structurelles.
Beaucoup d'affaires dans le sillage de «Me Too»
D’autres affaires du genre ont secoué ces dernières années les universités belges, francophones et flamandes, à la faveur du mouvement «Me Too». En février dernier, une centaine de professeurs, scientifiques, membres du personnel administratif et technique de toutes les universités francophones demandaient de s’attaquer aux fondements du sexisme ordinaire sur les campus.
Leur lettre ouverte faisait suite au licenciement d’un professeur par la Vrije Universiteit Brussel (VUB), côté flamand donc. L’enseignant avait été viré à la suite de comportements transgressifs, d’intimidations et d’abus de pouvoir. D'autres universités flamandes ont été éclaboussées par des polémiques semblables.
Jean-Pascal van Ypersele en guerre contre «l’inertie de la hiérarchie universitaire»
Côté francophone, c’est le climatologue Jean-Pascal van Ypersele (UCLouvain), un ex-vice-président du Giec, qui est parti en guerre contre «l’inertie de la hiérarchie universitaire» face à des cas de «tentatives de viol» et de «baisers forcés dans des couloirs par des personnes en position d’autorité».
Les universités belges sont ainsi contraintes de balayer devant leurs portes. La chasse au sexisme ne se limite pas aux relations entre étudiant(e)s et enseignants, mais concerne aussi la structuration d’un milieu qui fait trop souvent des hommes des professeurs, et des femmes des assistantes. Même le folklore est prié de se mettre à la page. Les chants estudiantins paillards seront probablement condamnés demain à l’enfer des bibliothèques.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
