Les universités belges fermes face au harcèlement
Les universités belges fermes face au harcèlement
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Il est impossible de mettre un chiffre sur les agressions sexuelles qui ont lieu sur les campus universitaires belges. Régulièrement toutefois, la presse se fait l’écho de certains faits, car ils ont conduit la victime présumée à déposer plainte.
En 2019, une étude menée à l’ULiège avait conclu qu’un étudiant sur six avait déjà subi une pénétration ou un préliminaire non consenti. L’agression avait souvent eu lieu dans un contexte alcoolisé. L’agresseur était la plupart du temps connu, voire très proche de sa victime. A défaut de témoins, l’affaire en restait souvent là...
Mais #Me Too est passé par là, et les revendications féministes ont connu une ampleur qui a parfois pris de court les autorités académiques. A Louvain-la-Neuve, le collectif La Meute a lancé un #LouvainLePorc qui a fait beaucoup parler de lui. Objectif pleinement rempli puisqu'il s’agissait de ''visibiliser'' la problématique du harcèlement tout en permettant aux victimes de s’exprimer anonymement. D'autres plateformes ont mené leur combat sur différents campus.
Les universités refusent cependant d’être montrées du doigt. A plusieurs reprises, rappellent-elles, elles ont pris des initiatives. L’Université Libre de Bruxelles (ULB) a ainsi ouvert un centre d’accompagnement et de soutien pour les étudiants victimes de harcèlement après une affaire qui a ébranlé sa faculté de dentisterie. L’UCLouvain a renforcé son dispositif harcèlement, moyennant «un réseau de personnes de confiance ainsi qu’une cellule centrale d’aide et d’accompagnement spécialisée liée au Service d’aide aux étudiants et étudiantes de l’université».
Cela n'a visiblement pas suffi. A l’occasion de cette rentrée académique, «les six universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont saisi le problème à bras-le-corps», explique Le Soir.
Concrètement, on note à l’UCLouvain de nouvelles initiatives visant à sensibiliser à la problématique du harcèlement et des agressions sexuelles : formation en ligne ou en présentiel, informations aux nouveaux inscrits, podcast, etc. «Dans un premier temps, détaille au quotidien bruxellois la conseillère chargée du genre, le rôle des intervenants est d’écouter toutes les demandes. Ils peuvent, dans un second temps et uniquement à la demande de la victime, aider cette dernière à constituer le dépôt d’une plainte formelle.» A la justice d’instruire ensuite l’affaire. Coût du dispositif pour 2021-2022 : 200.000 euros.
Des mesures disparates
De son côté, l’ULB renforce sa cellule «Cash-e» sur ses campus bruxellois (Erasme et Solbosch). Une commission de réflexion sur la problématique des violences sexistes et sexuelles y est composée pour moitié d’étudiants. A l’UMons, deux étudiants par faculté seront formés à faire face aux situations sensibles. L’UNamur a mis en place, pour la rentrée, un guichet pour lutter contre le harcèlement et les faits de violence…
Cette énumération montre qu’il y a bien une prise de conscience sur les campus, mais aussi que les solutions restent disparates et limitées. D'où la demande émanant de plusieurs instances d’adopter un cadre légal spécifique qui améliorerait la gestion du harcèlement et de ses conséquences. Pour l’instant, la ministre francophone de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, rappelle les dispositifs légaux existants.
Plusieurs partis francophones ont de leur côté déposé un projet de résolution pour aller plus avant dans la lutte contre le harcèlement dans le supérieur et l'universitaire.
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